Texte : Jean ii Riolan
Première Responsio (1652) aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1651).
2. Critique des chapitres i‑v
des Experimenta nova anatomica

Note [2]

En inversant les mérites des musiciens, Jean ii Riolan résumait le début du chapitre i, livre ii de la Métaphysique d’Aristote : {a}

« La science qui a pour objet la vérité, est difficile sous un point de vue, facile sous un autre. Ce qui le témoigne, c’est qu’il est impossible que personne atteigne complètement la vérité, et que tout le monde la manque complètement. Chaque philosophe explique quelque secret de la nature. Ce que chacun en particulier ajoute à la connaissance de la vérité n’est rien sans doute ou n’est que peu de chose ; mais la réunion de toutes les idées présente d’importants résultats. De sorte qu’il en est ici, ce nous semble, comme de ce que nous disons dans le proverbe : “ Qui ne mettrait pas la flèche dans une porte ? ” {b} Considérée ainsi, cette science est chose facile. Mais l’impossibilité d’une possession complète de la vérité, dans son ensemble et dans ses parties, montre tout ce qu’il y a de difficile dans la recherche dont il s’agit. Cette difficulté est double. Toutefois, elle a peut-être sa cause non pas dans les choses, mais dans nous-mêmes. En effet, de même que les yeux des chauves-souris sont offusqués par la lumière du jour, de même l’intelligence de notre âme est offusquée par les choses qui portent en elles la plus éclatante évidence. Il est donc juste d’avoir de la reconnaissance non seulement pour ceux dont on partage les opinions, mais pour ceux-là mêmes qui ont traité les questions d’une manière un peu superficielle, car eux aussi ont contribué pour leur part. Ce sont eux qui ont préparé par leurs travaux l’état actuel de la science. Si Timothée n’avait point existé, nous n’aurions pas toutes ces belles mélodies ; mais s’il n’y avait point eu de Phrynis, il n’eût point existé de Timothée. » {c}


  1. traduction d’Alexis Pierron et Charles Zevort (1840).

  2. Quel archer serait assez maladroit pour manquer la porte qu’il vise ?

  3. Aristote tenait Phrynis, natif de Lesbos à la fin du ve s. av. J.‑C. pour l’inventeur de la musique. Son contemporain Timothée, natif de Milet, l’aurait surpassé dans l’art de la mélodie, mais Riolan prenait l’un pour l’autre.


Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean ii Riolan
Première Responsio (1652) aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1651).
2. Critique des chapitres i‑v
des Experimenta nova anatomica, note 2.

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(Consulté le 08/12/2025)

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