Jean ii Riolan, De vena portæ [La veine de la porte], Anthropographia, livre ii, page 112 : {a}
Eleganter Galenus officium venæ Portæ describit lib. 4. de vsu partium, et comment ad lib. 2. de nat. hum. part. 6. Venarum, quæ à Ventriculo et Intestinis succum ciborum in Iecur deferunt, nulla vltra Iecur progreditur, imò nec in multis secundum Iecur locis apparet, quamuis numerosæ admodum ex ea parte sint, qua ventrem et cætera attingunt Intestina, sed in vnum locum quem portas Iecoris vocant omnes, coëunt ; quem locum qui primus portas nominavit, Iecur vrbi aut ædibus amplis comparauit, Intestina ventremque agris, ex quibus instar viarum per venas multas, cibi in vrbis ædiumve portas vehuntur.
Propterea ista magna vena dicitur φλεψ απο των πυλεων, vel προς τας πυλας. Ruffo Ephesio lib. 1. cap. 20. dicitur φλεψ πυλη. Vena Porta nuncupabitur Latinis, vel vena ad portas Hepatis, de quo nomine pleniùs in Hepate dicetur : huius venæ mentionem facit Hipp. lib. 2. Epid. dum vocat φλεβα επι πυλας, και λοβον ηπατος, Venam quæ ad portas, et lobum Hepatis situ est, intelligit paruum lobum Hepatis, vt altera vena Cava ηπατιτης, dicitur Iecoraria.
In historia venæ Portæ, non leuis occurrit difficultas, quam primus excitauit Galenus, libro de venis, vbi debeat assignari principium huius venæ. Imaginare, inquit arboris quemdam truncum, qui parte inferiore in multas radices, superiore in numerosam ramorum sobolem findatur : hoc pacto quæ in ventrem et Intestina deferuntur venæ, proportione radicibus respondent, truncus verò est in Hepate. Opinione igitur Galeni, venæ Portæ radices in Mesenterio et Liene collocare oportet, ac proinde radicatio venarum non est in Hepate.
Quod autem vera sit Galeni sententia, ratione et authoritate Hippocratis demonstratur ; radices in arbore dicuntur, per quas alimentum attrahitur, at Iecur per mesaraicas chylum ad se rapit : ipsemet Hippocrates hunc ingressum Portam appellat, et cum eo tota Asclepiadarum familia, authore Galeno. Inde colligitur per truncum venæ Portæ, veluti per portam, chylum Iecur ingredi : accedit quod ramus mesentericus, vmbilicalis bifidæ in fœtu portionem accipit, authore Vesalio. Quod verum est in canibus, non in homine ; nam vt in Portam, sic in Cauam intra Hepar inseritur.
[Galien décrit finement la fonction de la veine porte dans le livre iv sur l’Utilité des parties {b} et dans le livre ii, 6e partie, de son commentaire sur la nature de l’homme. {c} Aucune des veines qui transportent le suc des aliments depuis l’estomac et l’intestin jusqu’au foie ne progresse au delà de cet organe, et ne s’y distingue même en sa volumineuse substance. Elles sont pourtant fort nombreuses à naître du ventre et de ses intestins, mais elles se rassemblent en un lieu unique que tous appellent la porte du foie. Il a été le premier à lui donner le nom de portes, en comparant le foie à une ville ou à un ensemble de grandes demeures, et les intestins et le ventre à des champs d’où par quantité de veines, comparables à des chemins, les aliments sont transportés aux portes de ladite ville ou des dites demeures.
C’est pourquoi on appelle cette grande veine phleps apo tôn puleôn, ou pros tas pulas. {d} Rufus d’Éphèse, livre i, chapitre xx la nomme phleps pulê: {e} vena porta ou vena ad portas Hepatis {f} pour les Latins, dénomination dont il sera plus longuement question dans le chapitre sur le foie. Hippocrate mentionne cette veine au livre ii des Épidémies, où il l’appelle phléba épi pulas, kai lobon êpatos, « la veine qui est située aux portes et au lobe du foie », en voulant parler du petit lobe du foie, de même qu’il appelle la veine cave êpatitês, « hépatitide ». {g}
La description de la veine porte n’est pas dénuée de difficultés, que Galien a le premier soulevées dans son Livre des veines quand il doit établir l’origine de cette veine : « Imaginez, dit-il, le tronc d’un arbre qui se divise dans sa partie inférieure en de nombreuses racines, et dans sa partie supérieure, en une multitude de branches ; de ce fait, les veines qui se portent dans le ventre et les intestins ont un nombre de racines qui est proportionné au leur, et leur tronc dans le foie » {h} Suivant l’opinion de Galien, il faut donc placer les racines de la veine porte dans le mésentère et dans la rate, ce qui fait qu’elles ne prennent pas naissance dans le foie. {i}
La vérité de la sentence de Galien est démontrée par les arguments et l’autorité d’Hippocrate : on dit qu’un arbre puise l’aliment par ses racines, mais le foie fait venir à lui le chyle par les veines mésaraïques ; Hippocrate lui-même appelle cette entrée la porte, {g} comme a fait avec lui, dit Galien, toute la famille des Asclépiades. {j} Le tronc de la veine porte collecte donc le chyle et le fait entrer dans le foie comme par une porte ; selon Vésale, {k} c’est la branche mésaraïque, laquelle est une branche de l’ombilicale bifide chez le fœtus, qui le reçoit. Cela est vrai chez les chiens, mais non chez l’homme, car dans le foie, elle s’insère en même temps dans la veine porte et dans la veine cave].
- Opera anatomica vetera et nova, Paris, 1649, v. supra notule {a}, note [5].
- Chapitre xiii, Daremberg, volume 1, pages 307‑315.
- Deuxième livre de Commentaires sur Hippocrate de la Nature de l’homme, Kühn, volume 15, pages 130‑146.
- La « veine qui sépare les portes » ou qui est « devant les portes ».
- La « veine porte » : Rufus d’Éphèse, Du nom des parties du corps (v. note Patin 4/1090), édition grecque et française de Paris, 1879, page 158.
- La « veine qui est aux portes du foie ».
- Quatrième section, Littré Hip, volume 5, pages 122‑125.
Les deux premiers paragraphes de cet extrait ont un intérêt étymologique et historique qui m’a semblé digne de mémoire, mais sans relation directe avec le propos de Jean Pecquet.
- Début du traité sur la Dissection des artères et des veines, Kühn, volume 2, pages 779‑781.
- Comme Galien, Riolan pensait que le sang de la veine porte peut s’y déplacer alternativement dans les deux sens (vers le foie et vers les autres viscères digestifs).
- Les descendants d’Esculape v. note Patin 5/551
- Fabrica, livre iii, chapitre v, Venæ portæ ortus, ipsiusque propaginum series [Origine de la veine porte et liste de ses branches], Bâle, 1543, pages 262‑274.
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