Note [23]
« et “ on ne compte pas les années de la vieillesse, qui vit pour souffrir ”, dit Pline ; {a} Cicéron, après Euripide, appelle la vieillesse “ un poids plus lourd que celui de l’Etna ”, {b} où souvent l’esprit chancelle comme l’habitant d’“ un édifice vermoulu et prêt à s’écrouler. ” » {c}
Incertum ac fragile nimium est hoc munus naturæ, quidquid datur nobis : malignum vero et breve etiam in his, quibus largissime contigit, universum utique ævi tempus intuentibus. Quid quod æstimatione nocturnæ quietis, simidio quisque spatio vitæ suæ vivit ? Pars æqua morti similis exigitur, aut pœnæ, nisi contigit quies. Nec reputantur infantiæ anni, qui sensu carent : non senectæ, in pœnam vivacis.« La vie, ce présent de la nature, quel qu’il soit, n’est que trop incertaine et fragile ; et même elle est accordée d’une main avare à ceux qui en jouissent le plus longtemps, si on considère l’éternité. Évaluons aussi le repos de la nuit, et nous verrons que chacun ne vit que la moitié du temps de sa vie ; l’autre moitié se passe dans un état semblable à la mort, ou dans le tourment, si le sommeil ne vient pas. On ne compte pas non plus les années de l’enfance, qui ne se connaît pas, < ni > de la vieillesse, qui vit pour souffrir. »
Tum vel maxime quod numquam tibi senectutem gravem esse senserim, quae plerisque senibus sic odiosa est, ut onus se Ætna grauius dicant sustinere.[Jamais je n’ai le sentiment que la vieillesse te pèse, alors qu’elle est si odieuse à la plupart des vieillards qu’à les entendre, on les croirait accablés sous un poids plus lourd que celui de l’Etna].
Euripide (v. note Patin 16/0290), Hercule furieux, chœur, vers 637‑639 :
« La jeunesse me charme, mais la vieillesse, fardeau toujours plus lourd que les rochers de l’Etna, pèse sur ma tête et étend sur mes paupières un voile ténébreux. »
Non relinquam senectutem, si me totum mihi reservabit ; totum autem ab illa parte meliore ; at, si cœperit concutere mentem, si partes ejus convellere ; si mihi non vitam reliquerit, sed animam ; prosiliam ex ædificio putrido ac ruenti.[Je ne renoncerai pas à la vieillesse, si elle me laisse la jouissance entière de moi-même, c’est-à-dire de la meilleure partie de mon être ; mais si elle vient à ébranler mon âme et à en troubler les fonctions, si au lieu de la vie, elle ne me laisse plus que le souffle, je déserterai un édifice vermoulu et prêt à s’écrouler]. {i}
- V. note Patin 51/8208, pour les avis partagés sur la mort volontaire (suicide), dont celui favorable des stoïciens (comme Sénèque).
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.