Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre ii

Note [4]

Une note marginale d’Hyginus Thalassius renvoie à la Ioannis Riolani Responsio ad Harvei primam exercitationem anatomicam de Circulations Sanguinis (Paris, 1652), chapitre xi et dernier, Conclusio Operis, cum actione gratiarum ad Harveum [Conclusion de l’ouvrage, avec remerciements à Harvey], pages 55‑56 :

Expectauit Harvevs Athletam versatum in Anatomicis et Professorem, cum quo ipsemet Professor rei Anatomicæ disputaret. Sic Alexander Magnus noluit in arenam descendere ad pugnandum, nisi cum Regibus ; nunc siue Victus, siue Victor discendam à certamine, gloriabor de Circulatione Sanguinis disputasse contra Harvevm, Inventorem, et Authorem Circulationis, necessariæ ad vitæ conseruationem. Trophæum ferre me à forti viro pulchrum est ; sin autem et vincar, vinci à tali, nullum est probum, inquiebat atticus antiquus poëta. Vnicuique grata est sua sponsa, tibi tua, mihi mea ; Sed iudicium penes Lectorem erit in Anatomicis eruditum. Interea lubenter dissimulabo cauillationes tuas, ab amico forsan irritato effutitas, quid enim aliud laudare et lædere, quàm fumum dare naribus, et thuribulo ipsas offendere ; fascinatio est laudentis, simulque imprecantis. Itaque præfiscine dicam,

Quod si ultra placitum laudaris, Bacchare frontem
Cingito, ne Medico noceat mala lingua.

[Harvey attendait qu’un athlète de poids, qui enseignait l’anatomie, débattît avec lui car lui-même professe cette matière : ainsi Alexandre le Grand n’a-t-il voulu descendre dans l’arène que pour se battre contre un roi. {a} Que je sorte vainqueur ou vaincu de ce duel, je me glorifierai d’avoir argumenté contre Harvey, qui a découvert la circulation et écrit qu’elle était nécessaire au maintien de la vie. Trophæum ferre me à forti viro pulchrum est ; sin autem et vincar, vinci à tali, nullum est probum, {b} disait un ancien poète grec. Chacun chérit sa fiancée, vous la vôtre, moi la mienne ; mais en anatomie le jugement appartiendra au lecteur averti. Cela dit, je tairai volontiers les railleries que vous avez amicalement répandues contre moi, peut-être sous l’effet de la colère, car louer et blesser n’est rien d’autre que jeter de la fumée par le nez et se battre à coups d’encensoir ; il y a autant de charme à flatter qu’à maudire. Aussi dirai-je, sans vouloir offenser personne :

Quod si ultra placitum laudaris, Bacchare frontem
Cingito, ne Medico noceat mala lingua
.] {c}


  1. Selon certains récits, Alexandre le Grand (vnote Patin 21/197) aurait lui-même tué le roi de Perse Darius iii après l’avoir vaincu à la bataille de Gaugamèles (330 av. J.‑C.).

  2. Ce sont deux vers du tragédien latin (et non grec) Lucius Accius du iieier s. av. J.‑C., que Macrobe a rapportés (Saturnales, livre vi, i) :

    Accius in Armorum iudicio,

    “ Nam tropaeum ferre me a forti viro
    Pulchrum est : si autem vincar, vinci a tali nullum est probrum. ”

    [Accius, dans Le Jugement des armes :

    « Il serait beau pour moi de gagner un trophée sur un homme courageux ; mais si je suis vaincu, je n’aurai pas de honte à l’être par un homme de sa valeur. »]

  3. « Si vous me louez à m’en dégoûter, couronnez-moi alors de baccar {i} pour que sa langue venimeuse ne nuise pas au médecin que je suis » : imitation de Virgile, Bucoliques, vii, vers 27‑28. {ii}.

    1. Plante antique sur laquelle Jean-Baptiste Du Molin a copieusement glosé (Flore poétique ancienne de, Paris, 1856, pages 193‑204) : dans la circonstance, elle « dégageait un parfum propre à détourner les maléfices ». Vigile a néanmoins pu simplement recourir à baccar pour ne pas répéter hereda (lierre, dont on tresse des couronnes de gloire), qu’il avait employé deux vers plus haut.

    2. Avec remplacement de ne vati noceat mala lingua futuro [pour garantir un futur poète de sa langue venimeuse] par ne medico noceat mala lingua : Virgile, « futur poète », s’adressait au jaloux Codrus ; Riolan, médecin, s’adressait à Harvey.


Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Hyginus Thalassius (1654)
alias Pierre De Mercenne,
Brevis Destructio de la
première Responsio (1652)
de Jean ii Riolan (1654) :
chapitre ii, note 4.

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(Consulté le 08/12/2025)

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