Texte : Trois lettres de William Harvey
sur les Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1652-1655), note 18.
Note [18]

William Harvey n’écrivait certes pas un traité, mais une simple lettre. Ce qu’il disait était imprégné de son dernier livre sur la reproduction des animaux (v. supra note [16]), où il avait principalement étudié celle des poulets et des cervidés. On peine toutefois à suivre son raisonnement, à tel point que je suis allé regarder la traduction anglaise publiée en 1847 (v. supra note [2]), qui a un peu enjolivé le propos du très éminent maître (pages 608‑609) :

Now it is a most certain fact (as I have shown elsewhere) that the embryos of all red-blooded animals are nourished by means of the umbilical vessels from the mother, and this in virtue of the circulation of blood. They are not nourished, however immediately by the blood, as many have imagined, but after the manner of the chick in ovo, which is first nourished by the albumen, and then by the vitellus, which is finally drawn into and included within the abdomen of the chick. All the umbilical vessels, however, are inserted into the liver, or at all events pass through it, even in those animals whose umbilical vessels enter the vena portæ, as in the chick, in which the vessels proceeding from the yelk always so terminate. In the selfsame way, therefore, as the chick is nourished from a nutriment (viz. the albumen and vitellus,) previously prepared, even so does it continue to be nourished through the whole course ot its independent existence. And the same thing, as I have elsewhere shown, is common to all embryos whatsoever : the nourishment mingled with the blood, is transmitted through their veins to the heart, whence moving on by the arteries, it is carried to every part of the body.

[C’est maintenant un fait absolument certain (comme je l’ai montré ailleurs) que les embryons de tous les animaux à sang rouge {a} sont nourris par la mère à l’aide des vaisseaux ombilicaux, et ce grâce à la circulation sanguine. Ils ne sont pourtant pas nourris immédiatement {b} par le sang, comme beaucoup l’ont imaginé, mais à la manière du poulet dans l’œuf, {c} qui est d’abord nourri par le blanc, puis par le jaune, qui finit par se rétracter et s’oblitérer dans l’abdomen du poussin. Tous les vaisseaux ombilicaux s’insèrent néanmoins dans le foie, ou en tout cas le traversent, même chez les animaux dont les vaisseaux ombilicaux entrent dans la veine porte, comme le poussin, chez qui les vaisseaux dérivant du jaune se terminent toujours ainsi. Donc, exactement de la même manière que dans l’œuf, le poussin s’est nourri d’un aliment préparé (qu’il tire du blanc et du jaune), il se nourrira pendant toute la durée de son existence indépendante. {d} La même chose, comme je l’ai montré ailleurs, est commune à tous les embryons qu’on voudra : l’aliment mêlé au sang est transmis par leurs veines au cœur, d’où, continuant son mouvement par les artères, il est transporté dans toutes les parties du corps].


  1. Mes italiques signalent les principales divergences de traduction.

  2. C’est-à-dire directement, sans intermédiaire : introduction d’une nuance qui ne suffit pas à gommer l’étrangeté du propos (quand on l’applique aux animaux vivipares).

  3. Texte latin : pennatorum, « des animaux à plumes ».

  4. Pour dire maladroitement (me semble-t-il) que le poulet, une fois éclos, se nourrit de son propre sang qui distribue l’aliment préparé par le tube digestif et le foie (et non plus, bien sûr, par le blanc et le jaune de l’œuf), comme la suite de la lettre le fait clairement entendre.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Trois lettres de William Harvey
sur les Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1652-1655), note 18.

Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=1010&cln=18

(Consulté le 10/12/2025)

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