Texte : Jean Pecquet
Experimenta nova anatomica (1651)
Chapitre ii
Note [4]
Sanie, {a} sanies en latin (Furetière) :
« humidité subtile et aqueuse contenue dans les veines parmi les humeurs, qui sort des ulcères malins et qui exsude des corps morts. Galien la compare au lait clair, et elle est différente du pus qui est plus épais et blanc. {b} Les Grecs l’appellent ichor, au lieu que le pus, ils l’appellent pyon. Les Latins l’appellent virus quand la matière est épaisse et gluante. L’ulcère prêt à guérir rend le pus ; celui qui commence jette la sanie, qui est une matière crue et indigeste ; {c} l’ulcère malin pleure le virus. »
- Ce mot a presque disparu de la langue médicale moderne, qui parle plutôt de sérosité.
- pus : « humeur putride, blanche et épaisse, une boue faite de sang corrompu qui sort d’une plaie qu’on ouvre, d’une apostume [un abcès] qui crève. Il a crevé quelque abcès dans son corps, il jette le pus par la bouche. Il faut tenir une plaie ouverte, tant qu’elle suppure, tant qu’elle jette du pus, de peur d’enfermer le loup dans la bergerie » (ibid.).
- Non digérée (non « cuite »).
Les premiers observateurs du chyle ont souvent été frappés, comme Jean Pecquet, par sa ressemblance avec du pus (v. note [8], lettres de William Harvey sur le chyle).
Pecquet laisse ici au lecteur le soin de deviner le dessein précis qu’il avait en opérant de la sorte : ce pouvait être pour prolonger les observations de Gaspare Aselli et de Jacques Mentel sur le chyle mésentérique, mais la Dissertatio sur la circulation du sang, qui suit ses expériences sur la voie nouvelle du chyle, incite plutôt à penser que Pecquet cherchait à comprendre les forces qui poussent le sang veineux à remonter vers le cœur, et que le hasard a voulu qu’il dissèque un chien qui avait bien mangé quelques heures avant d’être ouvert.
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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