Texte : Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli
(1651)
Chapitre xi, note 1.
Note [1]

Jean Pecquet était fidèle aux idées simplistes qu’on se faisait de la digestion ou coction des aliments, comme en attestent les définitions données par Furetière, à partir des ouvrages anatomiques du xviie s.

  • Estomac ou ventricule (« petit ventre ») :

    « organe creux, rond et membraneux, destiné à recevoir les viandes, et pour faire le chyle. Il est longuet comme une citrouille, ou cornemuse de berger. Sa situation est en l’épigastre, et il penche plus du côté gauche que du droit. Sa substance est membraneuse, composée de trois tuniques, {a} de veines, d’artères et de nerfs. On y voit les trois sortes de fibres. Il est lié au diaphragme par en haut, à la coiffe {b} par en bas, au dos par derrière, au duodénum par le côté droit, et à la rate par le gauche. […] Son orifice supérieur s’appelle stomachos, car stoma signifie autant que “ bouche ”. Les anciens Grecs l’ont appelé kardia ou “ cœur ”, d’où vient qu’on appelle encore les maux d’estomac qui font vomir, “ maux de cœur ”. L’orifice inférieur de l’estomac s’appelle pylore, c’est-à-dire “ portier ”. L’orifice supérieur est situé au côté gauche et l’inférieur au côté droit. » {c}
  • Intestins :

    « c’est ce que le peuple appelle boyau, qui est un corps long, rond et creux qui va depuis le ventricule jusqu’au bout de l’anus, qui est tortillé en divers plis, tours et retours. Les intestins servent à digérer, à purifier, à distribuer le chyle au foie, {d} et à vider les excréments. C’est une substance charnue en dedans et membraneuse par dehors, couverte de trois tuniques, {a} qui a une infinité de veines, d’artères, de nerfs et de filaments. Les intestins ont plusieurs feuillets en dedans et en travers qui retiennent le chyle, pour achever de le cuire, et de le convertir en une humeur blanche qu’ils expriment à plusieurs reprises, lorsque par la respiration toutes les entrailles sont remuées, et que les veines mésaraïques {e} le sucent. Les intestins ont sept fois la hauteur d’un homme ou, selon Hippocrate, treize coudées. L’intestin, quoique continu, se divise en six : duodénum, jéjunum, iléon, cæcum, côlon et rectum, qui seront expliqués à leur ordre. Les trois premiers s’appellent les intestins grêles et les trois derniers, les gros intestins. Les médecins les appellent en latin intestina et en grec entera, et vulgairement chordæ ; de là vient qu’on appelle de ce nom les cordes de luth, parce qu’elles sont faites de boyaux desséchés. »


    1. Ce sont, de dedans en dehors, la muqueuse, la musculeuse et la séreuse (péritonéale).

    2. Grand épiploon.

    3. L’estomac était censé assurer l’essentiel de la coction, qui aboutissait à la formation du chyme (v. infra note [7]) qu’absorbait l’intestin grêle, à qui la médecine moderne confère, grâce à ses annexes (pancréas et vésicule biliaire), un rôle beaucoup plus important dans la digestion et l’absorption des composants alimentaires (eau, glucides, protides, lipides).

    4. Le chyle était abusivement tenu pour la totalité de la substance nutritive contenue dans les aliments, et non pas pour sa seule portion graisseuse (v. infra note [22]). Cette dernière suit le trajet décrit par Jean Pecquet pour gagner le cœur sans passer par le foie, mais le reste (protides et glucides) gagne le foie par la veine porte.

    5. Veines sanguines mésentériques.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli
(1651)
Chapitre xi, note 1.

Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=0031&cln=1

(Consulté le 10/12/2025)

Licence Creative Commons