Note [8]
Sans prendre la peine de le dire, Jean ii Riolan parle ici de la confluence entre les canaux thoraciques et les veines de la base du cou. {a} Sous la plume de Jean Pecquet, le mot « gouffre », gurgitem, figure dans l’antépénultième paragraphe du chapitre ii des Experimenta nova anatomica (page 6) :
Εκβολας noto pronas oculis, et spectantibus manifestas scaturigines ; foraminula scilicet, paulò infra Iugulares venas, et axillarium cataractas, numerosis ostiolis hiscentia. Sed et Iugularium illic valvulas observo ruituro in cordis gurgitem Chylo faciles ascensu penitus interdicere.« Mes yeux contemplaient le jaillissement d’authentiques torrents, issus de nombreux petits pertuis dont les orifices sont situés un peu sous l’abouchement des veines jugulaires dans les veines axillaires. {b} En outre, à cet endroit, j’observai la présence de valvules jugulaires disposées pour faciliter la ruée du chyle dans le gouffre du cœur et lui interdire entièrement de monter vers le cou. »
- La « vaste ouverture » (amplus hiatus) me semble désigner l’orifice atrioventriculaire (tricuspide) droit.
- En anatomie humaine, les deux veines jugulaires, externe et interne, s’abouchent séparément dans les subclavières et leurs terminaisons sont toutes deux valvulées. Chez le chien, la jugulaire externe est largement dominante, et c’est elle (CC) qui est représentée, avec sa valvule, dans la première figure de Jean Pecquet (en estimant évident qu’il s’agit de l’externe). Riolan faisait doublement preuve de mauvaise foi.
V. note Patin 18/192 pour l’idée que Riolan se faisait de la circulation du sang, dont le sens s’inversait plusieurs fois par jour dans les veines (centripète et centrifuge, en alternance), en particulier dans le réseau de la veine porte.
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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