Texte : Observationes de Venis lacteis (1655).
2. Lettre de Charles Le Noble
à Jean ii Riolan, seconde partie, note 8.
Note [8]

Jean ii Riolan était l’« homme sage » dont Thomas Bartholin n’avait pas daigné recueillir l’avis. La référence à Sénèque le Jeune me semble renvoyer à ce qu’il a écrit sur l’erreur humaine dans son livre iv sur les Bienfaits, chapitre xxxiv :

Non mutat sapiens consilium, omnibus his manentibus quæ erant, quum sumeret. Ideo nunquam illum pœnitentia subit : quia nihil melius illo tempore fieri potuit, quam quod factum est : nihil melius constitui, quam quod constitutum est. Cæterum ad omnia cum exceptione veniet, si nihil inciderit, quod impediat : ideo omnia illi succedere dicimus, et nihil contra opinionem accidere, quia præsumit animo, posse aliquid intervenire, quod destinata prohibeat. Imprudentium ista fiducia est, fortunam sibi spondere. Sapiens autem vtramque partem eius cogitat. Scit quantum liceat errori, quam incerta sint humana, quam multa consiliis obstent. Ancipitem rerum ac lubricam sortem suspensus sequitur, consiliis certis incertos euentus. Exceptio autem, sine qua nihil destinat, nihil ingreditur, et his illum tuetur.

[Le sage ne change pas d’avis si toutes choses demeurent dans l’état où elles étaient quand il s’est prononcé. Ainsi n’est-il jamais sujet au repentir, car il ne pouvait alors rien faire ni décider de mieux que ce qu’il a fait et décidé. Il assortit d’ailleurs tous ses avis de cette restriction : s’il ne survient rien qui me pousse à le changer. Voilà pourquoi nous disons que tout réussit au sage, que rien ne contrarie son opinion, car il prévoit qu’un événement peut le contredire. L’assurance des imprudents se fonde sur leur confiance en la fortune, mais le sage sait qu’elle a deux visages : il connaît le pouvoir de l’erreur, l’incertitude des choses humaines et les nombreux obstacles qui s’opposent à nos desseins ; il suit indécis le sort glissant et douteux des affaires, sachant que ses avis bien arrêtés auront une issue incertaine ; en quoi pourtant, sa clause de réserve le protège car il ne projette et n’entreprend rien sans l’énoncer].

Ce passage a valu à Sénèque d’être indûment tenu pour l’auteur de l’adage errare humanum est, dont le corollaire, perseverare diabolicum, est chrétien (saint Augustin).

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Observationes de Venis lacteis (1655).
2. Lettre de Charles Le Noble
à Jean ii Riolan, seconde partie, note 8.

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(Consulté le 08/12/2025)

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