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< Thomas Bartholin Historia anatomica sur les lactifères thoraciques (1652) chapitre xviii > |
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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Texte. Thomas Bartholin, Historia anatomica sur les lactifères thoraciques (1652), chapitre xviii
Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=1038 (Consulté le 27/03/2025) | ||||||||||||
Il ne semble pas tout à fait impossible que les lactifères thoraciques, qui sont voisins des mamelles, contribuent en quelque façon à y distribuer du lait. [2] Galien, au chapitre iii du Livre sur ses propres ouvrages, dit qu’il a rédigé un Épitomé des œuvres de Marinus, qui, dans le livre iv de son Anatomie, parle de vaisseaux mammaires contenant du lait ; [2][3][4] si elle avait été conservée, peut-être aurait-elle été utile à notre savoir. Certains auteurs se seraient convaincus d’avoir vu, dans le thorax humain, des branches laiteuses gagnant les mamelles, mais je crains que les nerfs qui y descendent ne les aient induits en erreur. Maints indices incitent à penser comme Hippocrate, dans son Livre sur la Nature de l’enfant, [5] que du lait ou du chyle est poussé vers les mamelles, et j’ai naguère dit ce que j’en pensais dans mon Anatomie réformée. [3][6] Les nourrices déclarent d’elles-mêmes que quand elles tendent les seins aux nourrissons, [7] le lait semble leur descendre des épaules (où s’insèrent les lactifères thoraciques), [8] non sans une sensation douloureuse, et redoutent franchement que ce qu’elles mangent ne gagne leurs mamelles par crainte de se charger en aliment mal digéré. De plus, [Page 63 | LAT | IMG] on observe que quantité de matières absorbées avec la nourriture sont transportées dans les seins des femmes avec le lait. Martianus [9] en a consigné l’exemple, vu à Rome, de l’épouse d’un maçon qui, dans l’heure suivant la prise d’un médicament purgatif, [10] tendit son sein à la fillette d’un an qu’elle allaitait, et en raison d’un si bref intervalle, l’enfant en fut si rudement purgée qu’on craignit qu’elle en mourût ; mais la mère n’éprouva aucun effet du remède. Hippocrate, dans les Épidémies, [11] fait la même remarque à propos d’une chèvre et d’une femme qui avaient pris de l’élatérium, [12] et d’autres ont écrit sur les laits, comme Theophraste, [13] Dioscoride, [14] Varro, [15] Massaria, etc. [4][16] Au témoignage d’Aristote, livre vii de l’Histoire des animaux, [17] chapitre xi, des poils avalés en buvant ressortent par les mamelons, soit isolément quand on les presse, soit avec le lait. [18] Le susdit Martianus raconte encore que le fils de Domitia Griffoni, âgé d’un mois, a très souvent exonéré du bran dans ses fèces, parce que sa nourrice mangeait du pain de son. Toujours à Rome, on a extrait du mamelon d’une femme allaitante un brin de chicorée qu’elle avait mangé au cours de son précédent repas. Enfin, pour se purger, Pompilia, épouse de Melsi, avait avalé six livres de lait de chèvre, [19] qui lui coulèrent très rapidement dans les mamelles, lesquelles enflèrent avec de très intenses douleurs. [5] Hippocrate, dans son Livre sur la Nature de l’enfant, parle de veines qui vont à la matrice et aux mamelles, mais sans expliquer quelles elles sont, [3] et Martianus, dans ses annotations sur le Livre des Chairs, [20] admet l’existence de canaux lactés cachés qui entrent et sortent des mamelles. [6] P. Castellus, dans son livre ii des Émétiques, chapitre xlix, soupçonne que la matière du lait parvient aux mamelles en empruntant soit des voies encore inconnues, soit les porosités qui sont dans les tissus flasques. [7][21] Vesling, dans la dernière édition de son Syntagma, [Page 64 | LAT | IMG] admet des vapeurs laiteuses empruntant des voies qui échappent encore au regard. [22] Jo. Dan. Horst, dans la première partie, section ii, chapitre i de son Guide pour la médecine, met hardiment en avant l’existence de veines lactées et rouges dans les mamelles. [23][24] J.C. Benedictus, lettre v, livre iv des Épîtres médicales, défend certes Hippocrate, mais approuve le fonctionnement conjoint de l’utérus et des seins. [25][26] Rien ne résout mieux ce débat que les nouveaux lactifères du thorax : voisins des mamelles et de la cavité thoracique, ils envoient des rameaux de tous côtés, et il serait aisé d’en chercher la preuve en disséquant une femme enceinte ou allaitante qui serait morte après s’être nourrie. [8][27] | |||||||||||||
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