Jean Pecquet citait fidèlement mais développait hardiment ce que Jean ii Riolan a écrit dans son Manuel anatomique et pathologique {a} au sujet de la pleurésie : {b}
« Quand il y a une inflammation en la plèvre, jointe à une fièvre continue, une douleur piquante de côté, avec toux, le mal s’appelle pleurésie, que beaucoup de Modernes ne croient pas pouvoir durer longtemps seule, sans que l’humeur se communique aux poumons, qui souvent sont attachés à la plèvre ; et même que l’humeur quitte la plèvre pour passer aux poumons, où elle engendre la péripneumonie. […]
Souvent les poumons en l’un des deux côtés, et parfois en tous les deux, se trouvent attachés à la membrane qui enveloppe les côtes ; {c} ou bien, encore qu’ils ne soient pas attachés, lorsque l’inflammation vient à occuper le côté, cette petite membrane étant arrosée et abreuvée de la quantité d’humeurs qu’elle attire, il en sort une sérosité fort gluante par le moyen de laquelle les poumons, qui emplissent toute la cavité quand ils s’enflent en la respiration, s’attachent facilement à la plèvre, laquelle attache se rend plus ferme par la chaleur de la fièvre, qui dessèche puissamment l’humeur et colle ces parties ensemble, sans que le mouvement continuel des poumons les puisse détacher, d’autant que le malade, sentant une violente douleur en son côté et craignant qu’elle ne s’augmente en respirant trop fort, il tire seulement son haleine petit à petit, ce qui fait que le poumon a plus de facilité à s’attacher aux côtes ; et alors la pleurésie se change en péripneumonie, où ces deux maux se rencontrent ensemble ; d’où il arrive que l’humeur se vide facilement par les crachats, qui sont au commencement sanglants, à cause de l’excoriation, tant de la plèvre que de la membrane des poumons. Ensuite, le reste de la matière se vide, et vient < pour > partie du côté où elle était au commencement amassée, < et pour > partie des poumons, où il se trouve beaucoup d’excréments, du reste du sang qui sert à les nourrir, les impuretés mêmes de toute la masse du sang pouvant se vider par ce moyen ; parce que tout le sang, agité de son mouvement circulaire par tout le corps, passe de temps en temps par les poumons {d} qui, à cause de leur substance spongieuse, attirent à eux toute l’impureté et, l’ayant épaissie, la rejettent par les crachats ; ce qui fait que l’on crache en toussant une si prodigieuse quantité d’humeur bilieuse et pituiteuse.
Que s’il arrive que le poumon ne soit point attaché à la plèvre, cette humeur séreuse ou purulente s’épanche dans la poitrine, étant difficilement attirée par les poumons ; ce qui donne origine à l’empyème. Et si cette matière ne se vide d’elle-même, il faut venir à l’ouverture du côté, laquelle réussit souvent avec succès. {e} […]
C’est un abus de croire que cette matière que fait la pleurésie se puisse transporter ou communiquer aux poumons par d’autres voies, soit en passant d’un lieu à l’autre, soit en engendrant ailleurs une semblable. » {f}
- V. supra note [2].
- Traduction française de 1661, pages 315‑318 ; édition latine de Leyde, 1649, pages 204‑205.
- Adhérences pleurales (synéchies), séquelles d’anciennes inflammations locales.
- Contrairement à Pecquet, Riolan n’admettait pas la petite circulation, pulmonaire, dans les conditions normales : elle n’avait lieu d’être que dans certaines circonstances pathologiques, comme celle qu’il décrivait ici.
- Pleurésie purulente compliquant une pleuropneumonie (v. notes Patin 10/40 et 9/8193), et qui peut requérir une évacuation chirurgicale quand le phlegmon (v. note Patin 14/8009) s’est transformé en abcès (ou apostume, v. note Patin 13/14).
- Riolan niait donc (légitimement) la possibilité, énoncée par Pecquet, que du pus migre du thorax dans les reins pour apparaître dans les urines.
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