Note [28]
Physiologie de Jean Fernel, livre vi, chapitre vii, Du sang, et comme il est contenu dedans les veines (pages 574‑576) : {a}
« [Le sang] est distingué par cette différence des autres humeurs, qu’étant séparé d’icelles et étant tombé des veines au dehors, ou dedans le ventre, ou dedans la vessie, ou dedans la matrice, ou dedans les intestins, ou dedans la capacité du thorax, ou soit qu’il tombe enfin dans une autre partie, il se prend et se fait en grumeaux, ce que n’ont point les autres humeurs. Or, la prochaine et la continente cause de sa concrétion ou caillement, ce sont les fibres qui sont contenues et confuses dedans le sang de tous les animaux […]. Et s’il ne pouvait point du tout cailler ni prendre, il n’aurait point aussi la vertu et le pouvoir de nourrir le corps, et de le changer et convertir en une substance plus solide. {b}Les fibres sont si exactement et si soigneusement confuses avec le sang, et tellement mêlées, que dedans un sang chaud, l’on ne les peut point du tout reconnaître avec les sens, ni en celui qui est déjà caillé et congelé par le froid. Toutefois, on a accoutumé de les diviser et séparer de cette façon et manière : ou en le passant par un linge chaud et tiède, ou en le remuant par une fréquente agitation, avec un bâton ou avec la main, tant qu’il soit refroidi, tout de même que les femmes ont accoutumé de faire et composer le boudin. Et même aussi, quand on a incisé la veine malléole du pied, {c} on a accoutumé de laisser couler le sang dedans un bassin plein d’eau tiède ; incontinent qu’elle est refroidie et qu’elle a été un peu en repos, elle est toute teinte de la plus pure portion du sang, et ces fibres tombent au fond, étant du tout adhérentes et blanches ; {d} lesquelles ont fait tomber plusieurs en erreur par la ressemblance qu’elles ont à la pituite amassée ensemble ; et toutes les fois qu’elles en auront été ôtées et soustraites, le reste du sang sera beaucoup éloigné de se cailler et de se prendre, à quoi il serait autrement porté de soi et de sa nature, comme aussi de l’excellente vertu et faculté de pouvoir nourrir.
Le chyle contracté dès la première coction des fibres du ventricule, {e} lequel étant presque tout nerveux, il lui communique en quelque façon sa substance, {f} et telle que nous le voyons en plusieurs choses qui sont rendues par le vomissement, et dedans les propres et particuliers excréments du ventricule {e} et des intestins, c’est à savoir en ceux qui < sont > très fort pituiteux, lents et gluants ; et en après le chyle étant tombé dedans le foie, il acquiert la véritable substance et couleur du sang. C’est pourquoi le sang tire du ventricule {e} la vertu et la faculté de se prendre et de se cailler, {f} par l’erreur et le vice duquel tout le corps devient presque pour l’ordinaire tout sec et aride, le sang étant privé et destitué des fibres. »
- Édition française de Paris, 1655 (v. notule {a}, note [3], Dissertatio anatomica, chapitre xii).
- Le sang procure au corps de quoi former les fibres (protéines) qui lui confèrent sa solidité (principalement le collagène).
- Saignée de la veine saphène, à la cheville, v. note [2], Historia anatomica, chapitre xiii.
- Inextricable combinaison de coagulation et d’hémolyse.
- Estomac.
- Passage que Jean ii Riolan critiquait, en dépit de tout le pieux respect qu’il avait pour Fernel.
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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