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Le portrait de Jean Riolan, [2] fidèlement dessiné, est placé en tête du Livre, [1] non pas comme un alexipharmaque, [2][3] ou comme une tête de Méduse, [4] ou quelque inutile épouvantail à moineaux tel qu’on a coutume d’en planter dans un champ qu’on a semé, mais pour bien montrer à mes adversaires, et à mes lecteurs, que mon visage n’est pas aussi difforme et horrible qu’on le dépeint, rongé de rides en un corps sénile qui a un pied dans la tombe, comme on dit d’un cadavre ambulant, dont l’intelligence va s’émoussant et vacillant. Ce nouveau livre pourra témoigner du génie anatomique qui me reste, où que j’en sois dans cette science et à mon âge avancé, tout comme le montrera aussi mon Encheiridium anatomicum, augmenté d’une quatrième partie, qui paraîtra bientôt après. [3][5] Je dis donc hardiment et audacieusement de moi que [Seconde page | LAT | IMG]Non sum adeo informis, nuper me in littore vidi
Cum placidum ventis staret mare : non ego ternis
Hostibus offensus timeo, nec fallit imago. [4][6]Je ne doute pas que mes adversaires veuillent souiller mon portrait en s’en torchant le cul, à la manière dont Zoïle [7] flagella la statue d’Homère, [8] comme on lit dans Galien ; [5][9] mais j’imiterai, quant à moi, l’astuce de celui qui, voulant capturer dans ses filets un léopard, lui fait voir sur un papier l’effigie d’un être humain (à qui ce très cruel animal veut naturellement du mal) ; alors le fauve stupide le mord et met en pièces, et le chasseur tapi derrière le tableau se rit de la sottise de l’animal et l’étouffe.
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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