Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xviii, note 11.
Note [11]

Johannis Buxtorfii Synagoga Judaica, auspiciis Authoris jam olim latinitate donata ; nunc primum in vulgus emissa [L’École judaïque de Johannes Buxtorfius, {a} que l’auteur a jadis traduite en latin et que voici publiée pour la première fois], {b} début du chapitre intitulé De Judæorum ad Pietatem educatione et institutione [Éducation et enseignement des juifs à la piété], pages 103‑104 :

Dum mulier lactat, uberibusque infantem alit, cibis salubribus et ad concoquendum facillimis vesci debet, ut probatum ille lac sugat, quod cor et stomachum ipsius reficiat recreetque, ut citò adolescat, tantoque faciliùs et maturiùs mores suos ad virtutem conformare, sapientiæ operam dare, ingenio et intelligentiâ accrescere queat. […] Hujus rei gratiâ etiam binis illam uberibus, non unico tantùm, Deus donavit, ut sufficienter et abundè puer lactere possit. Disputant Doctores in Gemarâ, quid causæ sit, cur Rex David, Deum laudans, lactentium non sit oblitus ? Rabbi Abha dixit, Deum mulieribus ubera è regione cordis posuisse, ut cordatus et prudens evadat puer, utque è matris corde sugat, unde intellectum consequatur. Rabbi Jehuda dixit, ne mulierum pudenda puer videre cogeretur ; Rabbi Matthana verò, ne in loco sordido sugere cogeretur.

[Quand la mère fait du lait et nourrit l’enfant au sein, elle doit manger des aliments sains et très faciles à digérer, pour que son nourrisson tète un lait qui lui restaure et fortifie le cœur et l’estomac, qu’il grandisse vite et puisse d’autant plus facilement et mûrement conformer ses mœurs à la vertu, travailler à la sagesse, et accroître son intelligence et son raisonnement. (…) Dieu a donné à la femme deux seins, et non un seul pour que l’enfant puisse téter en abondance et à satiété. Dans la Gemara, {c} les docteurs débattent de la raison pour laquelle le roi David, en ses Psaumes, n’a pas omis les femmes allaitantes : Rabbi Abha dit que Dieu a posé les seins des femmes devant la région du cœur pour que l’enfant en tire courage et sagesse, et qu’il puise du cœur de sa mère ce qui lui édifiera l’esprit ; selon Rabbi Jehuda, c’est pour que l’enfant ne soit pas obligé de voir les parties honteuses de sa mère ; mais selon rabbi Matthana, pour qu’il ne soit pas obligé de téter dans un lieu malpropre].


  1. Johannes Buxtorf l’Ancien, érudit protestant professeur d’hébreu à Bâle, vnote Patin 10/8207.

  2. Bâle, Ludovicus König, 1641, in‑8o, précédente édition en allemand, Jüden Schul, ibid. 1609.

  3. Commentaire de la loi juive (Mishna) ; je n’ai pas identifié les trois rabbins cités par Buxtorf, et leur contribution aux progrès de la médecine est à tenir pour modeste.

Je ne saurais dire si cette digression rabbinique de Thomas Bartholin visait à faire étalage de son érudition, ou à distraire le lecteur.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xviii, note 11.

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(Consulté le 09/12/2025)

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