Texte : Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli
(1651)
Chapitre ix

Note [1]

« La nature a horreur du vide » est un principe aristotélicien {a} que René Descartes {b} a repris, mais que Blaise Pascal a rejeté dans la préface des ses Expériences nouvelles touchant le vide…, {c} en commentant la découverte d’Evangelista Torricelli : {d}

« Cette expérience ayant été mandée de Rome au R.P. Mersenne, {e} minime à Paris, il la divulgua en France en l’année 1644, non sans l’admiration de tous les savants et curieux ; par la communication desquels étant devenue fameuse de toutes parts, je l’appris de M. Petit, intendant des fortifications et très versé en toutes les belles-lettres, qui l’avait apprise du R.P. Mersenne même. Nous la fîmes donc ensemble à Rouen, ledit sieur Petit et moi, de la même sorte qu’elle a été faite en Italie, et trouvâmes de point en point ce qui avait été mandé de ce pays-là, sans y avoir pour lors rien remarqué de nouveau.

Depuis, faisant réflexion en moi-même sur les conséquences de ces expériences, elle me confirma dans la pensée, où j’avais toujours été, que le vide n’était pas une chose impossible dans la Nature, et qu’elle ne le fuyait pas avec tant d’horreur que plusieurs se l’imaginent.

Ce qui m’obligeait à cette pensée était le peu de fondement que je voyais à la maxime si reçue que la Nature ne souffre point le vide, qui n’est appuyée que sur des expériences dont la plupart sont très fausses, quoique tenues pour très constantes ; et des autres, les unes sont entièrement éloignées de contribuer à cette preuve, et montrent que la Nature abhorre la trop grande plénitude, et non pas qu’elle fuit le vide ; et les plus favorables ne font voir autre chose, sinon que la Nature a horreur pour le vide, ne montrant pas qu’elle ne le peut souffrir. »


  1. V. note [13], Dissertatio anatomica, chapitre viii, pour les quelques philosophes qui ont âprement débattu sur l’horror vacui, que Jean Pecquet préférait appeler metus vacui [peur du vide], mais ma traduction a préféré le terme consacré d’« horreur du vide ».

  2. V. infra note [12].

  3. Paris, 1647 (v. notule {f}, note [18], Dissertatio anatomica, chapitre viii), Au lecteur, 2e et 3e pages.

  4. À Florence, v. notule {c}, note [6], Dissertatio anatomica, chapitre viii.

  5. V. notes [4] de la lettre de Pierre de Mercenne pour Marin Mersenne (1599-1648), et Patin 36/469 pour Pierre Petit (1594-1677).


Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli
(1651)
Chapitre ix, note 1.

Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=0029&cln=1

(Consulté le 08/12/2025)

Licence Creative Commons "Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.