| Note [5] | |
Dans l’enthousiasme de la double découverte des lactifères thoraciques et des lymphatiques hépatiques, Thomas Bartholin ôtait au foie la couronne de la sanguification pour en honorer le cœur : le plus gros viscère du corps humain était relégué à des emplois subalternes, dont le principal était d’extraire la bile du sang. Longtemps tenue pour un progrès décisif de la science, cette déplorable aberration sidéra le monde savant et provoqua de vives protestations immédiates, dont celles de Jean ii Riolan et de Charles Le Noble dans les Observationes raræ et novæ (Paris, 1655). Guy Patin a déploré cet engouement précipité dans sa lettre du 29 juillet 1653 à Charles Spon (v. sa note [19]) : vide quo homines etiam eruditos abripiat studium novitatis [voyez à quoi l’ardeur de la nouveauté entraîne les hommes, même savants]. Parmi bien des fonctions vitales, la physiologie moderne attribue au foie celle de produire le plasma sanguin, et à la moelle osseuse celle de fabriquer les cellules sanguines, dont l’existence n’était pas même soupçonnée en 1655. Les funérailles du foie donnent un splendide exemple de l’abîme qui sépare l’identification anatomique des parties corporelles et la compréhension de leur fonctionnement. |
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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Texte : Thomas Bartholin Hepatis Exsequiæ [Funérailles du foie] (1653), note 5. Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=1020&cln=5 (Consulté le 08/12/2025) |