Texte : Observationes de Venis lacteis (1655).
2. Lettre de Charles Le Noble
à Jean ii Riolan, seconde partie, note 3.
Note [3]

Charles Le Noble avait entièrement adopté la circulation harvéenne du sang, contrairement à Jean ii Riolan, mais voulait bien sûr le ménager dans la lettre qu’il lui écrivait. {a} Il y introduisait ici les deux chyles, {b} en les insérant chacun dans une des veines caves, supérieure et inférieure, {c} et en imaginant qu’ils facilitent le passage du sang dans la petite circulation, {d} et même à la périphérie de la grande circulation. {e} Hormis le vocabulaire désuet, rien de tout cela n’est radicalement contraire aux fondements de la physiologie moderne qui attribue diverses fonctions, sans doute encore incomplètement élucidées, au chyle et à la lymphe qui se mélangent au sang dans la veine cave supérieure.


  1. Avec sa parenthèse sur le prétendu passage du sang à travers la cloison interventriculaire (v. première notule {a}, note [10], première Responsio de Jean ii Riolan, 6e partie).

  2. Après avoir évoqué la très étroite parenté entre le chyle et la lymphe, dans la grande famille de la pituite, sur laquelle il est longuement revenu dans la suite de sa lettre (v. infra note [13]).

    Contrairement à Le Noble, William Harvey ne croyait pas en l’importance du chyle : v. ses trois lettres sur les Experimenta nova anatomica, écrites en 1652-1655.

  3. Veines caves supérieure pour le chyle liposoluble qui monte dans le canal thoracique, et inférieure pour le chyle hydrosoluble que le foie a transformé en sang (c’est-à-dire en plasma, ou « humidité » du sang) en lui donnant ses esprits naturels (protides et glucides).

    Incapable de faire cette distinction métabolique, qui n’a été bien établie qu’au xixe s. (v. la fin de la Brève histoire du chyle), Le Noble recourait aux notions d’esprits et de fluidité pour expliquer la physiologie du chyle (qui n’avait été clairement mis au jour que trente ans plus tôt, par Gaspare Aselli).

  4. Avant la découverte des capillaires pulmonaires qui unissent les rameaux de l’artère pulmonaire (veine artérieuse) à ceux des veines pulmonaires (artère veineuse), et permettent au sang d’acquérir son esprit vital (oxygène).

  5. Le sang avait perdu « ses esprits » et son « humidité » quand il revenait des extrémités du corps.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Observationes de Venis lacteis (1655).
2. Lettre de Charles Le Noble
à Jean ii Riolan, seconde partie, note 3.

Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=1061&cln=3

(Consulté le 08/12/2025)

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