L'Aventure des dents minérales
150 ans de dents prothétiques en céramique
 

Highslide JS

Nouveaux râteliers du
dentiste français.
Thomas Rowlandson à
Londres 1811

Cliquer sur les photos pour les agrandir

QUELQUES DÉFINITIONS

Dans le domaine des dents artificielles il convient de revoir quelques définitions en accord avec les préconisations de la Cité de la Céramique à Sèvres.

Les Céramiques sont des terres d’origine argileuse cuites. Les pièces en céramique sont réalisées par solidification à haute température d’une pâte humide plastique d’origine minérale.

La porcelaine est une céramique d’une pâte à base de Kaolin, de feldspath et de silice, cuite au minimum à 1250°c. Classiquement on distingue la porcelaine dure et la porcelaine tendre en fonction principalement de son taux de silice. D’une manière générale toutes les dents artificielles en céramique sont des dents en porcelaine de par leur composition et cuisson.

Au 18ème le terme de « dent terro-métallique » fut employé en accord avec cette céramique riche en oxydes métalliques, mais difficilement classifiable en porcelaine, car pas assez riche en silice.

Plus tard le terme de « dent minérale » fut aussi beaucoup utilisé et correspond bien à la céramique dentaire.

RAPPEL HISTORIQUE

Resituons les touts débuts des dents prothétiques en céramique, minérales, terro-métalliques comme elles furent nommées à leur naissances.

Dans les années 1770 un apothicaire de St Germain en Laye, Alexis Duchateau, ne supporte plus l’inconfort et les inconvénients de ses prothèses dentaires en ivoire. Sa profession le met souvent en contact avec des céramistes pour différents ustensiles professionnels. Or la porcelaine ne prend pas les odeurs, est inaltérable et relativement résistante. D’où l’idée de se faire fabriquer des dentiers en porcelaine. C’est probablement en 1779 que Duchateau contacte la manufacture de Mr Guerhard, porcelainier rue d’Angoulême à Paris, pour se faire réaliser des dentiers en porcelaine.

De nombreux problèmes techniques de fabrication et d’inconforts buccaux l’amènent à s’associer, d’ailleurs pour une très courte période, avec un dentiste parisien Nicolas Dubois de Chémant (1753- après 1826) pour adapter ses prothèses. Celui-ci reprend les expérimentations à son compte. L’importante contraction de la céramique à la cuisson rend les dentiers inadaptés aux tailles réelles des maxillaires. Il travaille à la confection de prothèses en porcelaine en essayant différentes sortes de porcelaines existantes, comme en témoignera son mémoire pour l’obtention de son futur brevet. C’est alors que Dubois de Chémant a l’idée de réaliser des dents unitaires en porcelaine évitant ainsi l’inconvénient de rétraction massive de pièces unitaires importantes. Dents unitaires qu’il montera sur des bases en ivoire ou mieux sur des bases métalliques. Il comprend que plus un objet est petit, moins la rétraction de la céramique est importante à la cuisson, l’idée lui vient de fabriquer des éléments séparés que l’on assemble par la suite. Il est probablement le premier à mettre ce concept en application pour la céramique.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS
Paire de prothèses monobloc en céramique dites imputrescibles. Fin 18ème.

Highslide JS

Prothèse imputrescible
mandibulaire à barre
cingulaire ajustable.
Fin 18ème.

Highslide JS

Highslide JS
Paire de complets monobloc imputrescibles
avec ressorts de sustentation. ca.1800.

Dubois de Chémant publie en 1788 : « Dissertation sur les avantages des dents et râteliers artificiels incorruptibles et sans odeurs » Puis suivront pendant plusieurs années des rivalités et procès avec de nombreux confrères. En 1790 il travaille en étroite collaboration avec la Manufacture Royale de porcelaine de Sèvres où il dispose d’un petit four pour ses expérimentations. Le 6 septembre 1791 Dubois de Chémant obtient un « Brevet pour 15 ans pour la fabrication de dents et râteliers de pâte crue ». Ce brevet est étayé d’un mémoire du 3 septembre 1791 où il décrit sa démarche expérimentale, la composition et mise en œuvre de sa fabrication. (Pour plus d’information voir sur ce site : 158 dents par Dubois de Chémant à la manufacture royale de porcelaine de Sèvres ). Les archives de la manufacture permettent de déterminer que l’ensemble de ses 158 dents a bien été effectué à cette époque entre le 20 septembre et le 16 décembre 1791.

Avec cette production il faut souligner l’Idée géniale d’équiper ses dents d’un système d’ancrage en fil de platine pour immobiliser ces dents unitaires. Déjà en 1791 Dubois de Chémant connaissait les affinités des coefficients de dilatation entre la porcelaine et le platine. Il utilisa cette particularité dans la fabrication de ses dents car 133 dents sur 158 comportent des anneaux de platine inclus dans la pâte. Le platine est un métal nouveau à l’époque (1748). Il est très tenace, ductile, élastique, peu dilatable avec le même coefficient que le verre. La liaison avec les dents en céramique est donc facilement assurée et stable lors de la cuisson des dents

Ces 158 dents sont toujours conservées au musée de Sèvres. Grâce à l’institut national de la céramique, on a la connaissance exacte de la composition chimique d’une des toutes premières dents artificielles en céramique. Nous avons la preuve de l’emploi du platine par Dubois de Chémant pour les attachements des dents céramique 15 ans au moins avant Fonzi. Cet ensemble étayé par de nombreuses archives et documents complète nos connaissances sur cette période historique pour les progrès de la prothèse dentaire, dont Nicolas Dubois de Chémant est un des personnages clef.

Highslide JS

Nicolas Dubois de
Chémant (1750-1826)

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS
Dents céramique originales parmi les 158 du musée de Sèvres par Dubois de Chémant.
On notera les différents systèmes d’ancrage. Paris 1791.

Puis surviennent de nouvelles péripéties avec ses confrères, notamment Dubois Foucou. En cette période révolutionnaire difficile, les privilèges qui lui sont accordés par la manufacture (fourniture de pâte de porcelaine crue, mise à disposition d’un four de cuisson) lui sont alors retirés. Eprouvé par cette période Dubois de Chémant s’exile à Londres début 1792 et s’installe à Soho, 2 Frith street. Il fait publier en 1797 une traduction en anglais de son ouvrage. Il acquiert une réputation remarquable. Après 1822 il revient s’installer à Paris, au 7 rue Vivienne. On perd sa trace après 1826 car ses dernières années sont assez mouvementées entre Londres et Paris.

Sa technique de la porcelaine céramique en Art Dentaire est complétement divulguée. De nombreuses améliorations seront ensuite apportées notamment par Fonzi, dentiste, céramiste et remarquable commerçant. Dubois de Chémant est à l’origine des débuts d’une fabrication de petites séries industrielles des dents céramique. Il eut peut-être des contacts avec Claudius Ash à Londres, et certainement avec les Etats Unis avec l’apport de ses méthodes en céramique grâce à deux français : Le Breton dans les années 1794-1798, puis A. Plantou en 1817.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS
Plaques estampées avec ancrages soudés pour recevoir dents à tube ou dents à glissières.

 

DUBOIS FOUCOU, FONZI ET LES AUTRES

Nous avons vu que les travaux, les réalisations et publications de Dubois de Chémant avaient entrainé de très vives réactions de confrères parisiens. En effet dès 1788 il doit riposter à différentes attaques, surtout après sa consécration le 6 septembre 1791 par l’obtention d’un brevet pour 15 ans d’exploitation de la céramique pour dents prothétiques. C’est le très puissant Dubois Foucou, dentiste de la Cour, qui au cours de cette période va jouer un rôle important. Un combat pour prévalence de brevets, pour ego surdimensionné, pour être toujours et encore le « premier », le « meilleur ».

Guiseppangelo Fonzi (1768- 1840) est né en Italie dans les Abruzzes. Il apprend son métier de dentiste sur les places publiques napolitaines, voyage beaucoup, passe par l’Espagne et il arrive à Paris en 1795. Avec un vrai sens pratique il s’intéresse aux dents imputrescibles. Il réalise quelques pièces, étoffe les choix esthétiques, et surtout améliore la rétention des dents céramique avec différentes possibilités de systèmes de fixation aux bases métalliques tout en comprenant l’utilité de l’usage du platine. Il serait aussi à l’origine de crochet souple de rétention prothétique.

En 1807, à l’Académie des Sciences, Fonzi présente brillamment tous ses systèmes d’améliorations et d’adaptations prothétiques des dents minérales ainsi que des techniques de réalisations de plaques dentaires métalliques. Ces bases sont des supports pour les nouvelles dents céramique, avec d’importantes améliorations esthétiques par l’utilisation de nouveaux colorants oxydes métalliques et par l’apposition d’une couche de silice translucide pour glasage. Cette remarquable présentation faisant progresser significativement la prothèse dentaire, Fonzi remporte un important succès déchainant une fois de plus certains dentistes parisiens dont Dubois Foucou qui lui lance un véritable défi en 1808. Fonzi lui répond par une lettre ouverte publique très documentée et se permet même de proposer de fournir à tous ses confrères, y compris Dubois Foucou, les nouvelles dents céramique dont ils auraient besoin !

Nous sommes en 1808, c’est la première proposition de vente de dents céramique auprès de dentistes et les vrais débuts vers une production industrielle de dents prothétiques.

Fonzi retournera en Italie, puis dans toute l’Europe et de nouveau à Paris en 1826 pour présenter son neveu comme successeur, de retour à Barcelone en 1836 il y décèdera en 1840. Un véritable européen avant l’heure.

Highslide JS

Giuseppangelo Fonzi
(1768-1840).
Collect. italienne.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS
Exceptionnelles dents originales en porcelaine par Fonzi. Col Burello.

Highslide JS

Highslide JS
Cents originales par Fonzi. Col Manassero. ca.1810.

Highslide JS

Highslide JS
Dents céramique dites à tube, originales par Fonzi.ca 1810.
Col Burello.

On va retrouver Dubois Foucou en 1812 qui, de manière anonyme, organise un concours par l’intermédiaire du « Journal général de médecine, de chirurgie et de pharmacie » visant à répondre à cinq questions « à propos de la porcelaine considérée comme adaptée à la fabrication des dents artificielles ». En Janvier 1814 le journal publie le résultat du concours : seulement deux communications ont été adressées au jury. La première par Maggiolo de Nancy, très intéressé par le sujet et qui remporte la prime. La seconde par Vittorio Cornelio (1755-1830), praticien turinois passionné depuis 35 ans par la céramique, donc lui aussi un précurseur. (Pour plus d’information sur Fonzi, Cornelio et Dubois Chémant consulter notre présentation au sein de la SFHAD) Signalons trois autres dentistes parisiens qui eurent beaucoup d’influence pour les nouvelles dents céramique à cette époque : Joseph Audibran , Christophe François Delabarre et surtout F.Maury . Ce dernier dans son traité de « l’Art du dentiste » de 1833 décrit très précisément sur huit pages les techniques de fabrication des dents imputrescibles.

PRODUCTIONS DE DENTS MINÉRALES ET ÉTABLISSEMENTS DE FOURNITURES DENTAIRES

Nous allons voir que la production et la commercialisation des dents céramique a joué un rôle déterminant pour la création et le développement de certains établissements de fournitures pour dentistes. Tous ces établissements commencèrent leurs activités en ce début du 19ème accompagnant et participant au développement et progrès de la chirurgie dentaire.

Pour Claudius ASH & sons à LONDRES

En 1814 Ash est répertorié « Silversmith and Jeweller, 64 St James street » à Londres, donc comme orfèvre et bijoutier. La tradition veut que ses connaissances d’orfèvre, performant en adaptations de pièces en or, aient amené ce bijoutier à réaliser des prothèses dentaires sur demande (notamment des plaques estampées or avec soudures de rétentions). 1820 serait la date officielle de la fondation de la maison Claudius Ash & sons. En 1835 Claudius Ash & sons se trouve installée au 9 Broad street, Golden square à Londres et en 1840, comme en 1844 à cette même adresse, Claudius Ash & sons est répertoriée « manufacturers of mineral teeth. Il faudra attendre 1859 pour que Claudius Ash & sons, au 6, 7, 8, 9 Broad street, soit enregistrée « manufacturers of mineral teeth and dental materials ». Puis avec une extension rapide et importante au Royaume-Uni comme à l’étranger ce sera en 1865 la sortie du premier catalogue illustré de la firme.

C’est vers 1837 que Claudius Ash organisa sa première fabrication industrielle de dents céramique. Dubois de Chémant a-t-il eu des contacts avec Ash ? C’est assez probable car le monde dentaire était relativement étroit à Londres à cette époque où il exerça plusieurs années.

Donc à l’origine, 1840 1844, cette prestigieuse Maison est bien répertoriée « Manufacturers of mineral teeth ». Dans les premières pages d’un remarquable catalogue de 1853, rareté disponible sur ce site, nous constatons que déjà dans ce premier catalogue les « Mineral teeth » occupent quasiment toute la page 11 avec, remarquons, toujours en page 15 la possibilité de se fournir en dents animales : Sea horse teeth, sea cow teeth, whales teeth !

C’est donc avec une certaine émotion que nous pouvons feuilleter ce remarquable catalogue de 1853 illustrant les débuts prometteurs de la maison Claudius Ash & sons qui jouera un rôle déterminant pendant plus de cent cinquante ans pour la promotion de la profession dentaire dans toute l’Europe.

Dans leur premier catalogue illustré de 1865 on trouve un descriptif de pas moins de six pages sur des dents porcelaine dont « ils sont marchands et fabricants » avec aussi un choix de dents d’importation américaines.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS
Premier Catalogue Ash & sons à Londres avec les pages sur les
mineral and natural teeth, 1853. Une vue des usines britanniques.

Pour Louis Alexandre BILLARD à PARIS

C’est le Dr Louis Alexandre Billard (1808-1884), médecin dentiste, qui fonda à Paris en 1834 la première fabrique de matériels et dépôt dentaire. Il y vendait aussi des dents porcelaine et de l’instrumentation. Dès 1831, très intéressé par les dents minérales, il édita un opuscule :« Des dents minérales, ou considérations générales sur les différentes substances employées à confectionner les pièces dentaires artificielles ». Sans aucun doute cette production de dents a participé au dynamisme de cette maison. On retrouve d’ailleurs encore des dents avec le marquage spécifique de la maison. Son fils E.Billard et son neveu A.Heymen Billard donnèrent un essor tout particulier à cet établissement jusqu’au XXème siècle. Cette maison était suffisamment importante et dynamique pour revendre et importer du matériel d’autres fournisseurs, mais aussi pour produire à partir des années 1870 une fabrication Billard tant en petite instrumentation, qu’en gros matériel comme les fauteuils et meubles.

  • 1842 : 18 rue de l’ancienne comédie. à Paris

  • 1854 : 8 rue cassette

  • 1870 : 29 rue Coquillère (Dr Billard et fils)

  • 1895 : 4 Passage Choiseul (A.Heymen-Billard) son neveu

  • 1896-1919 : Louis LEMAIRE, successeur de Mme Vve Heymen

  • 1919-1963 : André LEMAIRE

Dans le catalogue de la maison de 1895 le choix des dents de la marque ƎB Billard et des dents d’importations américaines, anglaises ou même naturelles ! est considérable.

Highslide JS

Dents porcelaine certainement
par Billard , rue Coquillère
en 1870.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS
Les établissements Billard et leur catalogue 1895.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS

Highslide JS

Highslide JS
Fabrication française de dents minérales : fractionnement
du feldspath, préparation des moules, pression et cuisson
des dents, encartonnage des plaquettes,
contrôles de la production.

 

Pour Samuel Stockton White à Philadelphie

C’est en 1817 que furent vraiment introduites les premières dents en porcelaine céramique en Amérique, de provenance française, par le Dr A.Plantou de Paris et qui fut sans doute aussi le premier initiateur d’une nouvelle production locale de dents artificielles en divulguant les travaux de Dubois de Chémant. Un autre français Lebreton, autre connaissance de Dubois de Chémant, aurait produit aussi quelques dents dans les années 1794-1798. Il n’est pas impossible que John Greenwood en provenance de Londres en 1807 ait aussi importé quelques dents minérales. Vers 1822 Charles W.Peale s’essaya à sortir des dents céramique ainsi qu’Henry Villers de Boston trois ans plus tard. Mais c’est incontestablement Samuel W.Stockton qui dès 1825 à Philadelphie fut le premier à s’imposer par sa production de dents en porcelaine céramique.

Comme en Europe, les praticiens ont vite compris l’intérêt de ces nouvelles dents prothétiques et le sujet était très porteur en innovation, en devenir et donc en volume d’argent à faire. Historiquement il est classique de noter et citer les praticiens américains qui se sont illustrés dans cette promotion des dents minérales : Joseph E.McIllhenny (1826), D.C.Ambler, J.R.Spooner (1828), J.F.Flagg (1830), Shearjashub Spooner ( 1831),Daniel Hardwood, Joshua Tucker (1833), James Alcock, John Allen (1835) et Elias Wildman(1837).

Intéressons-nous plus particulièrement à Samuel Stockton White né en 1822 en Pennsylvanie. Il entre à 16 ans comme apprenti pour cinq ans chez son oncle S.W.Stockton ce fameux fabricant de dents artificielles à Philadelphie depuis 1825. En même temps il suit des stages chez un dentiste le Dr J.De Haven White. En 1843-1844 il s’installe comme dentiste, avec son frère James, tout en continuant à assurer un service en la fabrique de dents minérales. Au début Samuel sculpte lui-même les modèles de dents à cuire, mais devant le succès de la production il se décide, en 1846, à arrêter son exercice dentaire pour se consacrer uniquement à la fabrication des dents céramique et des produits dentaires.

Il s’associe avec Asahel Jones de New York et John McCurdy de Philadelphie pour fonder la société « Jones, White and McCurdy ». Naturellement on ne se limite plus à la production de dents céramique et on se diversifie aussi dans les fournitures dentaires. Développement considérable avec des installations importantes sur tout le territoire des USA : New York, Boston, Brooklyn, Chicago.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS Highslide JS
Samuel Stockton White (1822-1879) et les établissements SSW à cette époque.

Petit aparté avec John Chevalier, coutelier d’origine suisse, qui s’installe en 1833 à New York fabricant et vendant des fournitures exclusivement pour les dentistes. Il fait paraitre un catalogue dentaire en 1855, le premier aux USA. Trois rubriques font mention de dents porcelaine dont il est le représentant et revendeur : Il y mentionne qu’il dispose pour les dentistes de quinze à trente mille dents en magasin !

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS
 Pages relatives aux porcelan teeth du premier catalogue dentaire
américain par John Chevalier à New York en 1855.

Revenons en 1861 avec Samuel qui rachète les parts de ses associés. En 1865 la « Samuel Stockton White Manufacturing Co. » distribue des produits dans le monde entier, compte deux cents employés avec une production mensuelle de 400 000 dents !

Sous l’impulsion de Samuel la société va encore se développer. Lors de son décès en 1879 il sera gravé sur sa tombe : « Gravesite of Samuel Stockton White (1822-1879) dental manufacturer of indestructible porcelain teeth, his S.S.White manufacturing company fonded 1844 was the largest dental supply company in the world. » On retrouve incontestablement dans cette épitaphe l’importance de la fabrication des dents en porcelaine céramique.

Avec son frère et son fils la société continue à s’agrandir et en 1881 elle rachète 60% des parts de la Johnston Brothers de New York, spécialisée dans les fauteuils dentaires et le gaz NO² liquéfié destiné aux anesthésies. La fusion des deux sociétés crée la « Samuel Stockton White Manufacturing Company » bien connue sous la dénomination internationale : « SSWhite » avec le logo SSW insculpé sur son instrumentation. La SSW continue sa progression, en 1911 son capital est de 5 millions de dollars et elle emploie 1700 personnes sur l’ensemble des sites de Staten Island, Frankford et Philadelphie avec des succursales dans toutes les capitales mondiales.

La crise de 1929 entraine des problèmes de production des dents céramique avec des crampons en platine, métal devenu trop cher, de plus de nouvelles lignes esthétiques voient le jour et la demande chute avec une concurrence importante. SSW ferme sa division de dents artificielles céramique en 1937 laissant le terrain à des sous-traitants. On abandonne les origines de la société. « Business is business ! ».

En 1905 avait été créée une « industrial division » spécialisée dans les câbles gainés flexibles de transmission, qui étaient à l’origine du succès des tours dentaires à pédale. Cette division sera très active pendant la deuxième guerre mondiale. La SSWhite dans les années après-guerre développe d’excellents concepts devenant incontestablement la plus grande société mondiale dentaire. Elle est le plus important employeur de Staten Island.

Puis différentes circonstances feront en sorte qu’en 1968 la SSW abandonnera définitivement le domaine dentaire pour se consacrer à son industrial division qui deviendra en 1988 la « S.S.WhiteTechnologies. Inc. » société toujours en activité.

Ces trois évocations historiques nous rappellent l’importance du département des dents céramique dans la création et le brillant devenir de ces trois sociétés internationales.

Acquisition par l’ASPAD d’une collection de dents minérales

Après cette approche historique de cette époque bien connue des historiens nous nous apercevons qu’en réalité dans les collections il existe assez peu de matériel, et notamment de dents minérales, à notre disposition pour cette période 1780-1914

Nous avons eu la chance de pouvoir repérer et récupérer toute une collection de plus de deux cents dents minérales unitaires datables de la première moitié du XIXe siècle permettant d’apprécier la grande variété de production des dents céramique : nombreux modèles de dents unitaires, prothèses complètes entièrement en céramique d’une seule pièce montées avec leur antagoniste en articulation, prothèses partielles et plaques estampées avec montage de dents unitaires. Seuls quelques marquages permettent d’en attribuer avec certitude à la maison Billard de Paris. Cet ensemble remarquable fut présenté lors d’une exposition temporaire « Frammenti di storia » organisée par le Pr Fernando Gombos au musée Correale de Sorrente en 2012 et toujours visible sur expo92.htm. Un collectionneur turinois y présentait aussi un ensemble de dents minérales venant avec certitude, par l’intermédiaire du Dot. Vincenzo Guerini, des séries originales de Fonzi.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS
Ensemble de dents en porcelaine céramique de fabrications artisanales avec différents
systèmes d’attachements difficilement datables précisément, mais certainement 19ème.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS
Ensemble de dents en porcelaine céramique 19ème avec leurs différentes
combinaisons d’attaches parmi des dents diatoriques destinées à la vulcanite.

On peut essayer de distinguer cinq périodes pour la production des dents céramique prothétiques :

  • 1780-1820 : Les touts débuts, les expérimentations. Les pionniers.
  • 1820-1850 : Les premières préséries.
  • 1850-1900 : Dents minérales industrielles petites séries. La vulcanite.
  • 1900-1940 : Dents minérales industrielles : rush prothétique.
  • 1950-2000 : Nouvelles céramiques dentaires et haute qualité

Il est difficile, même avec une certaine expérience, de classer des dents dépareillées dans ces cinq périodes. Le Dr James Leon Williams, d’origine américaine et installé à Londres, fait paraitre en 1911 une étude qui révolutionne la fabrication des dents artificielles. Il a en effet découvert que les quatre premières incisives haut et bas des populations de toutes les races se répartissent en trois grands types de formes et que la configuration des dents s’harmonise avec le type facial d’une population donnée. Les types de formes des dents artificielles seront désormais standardisées dans le monde entier suivant les critères de Williams.

Pour prouver l’importance de plus en plus grande des dents prothétiques pour le commerce dentaire examinons quelques chiffres vertigineux. La production mondiale de dents céramique en 1914 fut de 121 millions de dents : 80 millions aux USA, 20 millions en GB, 18 millions en Allemagne. En 1922 elle atteint 700 millions de dents ! La Dentsply Co. USA sortira pour l’année 1954 : 92 799 000 dents. En 1959 elle produira 250 000 à 400 000 dents par jour ! En 1865 c’était la production mensuelle de SSWhite.

Mais la céramique dentaire, malgré son importance, n’est pas limitée aux plaquettes de dents artificielles. De nombreuses innovations vont permettre des restaurations fixes complétement en céramique ouvrant la voie à toute une spécialité qui fera de la céramique dentaire le procédé de choix pour encore de très nombreuses années. Evoquons simplement quelques débuts de travaux de pionniers.

Le dentiste Murphy de Londres publie en 1837 une brochure signalant qu’il exécute depuis deux ans, donc dès 1835, des obturations invisibles sur dents antérieures, les premiers inlays céramiques, en réalisant des cuissons de pâte basse fusion dans des moules en feuilles de platine.

  • En 1889 C.H. Land dépose un brevet pour : « All porcelain Jackett crown ».
  • En 1898, promotion d’une technique fiable de réalisations d’inlays porcelaine par céramique basse fusion par N.S. Jenkins.
  • En 1901 C.H. Land propose une haute fusion porcelaine pour Inlay et Jackett crown.
  • En 1903 Spadling de Detroit réclame la paternité pour sa Jackett crown porcelain.
  • En 1908, 1920, 1928 productions de nouveaux fours électriques destinés à l’élaboration de la céramique fixe.

Four à céramique de Plaschick, commercialisé par Ash&sons C1890. Un des premiers fours à t° vraiment contrôlable.

Highslide JS Highslide JS

Four à céramique dentaire par SSWhite. Four à pyromètre de grande précision ca1920. D’une grande fiabilité a figuré, avec adaptations techniques, sur catalogue de 1914 à 1950.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS
Four à céramique dentaire atmosphérique Novex 1930-40 à pyromètre de commande.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS
Coffret à poudre céramique dentaire : SSWhite fusing porcelain. Ca 1930.

Highslide JS

Highslide JS
Coffret à céramique dentaire :
The Amagalmated dental co. lmtd
et Ash & sons United Kingdom 1940.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS
Nécessaires de poudres colorantes pour teinture et maquillage céramique. 1930-1950.

PRÉSENTATION D’UNE BOITE RÉSERVE DE DENTS PORCELAINE CÉRAMIQUE

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS
Boite à dents porcelaine céramique prothétiques 1920-1950
avec son verrouillage et ses différents tiroirs dont certains sont chargés de cire.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS
Dents Diatoriques dTrey USA. Plaquettes de bouches
complètes petites et grandes tailles. 1890.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS
Dents Solila, fabrication The dentist’s supply co.NYork .ca. 1900.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS
Dents Revelation diatorics par de Trey mais faites en France. Ca 1920.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS
Dents céramique Stella. Anatomical diatorics, réalisées en France par Atlantic. Dents suisses. Facettes porcelaine par Atlantic codental, France pour l’exportation.1950

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS
Dents céramique Solarex : The dentist supply company of NY.USA 1940. Facettes acier pour montage esthétique .Berlin 1960. Premières dents Vita vers 1930. Allemagne.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS
Dents à tube Steen & Zeck. Dents à tube Recta. Allemagne.1930. Dents à tube de Trey anatoform USA 1930

 

PRÉSENTATION D’UNE SÉRIE DE TEINTIERS DENTAIRES

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS
Teintier exceptionnel de la céramique du Dr N.S. Jenkins, vers 1895

Highslide JS

Highslide JS
Teintier céramique et vulcanite Cl. ASH,
Caplain StAndré. Paris ca1900.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS
Teintiers dit à effacement par SSWhite 1886-87.

Highslide JS

Teintier céramique
SSWhite 1910.

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS
Teintiers dents céramique. Ca1920.

Highslide JS

Highslide JS
Teintier pour céramique de montage Justi, USA 1930. Teintier céramique Verodens. Ca.1900

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS Highslide JS

Highslide JS

Highslide JS Highslide JS
Highslide JS Highslide JS Highslide JS
Teintiers dents acryliques, après 1950.

Highslide JS

Teintier Vulcanite dentaire Alston brand dental rubers par ADCL UK vers 1900.

CONCLUSION

Ces cent cinquante premières années de dents en céramique ont offert un remarquable tremplin pour l’Aventure des dents minérales qui continue avec toutes les nouvelles céramiques dentaires modernes. Matériau exceptionnel par ses qualités et possibilités techniques, matériau toujours d’avenir avec déjà un certain passé, la Céramique n’a pas fini de nous étonner et surtout de nous rendre le sourire.

DOCUMENTATION PHOTOGRAPHIQUE DE L’ASPAD

     

 

Le site Web de l'ASPAD est une réalisation du Service informatique de la BIU Santé (Bibliothèque Interuniversitaire de Santé, Paris)
Textes et images >© 2016 ASPAD - Reproduction interdite sans autorisation.