Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre x, note 6.
Note [6]

La rupture de la poche des eaux est marquée par un écoulement de liquide amniotique qui ressemble ordinairement plus à de l’eau qu’à du lait. William Harvey a parlé de ce qu’il appelait le colliquamentum {a} dans l’Exercitatio lvii « sur la Reproduction des animaux », {b} pages 251‑252 :

Quinetiam partus naturalissimus habetur, cùm fœtus et secundinæ unà cum aquosâ substantiâ (ceu ovum integrum) prodeunt. Nam si istæ illæsæ fuerint, et aqua non profluxerit, contingit partes circumjacentes à parturientis nixibus magis distendi, ac dilatari, tensione scilicet membranarum : quo fit, ut fœtus minore conamine, citiúsque elabatur, ac properat ; licèt id majore matris cum dolore eveniat. Quo casu novimus, parturientes interdum ab ingenti distensionis molestiâ, membranarum rupturâ, (sive obstetricis unguibus, sive forcipis operâ ea contingat) effluente subitò quâ, plurimùm levari. […]

Porrò humorem illum, quem nos colliquamentum appellavimus, fœtûs sudorem non esse, liquidò constat, tum in ovo, tum cæteris etiam animalibus ; quippe adest, priusquam quippiam fœtûs constituitur, aut vestigium ejus ullum exstat. Imò verò quamprimum fœtus conspicitur, et etiamnum totus mucilaginosus ac perexiguus est ; tam ingens tamen aquæ hujus copia cernitur ; ut tantilli corporis tantum excrementum dari, planè impossibili videatur.

[Bien plus, un accouchement est tenu pour parfaitement naturel quand le fœtus et les secondines sortent en même temps que la substance aqueuse (soit la totalité de l’œuf) : si les membranes restaient intactes et tendues, sans perdre leur eau, les efforts de la parturiente comprimeraient et dilateraient excessivement les parties environnantes ; leur rupture permet d’accélérer l’expulsion du fœtus au prix d’un effort moindre, bien que cela vaille à la mère une intense douleur. Nous savons bien que quand la distension lui inflige un important désagrément, elle est bien soulagée par la rupture des membranes (qu’elle soit provoquée par les ongles de la sage-femme ou par des ciseaux) et par l’écoulement qu’elle entraîne. (…)

En outre, il apparaît clairement que ce liquide que nous avons appelé colliquamentum n’est pas la sueur du fœtus, et ce chez les ovipares comme les vivipares : il est présent avant la formation de l’enfant et même avant que n’en existe la moindre trace ; il baigne entièrement l’embryon dès qu’il apparaît, et alors qu’il n’est encore que minuscule et entièrement mucilagineux ; et ce en telle abondance qu’il semble parfaitement impossible que le peu d’excréments fournis par un si petit corps contribue à sa production]. {c}


  1. V. notule {d}, note [5], lettre de Thomas Bartholin à Johann Daniel Horst (1655)

  2. Amsterdam, 1651, v. supra note [1].

  3. Harvey tenait le liquide amniotique pour une production de l’utérus et du placenta, rejetant l’opinion de Fabrice d’Aquapendente qui le considérait (à tort) comme un excrément du fœtus : v. note [8], lettre de Thomas Bartholin à Johann Daniel Horst (1655).

    Contrairement à Bartholin, Harvey n’a jamais envisagé que le liquide amniotique pût être une émanation du chyle.


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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre x, note 6.

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(Consulté le 09/12/2025)

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