Texte : Lettres de soutien
adressées à Jean Pecquet :
Jacques Mentel (1651,
modifiée en 1654)

Note [33]

« le foie est le premier organe de la sanguification et l’origine des veines […] ».

Aucune de ces deux citations ne se lit mot à mot dans Galien, mais elles renvoient au chapitre xii livre iv de L’utilité des parties du corps (Daremberg, pages 304‑307). {a} La première y est assénée quatre fois, dont une dans ce passage que résume la seconde citation (pages 305‑306) :

« Il ne reste donc que la chair du foie, autrement dit la substance même du viscère, qu’on puisse regarder comme le premier organe de la sanguification et le principe des veines. En examinant sa nature, on voit manifestement qu’elle est analogue à celle du sang. Si vous représentez du sang desséché et épaissi par la chaleur, vous ne verrez rien autre chose se produire que la chair du foie. L’état des parties vient encore à l’appui de ce fait souvent démontré dans d’autres écrits, à savoir que chacune des parties qui altèrent l’aliment a pour but et pour fin de s’assimiler l’élément altéré. – Si vous figurez le liquide {b} pris à l’estomac, modifié par la chair du foie, et transformé rapidement en sa propre nature, vous le trouverez nécessairement plus épais et plus rouge qu’il ne doit être quand il n’a pas encore été complètement assimilé à la substance du foie. En effet, j’ai aussi prouvé qu’aucune chose ne peut prendre des qualités opposées, du moins très différentes, sans avoir d’abord passé par les degrés intermédiaires. Si donc la chair du foie a pour but d’assimiler la nourriture, cette assimilation ne pouvant s’opérer rapidement, le sang constituera l’intermédiaire, et sera autant inférieur à la chair du foie qu’il est supérieur à l’humeur {c} élaborée dans l’estomac. » {d}


  1. Le texte grec en est transcrit et traduit en latin dans Kühn, volume 3, pages 296‑300.

  2. Parenthèse de Daremberg : χυλον [chyle], qui correspond aujourd’hui au premier chyme que l’intestin grêle va transformer en chyle proprement dit.

  3. Parenthèse de Daremberg : χυμος [chyme], proprement dit.

La physiologie moderne a donné en très grande partie raison à Galien (suivi par Jean ii Riolan et tous les dogmatiques de son siècle et leurs prédécesseurs), et tort à Aristote (suivi par Jean Pecquet, Mentel ou Thomas Bartholin).


Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Lettres de soutien
adressées à Jean Pecquet :
Jacques Mentel (1651,
modifiée en 1654), note 33.

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(Consulté le 10/12/2025)

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