Les recherches que Jean-François Vincent et moi avons menées ont ouvert plusieurs pistes, dont aucune n’a entièrement abouti.
- Jean Pecquet figure peut-être parmi la quinzaine de membres de l’Académie royale des sciences entourant Jean-Baptiste Colbert lors de leur présentation à Louis xiv en 1666 (tableau de Henri Testelin, conservé au Musée du château de Versailles).
- La Faculté de médecine de Montpellier possède un buste et un portrait de Pecquet (banque d’images de la BIU Santé), mais ils datent du xixe s., sans garantie qu’ils ne soient pas purement issus de l’imagination des artistes qui les ont exécutés.
- La même réserve doit s’appliquer au frontispice du livre de Louis Barles intitulé Les nouvelles Découvertes sur toutes les parties principales de l’homme et de la femme (Esprit Vitalis, Lyon, 1675), où Pecquet figure aux côtés de William Harvey, Frans de Le Boë (dit Sylvius, v. note Patin 13/759) et Thomas Bartholin.
- Le Dr Philippe Albou m’a aimablement transmis ses conclusions sur un autre portrait qui figure dans la collection de l’Académie de médecine : l’ensemble de cette gravure prouve clairement qu’elle a été dessinée en 1764 et représente un grand maître des Eaux et Forêts dénommé Antoine (Antonius) Pecquet (1700-1762).
- Nous avons soigneusement exploré la piste de la dissection d’un renard qui a eu lieu à l’Académie des sciences et a été immortalisée par une gravure de Sébastien Leclerc (1637-1614), imprimée en tête de la préface des Mémoires pour servir à l’Histoire naturelle des animaux, rédigés par Claude Perrault (Paris, Imprimerie royale, 1671). La notice 2916.3, tome 9, page 241, de l’Inventaire du fonds français, graveurs du xviie s. Sébastien Leclerc, établi par le Département des estampes de la Bibliothèque nationale de France et colligé par Maxime Préaud en 1980, identifie quelques-uns des personnages qui y sont représentés, où « les deux opérateurs de la dissection sont peut-être Gayan et Pecquet ».
Le 30 mai 2023, M. Julien Pomart, conservateur au Service des Archives et du Patrimoine historique de l’Académie des sciences, m’a aimablement donné accès au manuscrit original (non signé) du compte rendu de cette séance, illustré de deux dessins de l’estomac et du cœur. Le texte en a été repris presque mot pour mot dans les Procès-verbaux de l’Académie royale des sciences (registre de Physique, année 1668), tome 4, fo 11 vo‑13 vo. La dissection a eu lieu le samedi 28 avril 1668 sur un « jeune renard, qu’on a apporté mort à l’Assemblée ». La structure de ses viscères abdominaux et thoraciques est détaillée, sans mention des voies du chyle (qui étaient bien sûr vides de liquide laiteux). Les opérateurs ne sont pas cités, mais rien de tout cela ne permet de conclure que Pecquet et Gayan en faisaient partie, et que Leclerc les a sûrement représentés sur sa gravure ; ils pourraient néanmoins être deux des quatre personnages qui, au centre de l’image, dissèquent l’animal ou discutent à côté de lui.
Après avoir soigneusement pesé tous ces renseignements, nous avons cru prudent, pour le frontispice de notre édition, de recourir à un fragment d’une autre gravure de Leclerc, datée de 1698, représentant L’Académie des sciences et des beaux-arts, dédiée au roi, mais sans du tout prétendre que Pecquet soit le jeune anatomiste qu’on y voit disséquer un canidé (à gauche, entre un squelette et un schéma des voies optiques). |