En 1651, Jean ii Riolan, [1] (Paris 1580-ibid. 1657), fils unique de Jean i Riolan, [1][2] parvenait au terme d’une brillante carrière : docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1604, il en était le vénérable ancien depuis 1649 ; [2][3] titulaire de la chaire d’anatomie, botanique et pharmacie au Collège de France depuis la même année 1604, il était parvenu au titre de doyen des professeurs royaux ; [3][4] ses ouvrages d’anatomie avaient connu un très grand succès et assuré son rayonnement dans l’Europe entière, qui le faisait considérer comme « le prince des anatomistes » (Princeps Anatomicorum). [4]

Sa santé déclinait et il ruminait deux échecs : n’avoir ni fils ni gendre qui soit devenu médecin, et n’avoir pas retrouvé de rang à la cour après avoir été archiatre (premier médecin) de la reine Marie de Médicis. [5][5] Avec son goût très marqué pour la polémique, qui l’avait entre autres conduit à défendre obstinément un autre mouvement du sang que la circulation de William Harvey, [6] Riolan ne pouvait que s’insurger violemment contre Jean Pecquet, philiatre de « sa Faculté », âgé de 29 ans, qui, sans même en avoir ouvertement discuté avec son tout-puissant maître, mettait brillamment au jour la voie du chyle en se permettant effrontément (et à tort) d’ôter au foie sa suprématie dans la sanguification pour en mettre la couronne sur la tête du cœur. [7][8]

Riolan a été le plus prolifique opposant de Pecquet et des « pecquétiens », [6] mais dans un regrettable torrent d’insultes réciproques, et il a fallu deux siècles pour que les progrès de la médecine finissent par ne pas donner tort à Riolan. [7][9] Néanmoins, toutes les histoires du chyle que j’ai consultées l’ont présenté comme l’arrogant et détestable tyran qui a martyrisé Pecquet.