Certain (mais bien à tort) que les critiques de Jean ii Riolan étaient entièrement infondées, Hyginus Thalassius citait deux philosophes latins antiques pour dénoncer l’inanité de sa première Responsio.
- « Pour qui lutte contre la nature, il n’y a pas d’autre moyen que ramer contre le courant » ; une note marginale d’Hyginus Thalassius renvoie aux Lettres à Lucilius de Sénèque le Jeune, fin de l’épître cxxii :
Ideo, Lucili, tenenda nobis via est quam natura praescripsit, nec ab illa declinandum : illam sequentibus omnia facilia, expedita sunt, contra illam nitentibus non alia via est quam contra aquam remigantibus.
[Tenons donc, cher Lucilius, tenons la route que la nature nous a tracée, et n’en dévions jamais. Pour qui la suit, tout est ouvert et facile ; pour qui lutte contre elle, il n’y a pas d’autre moyen que ramer contre le courant].
- Cicéron, De la Vieillesse, livre ii :
Sed tamen necesse fuit esse aliquid extremum et, tamquam in arborum bacis terræque fructibus maturitate tempestiva quasi vietum et caducum, quod ferundum est molliter sapienti. Quid est enim aliud Gigantum modo bellare cum dis nisi naturæ repugnare ?
[La vie devait bien avoir un terme : une fois qu’ils ont atteint leur pleine maturité, les fruits des arbres et les produits de la terre se flétrissent et tombent ; de même le sage doit-il accepter la mort de bonne grâce. Lutter contre la nature, ne serait-ce pas refaire la guerre des Géants {a} contre les dieux ?]
- Enfants du Ciel et de la Terre, d’une taille monstrueuse et d’une force proportionnée, les Géants « avaient le regard farouche et effrayant, de longs cheveux, une grande barbe, des jambes et des pieds de serpent, et quelques-uns cent bras et cinquante têtes. Résolus de détrôner Jupiter, ils entreprirent de l’assiéger jusque sur son trône ; et pour y réussir, ils entassèrent Ossa sur Pélion, et l’Olympe sur Ossa, d’où ils essayèrent d’escalader le ciel ; lançant contre les dieux des rochers, dont les uns, tombant dans la mer, devenaient des îles, et les autres, retombant sur la terre, formaient des montagnes. Jupiter, après les avoir foudroyés, les précipita jusqu’au fond du Tartare, où il les enterra vivants, soit sous le mont Etna, soit en différents pays » (Fr. Noël).
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