Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre v
Note [2]
Thomas Bartholin renvoyait à deux commentateurs d’Hippocrate au xviie s.
Quomodo lac generari incipiat in vtero gerentibus docet hòc in loco Hipp. ea occasione ; quia absoluta formatione fœtus moueri incipit, et eodem tempore lac in mammis apparet. Vndè vera lactis materia demonstratur, eiusque efficiens causa. De materia inquit, esse pinguissimum ex cibis, et potibus, quod à ventriculo expressum prosilit in omentum, et carnem, et indè fertur ad mammas, quam quidem materiam recepit lib. Morb. Mul. sect. 3. vers. 341. dulcissimumque humorem ex cibis, et potibus appellat. Exprimitur autem succus à ventriculo, comprimente vtero ex fœtu in tumorem elevato. Hunc succum primum suscipiunt, et omentum, et circum sitæ carnes, potissimum verò, quæ sunt in humeris, nam hæc pars præ alijs crassior est, et carnosior, et hanc specialiter indicauit il illa sententia lib. 2. Epid. sect. 3. vers. 130. in hunc modum registrata : A cibis, et potibus humeri, et mammæ inflantur : in cuius explicatione eo in loco demonstrauimus, quod nuper dicebamus præcipuum receptaculum materiæ lactis esse humores, à quibus mulieres in actu suctionis eam descendere sentiunt manifestè. Huiusmodique receptacula materiæ lactis destinavit natura, ne in ventriculo diutius retenta in Chylum transmutaretur, et minus apta redderetur transmutari in lac, in hisque receptaculis materia, hæ non modo adseruatur, sed ad lactis formam suscipiendam disponitur mediante caliditate, quæ dictis partibus ab vtero impartitur : quæ quidem dispositio longè diuersa est ab ea, quæ cibis, et potibus communicatur à ventriculo, et ideò huius opifex calor existit ; qui ab hepate per amplexum ventriculo communicatur : illius verò, caliditas ab vtero proueniens.[Ici, Hippocrate {b} saisit l’occasion d’enseigner que la production de lait commence dans l’utérus des femmes enceintes : le fœtus commence à bouger une fois qu’il est entièrement formé et le lait apparaît dans les mamelles au même moment ; d’où il démontre la véritable matière du lait et sa cause efficiente. Quant à la matière, dit-il, c’est la partie la plus grasse des aliments solides et liquides, que l’estomac extrait et envoie dans le péritoine et dans la chair, pour être portée aux mamelles ; et au livre i des Maladies des femmes, il appelle cette matière la plus douce humeur extraite des mets et des boissons. C’est la masse du fœtus qui, en élevant l’utérus, fait sortir ce suc de l’estomac. Il est d’abord puisé par le péritoine et les chairs environnantes, mais surtout par celles des épaules, car cette partie est plus épaisse et charnue que les autres, comme il l’a spécialement notifié dans cette sentence du livre ii des Épidémies : Les épaules et les mamelles s’enflent des aliments solides et liquides. Dans l’explication de ce passage que nous donnerons bientôt, nous avons démontré qu’il s’agit du principal réceptacle de la matière lactée, d’où les femmes sentent s’écouler les humeurs lors de la tétée ; et la nature a destiné la matière du lait à ces réservoirs pour qu’elle ne soit pas très longtemps retenue dans l’estomac et ne se transforme pas en chyle, ainsi rendue moins apte à devenir du lait ; elle y est non seulement préservée, mais disposée à prendre la forme du lait grâce à la chaleur qui lui est transmise par l’utérus ; et sa qualité est très différente de la chaleur que l’action de l’estomac transmet aux nourritures].
Ni Marziano ni Castellus n’expliquent exactement par quelles voies le chyle passerait du tube digestif dans les mamelles ; et pour cause, car une telle communication n’existe chez aucun mammifère.
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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