Texte : Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli
(1651)
Chapitre xi, note 17.
Note [17]

Le livre troisième de la Pathologie de Jean Fernel {a} ne consacre pas moins de 11 chapitres (viii‑xviii) aux urines et aux renseignements diagnostiques que procurait leur inspection ; {b} cette explication de leur origine digestive aide à comprendre le propos de Jean Pecquet (page 173) : {c}

« Par la digestion qui se fait en l’estomac, la liqueur se mêle toute parmi les viandes, {d} et toute la vertu de la viande se communique à la liqueur, jusqu’à ce que des deux il s’en fasse une substance égale qui porte le nom de chyle ; lequel dévalant par les détours des intestins, est attiré et sucé par les veines du mésentère, qui en prennent tout ce qu’il y a de substance plus utile, qu’elles portent aux portes du foie, par le moyen du breuvage qui sert comme de véhicule. Quand de ce chyle le sang vient ensuite à être fait, l’urine (qui est le propre excrément du foie, comme les matières fécales le sont du ventricule {e} et des intestins) étant pour lors inutile, est attirée dans les reins par les veines émulgentes, {f} de même que la mélancolie {g} dans la rate et la bile jaune dans la vessie du fiel. {h} Toutefois, l’urine ne passe pas toute dans les reins, car il en reste une partie, avec le sang, distribuée par le corps, laquelle ayant ainsi servi de véhicule et achevé cet office, s’évacue par les sueurs ou bien retournant par où elle était allée, elle est semblablement attirée par les reins dans la vessie. L’urine part donc non seulement du foie, mais aussi des veines, tant grandes que petites, et de la masse du corps : ce que sentira manifestement quiconque aura passé deux ou trois jours sans boire beaucoup, ou point du tout. » {i}


  1. Universa Medicina [Médecine universelle] (première édition latine Paris, 1554) ; traduction française ibid. 1655 (vnote Patin 1/36).

  2. Fernel était un maître en l’art de mirer les urines, ce qui permettait de porter un diagnostic et de prescrire un traitement sans même voir les malades.

  3. Avant la découverte des lactifères et du chyle laiteux qu’ils transportent.

  4. C’est-à-dire les liquides et les solides ingérés.

  5. Estomac.

  6. Veines rénales, v. infra note [20].

  7. Fictive atrabile (bile noire).

  8. Vésicule biliaire.

  9. Les rebuts alimentaires qu’on supposait présents dans les urines sont notamment décrits dans le chapitre xvi, Des choses qui se trouvent mêlées parmi les urines.

    V. note [55], Brevis Destructio, chapitre iv pour la présence de chyle dans les urines (chylurie) selon Jean ii Riolan.


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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli
(1651)
Chapitre xi, note 17.

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(Consulté le 08/12/2025)

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