Toute découverte doit mener à s’interroger sur son originalité et sur la raison de sa nouveauté. C’est ce qu’avait fait Gaspare Aselli dans trois chapitres de sa De Lactibus seu Lacteis Venis Dissertatio : {a}
- Quæsitum de vasorum nostrorum existentia. Primùm verè sint nec ne ? Esse, monstratum fide sensus, et conclusum ratione. Sensuum veritas, et euidentia præ omni ratione est. In eam rem Aristotelis, et Galeni testimonia. Anatomicus non nisi oculis suis credere debet.
[Enquête sur l’existence de nos vaisseaux. Premièrement, est-elle authentique ? Elle repose sur le témoignage des sens, confirmé par le raisonnement. La vérité et la démonstration des perceptions sensorielles prévalent sur le raisonnement. Témoignages d’Aristote et de Galien sur cette question. L’anatomiste ne doit croire que ses yeux].
- Quæsitum alterum, Nouum inuentum sint necne ? Rectè vidisse veteres alia chylo, alia sanguini deberi vasa, illa tamen ignorasse. Erasistratum nouisse, nec agnouisse. Hippocrates, Plato, Aristoteles, Stoici, Herophilus, ipse Galenus, variè illustrati, et explicati. Item Pollux, Rhasis, quidam recentiores.
[Deuxième question : s’agit-il vraiment d’une découverte nouvelle ? Les Anciens avaient bien compris que les vaisseaux du chyle devaient être distincts de ceux du sang, mais ils ne les ont pas vus. Érasistrate les a connus sans les reconnaître. {b} Hippocrate, Platon, Aristote, les stoïciens, Hérophile et Galien lui-même les ont signalés et expliqués de diverses manières, ainsi que de Pollux, Rhazès {c} et certains auteurs plus récents].
- Ex occasione quæstiunculæ duæ. Prima. Quæ causa vt tamdiu latuerunt ? Triplicem videri. Excusati veteres, non Galenus, qui videtur nosse omninò debuisse. Secunda. Cur ita repentè obliterentur et exolescant. Post plures causas allatas res in medio relicta.
[Deux petites questions annexes. 1. Pourquoi les lactifères sont-ils restés si longtemps cachés ? {d} il me paraît y avoir trois explications, {e} et les Anciens ont eu des excuses, mais non Galien, qui aurait absolument dû reconnaître leur existence. 2. Pourquoi se vident-ils et s’effacent-ils subitement ? Plusieurs autres raisons ont conduit à les laisser de côté]. {f}
- Milan, 1627, v. note [1], Experimenta nova anatomica, chapitre i.
- V. note [9], Historia anatomica, chapitre iii.
- Julius Pollux est un rhéteur grec du iie s., natif de Naucratis, auteur d’un Onomasticon en dix volumes, où il a défini le mésentère comme « la membrane qui envoie l’aliment au foie ». V. note Patin 24/101 pour Rhazès (ixe s.).
- Énoncé que Thomas Bartholin a exactement repris.
- Ce sont que : 1. on ouvrait peu les animaux vivants pour en faire l’anatomie ; 2. quand on les ouvrait, on ne le faisait pas au bon moment, ou 3. on prenait les lactifères pour des nerfs (v. infra note [4]).
- Dans la 4e partie de sa Responsio ad Pecquetianos (v. ses notes [18] et [19]), Jean ii Riolan s’est dit convaincu que les aruspices et les naturalistes antiques avaient observé les lactifères abdominaux, mais tenaient cela pour une banalité.
|