Texte : Jean ii Riolan
Première Responsio (1652) aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1651).
6. Sur la circulation du sang, note 26.
Note [26]

Jean Pecquet a démontré et reconnu la communication fonctionnelle (réellement capillaire) des artères avec les veines pulmonaires dans le chapitre v de sa Dissertatio anatomica (premier paragraphe de la page 39).

Parlant ici des synanastomoses, {a} Jean ii Riolan renvoyait aux interprétations erronées qu’il a fournies dans le chapitre x, De Anastomosi Venarum et Arteriarum [Sur l’anastomose veines et des artères] (pages 51‑54), de sa Responsio ad Haruei primam exercitationem anatomicam de Circulatione Sanguinis [Réponse au premier essai anatomique de Harvey sur la circulation du sang] (Paris, 1652) : {b}

Miror te repudiare Anastomoses venarum et arteriarum, quum tua Circulatio vniversalis, meliùs per osculationem mutuam vasorum absoluetur, quàm per effusionem Sanguinis arteriosi in porositates carnium, vnde resorbetur à venis. Nam in manu et carpo vsque ad vngues, in pede à malleolis vsque ad vngues, paucissimæ carnes ibi collocatæ, et tamen insignia vasa eò perueniunt, si arteriosi Sanguinis guttulæ exsilientes diffunderentur, ecchymosim producerent, vel Aneurisma, aut aliud tumorem.

Quamuis admittas Anastomoses mutuas venarum, et arteriarum communiones per fibrulas ; vidi cum aliis notaui in brachio post ligatam et resectam arteriam supra cubitum, ad sanandum Aneurisma, tandem insignes surculos venarum insertos arteriæ rescissæ infra cubitum nullo modo micante arteriâ propter arteriæ cum corde communionem interruptam. Vnde agnoui istos surculos esse anastomoses venarum cum arteriis.

Intra spinalem medullam detractis membranis, obseruantur venæ et arteriæ descendentes è cerebro, quæ occurrunt lumbaribus venis et arteriis.

Obseruatur manifestè mutua Anastomosis venæ splenicæ cum arteria splenica, antequam hæc vasa lienem subeant. Vide meam Anthropographiam, pag. 131. ultimæ et sextæ editionis.

In vtero muliebri extrinsecus venæ spermaticæ in se admittunt arterias hypogastricas per Anastomosim cum nullæ sint arteriæ spermaticæ. Lege pag. 178 meæ Anthropographiæ.

Spigelius notat se obseruasse mutuas Anastomoses venarum et arteriarum in manibus et pedibus. Vide pag. 341. meæ Anthropographiæ.

In musculis Rectis abdominis anastomosis conspicua est venæ et arteriæ mammariæ cum epigastrica. Istam communionem venarum et arteriarum accuratè exposui in mea Anthropographia, lib. 3. pag. 224.

Obseruaui nuper cum Dom. Pimpinello Chirurgo experientissimo, in iis quibus ad curandum Aneurisma ex incisa arteria pro vena, infra cubitum exortum fuit ; atque post duos tresve menses curationem quærentibus, appositis spleniolis duris, et emplastro glutinante strictè obligatus fuit cubitus, supra ligaturas, ramulos transuersim inter venas et arterias traductos, sine ulla palpitatione, propterea dubitauimus, an isti ramuli essent vel arteriolæ, aut venulæ. Inde cognouimus mutuas synanastomoses venarum et arterioarum inter se, quod mihi affirmauit idem Dom. Pimpinelle, à se sæpius obseruatum fuisse in simili casu, et post penitus incisam arteriam brachij, ad curandum vetus et magnum Aneurisma.

Pag. 25. Lætor plurimùm quod te habeam ομοψηφον in Anastomosibus radicum venæ portæ et cauæ intra Hepar, quas nullas esse asseris, etiam diligenter à te inuestigatas : conformationem cauæ et portæ intra Hepar à te descriptam, iamdudum annotaui in mea Anthropographia : atque hoc facit contra tuam Circulationem Sanguinis gastricam. Nam quomodo ad cauam deducetur Sanguis primæ regionis intra Hepar, si chylo sit permixtus, et plurima inueniat impedimenta à me commemorata ? defectu istarum Anastomoseωn, non potest commodè transire in cauam, atque hoc fauet meæ opinioni.

Adducis aliud experimentum à te tamen nondum administratum ad indagandum si venæ sese exonerent in arterias. Amicè moneo, debueras id experiri antequam describes, facilis erat experientia in cane ; hoc dubitare faciet de tuis aliis experimentis, cum in hoc tam facili, fueris adeo negligens, quod tua experientia dignum erat ad refutandum experimentum Galeni, qui scripsit incisâ alicubi arteriâ, non tantùm arterias, sed etiam venas depleri. Proponis aliud experimentum contrarium faciendum, sed ligas truncum Cauæ iuxta Cor, quod fieri non debet.

[Je suis fort étonné que vous rejetiez l’existence d’anastomoses entre veines et artères car votre circulation générale s’expliquerait bien mieux par la connexion des vaisseaux que par l’épanchement du sang artériel dans des porosités des chairs, d’où il serait résorbé par les veines. {c} De très nombreux vaisseaux parviennent à la main et au poignet, jusqu’aux ongles, comme au pied, de la cheville jusqu’au bout des orteils, et étant donné qu’il y a là fort peu de chair, si le sang artériel s’y répandait goutte à goutte, il devrait produire une ecchymose, voire un anévrisme {d} ou quelque autre tuméfaction.

Vous admettez pourtant que de minces filaments joignent les artères aux veines : au membre supérieur, après avoir lié et réséqué l’artère humérale au-dessus du coude pour soigner un anévrisme, j’ai vu et remarqué, comme d’autres, sous le coude, les ramifications des veines insérées dans l’artère coupée, laquelle ne battait plus du tout, puisqu’elle n’était plus en communication avec le cœur ; j’en ai déduit que ces rameaux étaient des anastomoses entre les veines et les artères. {e}

Quand on a dégagé les méninges de la moelle épinière, on observe des veines et des artères qui descendent du cerveau et rejoignent les veines et les artères lombaires. {f}

On observe que la veine et l’artère spléniques s’anastomosent avant de pénétrer dans la rate. Voyez la sixième et dernière édition de mon Anthropographie, page 131. {g}

Sur la paroi externe de l’utérus, les veines spermatiques s’unissent par anastomose aux artères hypogastriques, étant donné qu’il n’existe par d’artères spermatiques chez la femme. Voyez la page 178 de mon Anthropographie. {h}

Spiegel remarque avoir observé des anastomoses artérioveineuses au niveau des mains et des pieds : Voyez mon Anthropographie, page 341. {i}

Dans les muscles droits de l’abdomen, se voit une anastomose entre les veines et artères mammaires et épigastriques. J’ai soigneusement exposé cette connexion des artères et des veines dans mon Anthropographie, livre iii, page 224.

En opérant ceux qui demandaient à être guéris d’un anévrisme formé sous le pli du coude, deux ou trois mois après qu’on eut incisé l’artère au lieu de la veine, puis serré un bandage dur et un emplâtre agglutinant, j’ai récemment observé, avec Monsieur Pimpinelle, {j} chirurgien fort expérimenté, la présence, au-dessus des ligatures, de rameaux placés transversalement entre les artères et les veines. Comme ils ne battaient pas, nous nous sommes demandé s’il s’agissait d’artérioles ou de veinules, et sommes convenus que c’étaient des anastomoses artérioveineuses. M. Pimpinelle m’a affirmé avoir très souvent observé cela en pareil cas, après avoir profondément incisé l’artère humérale pour soigner un anévrisme ancien et de grande taille]. {d}


  1. Unions à plein canal des artères avec les veines, ou anévrismes artérioveineux (v. note [1], Dissertatio anatomica, chapitre v).

  2. V. supra note [3], notule {c}.

  3. Il est tout de même touchant de voir Riolan raconter des fariboles à William Harvey pour le consoler de ne pas avoir trouvé les communications invisibles entre les artères et les veines qui auraient levé tous les doutes sur sa circulation du sang (v. infra note [27]).

  4. Comme Riolan l’a mieux expliqué plus bas, ces anévrismes huméraux étaient traumatiques, consécutifs à un accident de saignée : la lancette du chirurgien avait incisé l’artère et la veine, au lieu de la veine seule, ce qui provoque la formation cicatricielle d’une fistule artérioveineuse, avec une importante dilatation des veines qui y contribuent.

  5. La moelle épinière est très richement vascularisée par un double entrelacement complexe d’artères et de veines, mais sans communication normale entre les deux lacis.

  6. Anastomoses fictives décrites dans l’avant-dernier paragraphe, page 131, Anthropographia, 1649 (v. supra notule {b}, note [4]).

  7. Observation également erronée, ibid. supra, page 178, antépénultième paragraphe.

  8. Observation d’Adriaan van de Spiegel (v. note [8‑3], Historia anatomica, chapitre iii, de Thomas Bartholin) également erronée, ibid. supra, page 341, sixième paragraphe.

  9. Sans décrire celles de la paroi abdominale (qui n’en sont pas), Riolan a dit des anastomoses en général dans le troisième paragraphe de la page citée :

    Porro venarum tam internarum quàm externarum inter se, imò arteriarum inter sese, et venarum cum arteriis mutua est anastomosis, ita vt dextræ venæ sinistris coniungantur, atque dextræ in partem sinistram, et sinistræ in dextram transeant, vt in posticis et humoribus et femoribus videre est.

    [En outre, les veines, tant profondes que superficielles, s’anastomosent entre elles, ainsi qu’avec les artères, et les veines du côté droit avec le gauche, et inversement, comme on le voit aux racines des bras et des cuisses].

    Tout cela est vrai pour les branches des veines ou des artères, mais faux pour les veines et les artères entre elles. V. note [21], Responsio ad Pecquetianos, 4e partie, pour la grande anastomose (ou arcade) artérielle colique, dite de Riolan.

  10. Sous le nom de Simon Pimpernelle (sic), Riolan a parlé de ce chirurgien dans une autre de ses relations anatomiques : vnote Patin 13/253.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean ii Riolan
Première Responsio (1652) aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1651).
6. Sur la circulation du sang, note 26.

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(Consulté le 08/12/2025)

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