Après être convenu que la lactescence du sérum peut être un phénomène normal, Thomas Bartholin citait deux auteurs qui ne l’ont pas tenue pour telle.
- Operum Medicorum Francisci Joelis Tomus Primus, in quo Universæ Medicinæ Compendium succinctis Quæstionibus et Tabulis comprehensum, et in Academia Graphiswaldensi ante complures annos publicè traditum… [Premier tome des Œuvres médicales de Franciscus Joel : {a} Abrégé de toute la Médecine présenté sous forme de courtes questions et tables, et enseigné publiquement il y a bien des années en l’Université de Greifswald…], section intitulée De Significationibus cruoris vena secta detracti [Informations que fournit le sang tiré par la phlébotomie], loc. cit., page 224, § 3, Colores cruoris quas habent significationes ? [Quelles sont les indications fournies par la couleur du sang ?] : {b}
Ad albedinem vergens color, pituitæ naturalis redundantiam ostendit.
Lacteus color sanguini admixtus nativi caloris extinctentionem ostendit et mortem præsentem minatur.
[Une couleur tirant sur le blanc montre l’abondance de la pituite naturelle.
Une couleur laiteuse mêlée au sang indique l’extinction de la chaleur innée {c} et la menace d’une mort imminente].
- Franciscus (Franz) Joel (Szöllös, Hongrie 1510-Greifswald 1579) a enseigné la médecine à l’Université de Greifswald (ville hanséatique de Poméranie). La première édition de ses Opera Medica compte 6 tomes, parus entre 1616 et 1630.
- Hambourg, Henr. Carsyens, 1616, in‑4o de 282 pages, édité par Matthæus Bachmeisterus, médecin de la République de Lunebourg (Basse-Saxe).
- V. note [10], Dissertatio anatomica, chapitre v.
- Actuarius de Caussis Urinarum [Actuarius sur les Causes des urines], chapitre intitulé De caussa contentorum alborum [Cause de leurs contenus blancs], loc. cit., pages 309‑310 : {a}
Nanque sicuti in sanguine perfectè concocto colamentum appparet subrusum, atque subflauum, cui opus fuit humore colorante, ita oportet considerare quoque in ipsa concoctione, quæ in genere venarum agitur. Si quidem sanguis nondum perfectus generatur cibo succificato in ventre, distributo, atque in hepatis concauitatibus alterato. Sed vbi idem purè alteratus ac perfectus fuerit in genere venarum. Atque ratione compertum est, hîc atque in concoctione quæ in venis excrementum ac inutilem substantiam vrinam esse : illic verò et in concoctione quæ in ventre et intestinis, superfluitatem esse excrementa, ac vtraque signa esse. Quin et vt pus à mediocri concoctione hoc consequitur vt exquisitè album sit, ita ratione compertum est, sanguinem ad album colorem vergi, cùm de colore suo transmutatur legibus naturæ alteratus atque transuersus. Fidem etiam faciunt humores, tum lac, tum semen : quippe quæ de sanguine mutantur in album colorem.
[Puisque dans le sang parfaitement digéré apparaît un sérum rosé ou jaunet, en raison de l’humeur qui le colore, il faut aussi considérer l’influence propre que les veines exercent dans la coction. Après que la nourriture a été transformée en sucs par le ventre, puis distribuée et modifiée dans les parties concaves du foie, elle produit un sang qui n’est pas encore parfait, mais sera purifié et achevé dans les veines. Les preuves de cette double digestion sont fournies par l’excrément et la substance inutile qui sont rejetés dans l’urine, et par les fèces et les matières superflues qui sont éliminées par le ventre et les intestins. De même qu’une coction incomplète provoque la remarquable blancheur, de même le sang vire-t-il au blanc selon les lois de la nature, qui modifient sa couleur quand il est altéré et transformé. Des humeurs comme le sperme et le lait en font foi car elles dérivent du sang en devenant blanches]. {b}
- Operum Tomus primus [Tome premier des Œuvres] (Lyon, 1556, v. note [14], Historia anatomica, chapitre ix).
- Le lait et le sperme sont blancs et dérivent du sang (comme le pus), mais ne doivent pas directement leur couleur au chyle.
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