Une encyclopédie visuelle de la syphilis

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la syphilis, destructrice des familles

Jusque dans les années 1950, l’hérédité syphilitique était « au nombre des vérités acquises, agréées de tous, supérieure à toute contestation, à toute controverse.» Conséquence de cette erreur, un adulte malade de la syphilis pouvait être tenu, par avance, pour responsable de la destruction de sa descendance. Fournier affirmait que dans un groupe de 500 familles « entachées de syphilis » la mortalité infantile est de 42%. Dans ce contexte, la syphilis n’affectait pas seulement les individus mais la Nation qu’elle menaçait de dépopulation. La collection créée par Joseph Parrot offre de nombreux exemples de syphilis du nouveau-né. Chez l’adulte, les médecins insistaient sur les altérations des dents, marqueurs indélébiles et visibles de la syphilis congénitale, alors considérée par erreur comme héréditaire.

 
Joseph Parrot (1829-1883)
Né le 1er novembre 1829, agrégé en 1860, médecin des Hôpitaux en 1862, chef de service à l’hospice des Enfants-Assistés en 18767, professeur d’histoire de la médecine à la faculté de Médecine de Paris en 1876, membre de l’Académie de médecine en 1878, professeur de clinique des maladies de enfants créée en 1879, mort le 5 août 1883 à Excideuil (Dordogne). Parrot consacra de nombreux travaux aux altérations osseuses observées chez les nouveau-nés syphilitiques, notamment une pseudo-paralysie qui porte son nom. Considérant que les lésions osseuses de la syphilis présentaient des analogies avec celles observées au cours du rachitisme (rachitis), Parrot en concluait à l’origine syphilitique de cette maladie.
Coll bibliothèque inter universitaire de Santé, Paris.
Syphilis héréditaire, syphilides papuleuses et pustuleuses de la face. Nouveau-né
(Ce moulage fait partie de la collection Parrot et non de la collection générale comme indiqué à tort).

« Le nez se prend, et des narines s’échappent une matière jaunâtre qui parfois les obstrue en se figeant à leur entrée. [….] l’enfant dépérit. Bientôt une éruption envahit certaines régions de la peau, toujours les mêmes, à savoir : les fesses, la partie postérieure et supérieure des cuisses, le pourtour de la bouche et des narines et le menton. Sur le limbe des lèvres on voit des fissures et au niveau de leurs commissures, des saillies ulcérées. […] Les macules primitives sont remplacées par des plaques d’une teinte rouge et rosée, un peu violette, qu’on a comparé à celle du maigre de jambon. […] Quand les membres ont ainsi perdu de leur volume […] on constate que l’humérus s’est épaissi et que la face interne du tibia est légèrement bombée. […] Le visage des petits malades prend un aspect hideux et repoussant […] Leurs yeux sont clos, les paupières étant comme soudées ; les lèvres couvertes de fentes profondes, saignent au moindre contact. »
Coll musée de l’hôpital Saint-Louis.
Pemphigus simple. Fillette âgée de trois semaines, 1876.
« Le pemphigus syphilitique est de toutes les éruptions la plus précoce. Le plus souvent e effet elle existe au moment de la naissance et même chez quelques sujets on a pu la faire remonter au 7ème et même au 6ème mois de la vie intra utérine. (…) Chez les nouveau-nés affectés de syphilide bulleuse, leur teinte est hortensia ou violet foncé et l’on y voit des taches vineuses entourées d’une zone rouge-vif dont l’épiderme est soulevé par du liquide qui, s’accumulant au-dessous, les transforme en des bulles de volume variable. »
Coll musée de l’hôpital Saint-Louis.
Joseph Parrot (1829-1883) Syphilis héréditaire, syphilides papuleuses et pustuleuses de la face. Nouveau-né. Pemphigus simple. Fillette âgée de trois semaines, 1876.
Syphilis héréditaire. Syphilides érosives des fesses et de la partie postérieure des cuisses. Nouveau-né.
 
Coll musée de l’hôpital Saint-Louis.
 
 
Syphilis héréditaire, ulcérations et cicatrices consécutives. Garçon âgé de trois mois, 1879. Membres inférieurs 1° Face postérieure, 2° face postéro-externe (deux moulages).
 
Coll musée de l’hôpital Saint-Louis.
Erosions dentaires, dents en gradins, hérédité syphilitique, malade âgé de 20 ans.
« La syphilis héréditaire imprime sur les dents des marques que l’âge ne peut effacer. […] La chronologie et l’intensité de la maladie s’y trouvent inscrites en caractères indélébiles. […] Pour affirmer son existence, leur témoignage est aussi certain que celui des médailles pour fixer certains faits d’une période de l’histoire. L’érosion est le type de la dystrophie représentée par trois aspects : « en cupule : comparables à l’impression que laisserait la pointe d’une épingle sur de la cire molle ; en sillons : comparables au trait que trace la plume sur du papier […] quelquefois multiples au nombre de deux ou trois qui sont alors superposés [dents dites en gradins] ; en nappe : exagérée, cette forme constitue la dent semée de véritables alvéoles [dents en gâteau de miel] »
Coll musée de l’hôpital Saint-Louis.
Syphilis héréditaire. Syphilides érosives des fesses et de la partie postérieure des cuisses. Nouveau-né. Syphilis héréditaire, ulcérations et cicatrices consécutives. Garçon âgé de trois mois, 1879. Membres inférieurs 1° Face postérieure, 2° face postéro-externe (deux moulages). Erosions dentaires, dents en gradins, hérédité syphilitique, malade âgé de 20 ans.