Texte : Lettre de Thomas Bartholin
à Johann Daniel Horst critiquant
l’opinion de William Harvey
sur le chyle (1655), note 37.
Note [37]

Thomas Bartholin rabâchait la découverte de Jean Pecquet sans craindre d’en donner la nausée aux lecteurs de sa Defensio. Le livre de Cecilio Folli (v. supra note [33]) ne l’avait pas convaincu que les parties grasses des aliments puissent suivre une voie particulière d’absorption en échappant à l’aspiration de la veine porte, et il s’obstinait à faire naître des lactifères de l’estomac, alors qu’il n’en existe qu’à partir du jéjunum.

Croyant brillamment couronner sa démonstration, Bartholin la pimentait de deux références antiques.

  • L’alignement des planètes {a} caractérise la grande année astrale de Platon (Cicéron, De la Nature des dieux, livre ii, chapitre xx, § 51) :

    Maxime vero sunt admirabiles motus earum quinque stellarum, quæ falso vocantur errantes. Nihil enim errat, quod in omni æternitate conservat progressus et regressus reliquosque motus constantes et ratos. Quod eo est admirabilius in his stellis, quas dicimus, quia tum occultantur, tum rursus aperiuntur, tum adeunt, tum recedunt, tum antecedunt, tum autem subsequuntur, tum celerius moventur, tum tardius, tum omnino ne moventur quidem, sed ad quoddam tempus insistunt. Quarum ex disparibus motionibus magnum annum mathematici nominauerunt, qui tum efficitur, quum solis et lunæ et quinque errantium ad eandem inter se comparationem confectis omnium spatiis est facta conuersio.

    [Rien n’est cependant plus admirable que les mouvements de ces cinq astres {b} qu’on appelle à tort errants. Nul astre en effet n’est errant parce que, de toute éternité, il observe des mouvements vers l’avant et vers l’arrière, avec une régularité toujours parfaite. Cela est d’autant plus remarquable que ceux dont nous parlons disparaissent par moments puis reparaissent, se déplacent alternativement dans un sens et dans le sens opposé, se lèvent tantôt avant, tantôt après d’autres astres, accélèrent leur mouvement pour le retarder ensuite ou demeurer stationnaires pendant un temps. Cette diversité a conduit les mathématiciens à donner le nom de grande année {c} à une période au terme de laquelle le soleil, la lune et les cinq planètes se trouvent occuper la même situation les uns par rapport aux autres].

  • Juvénal, Satire xiv, vers 33‑37, a déploré la mauvaise influence morale des parents sur leurs enfants :

                                                  Vnus et alter
    forsitan hæc spernant iuuenes, quibus arte benigna
    et leliore luo finxit præcordia Titan,
    sed reliquos fugienda patrum uestigia ducunt
    et lonstrata diu ueteris trahit orbita culpæ
    .

    [Un ou deux peut-être y répugneront, jeunes hommes dont le Titan {d} a façonné le cœur avec un soin complaisant et d’une meilleure argile, mais les autres se laissent guider par les traces paternelles].


    1. En pensant peut-être à la Voie lactée (v. note [2], expérience iv, Nova dissertatio de Jean Pecquet).

    2. Soleil, Jupiter, Mars, Mercure et Vénus.

    3. Autrement nommée année parfaite de Platon (Timée, 39 d) : « Il est néanmoins possible de comprendre comment la véritable unité de temps, l’année parfaite, est accomplie lorsque les huit révolutions mesurées par le circuit et le mouvement uniforme du même, sont toutes retournées à leur point de départ. »

    4. Prométhée, v. notule {c}, note [15], Brevis Destructio d’Hyginus Thalassius, chapitre i.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Lettre de Thomas Bartholin
à Johann Daniel Horst critiquant
l’opinion de William Harvey
sur le chyle (1655), note 37.

Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=1011&cln=37

(Consulté le 08/12/2025)

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