Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
Responsio ad Pecquetianos
2e de 6 parties
Note [3]
Rana Seriphia [Une grenouille de Sériphos], Βατραχος εκ Σεριφου, est un adage antique qu’Érasme a commenté (no 431), {a} après Pline l’Ancien (Histoire naturelle, livre viii, chapitre lxxxiii, Littré Pli, volume 1, page 356) :
Cyrenis mutæ sunt ranæ, illatis e continente vocabulis durat genus earum. Mutæ sunt etiam nunc in Seripho insula. Eædem alio translatæ canunt : quod accidere et in lacu Thessaliæ Sicendo tradunt.« À Cyrène, les grenouilles étaient muettes, et cette espèce persiste, bien qu’on y ait transporté du continent des grenouilles coassantes : elles sont muettes encore aujourd’hui dans l’île de Sériphe, et, transportées ailleurs, elles coassent ; ce qui arrive aussi, dit-on, dans le Sicendus, lac de Thessalie. »
- In homines mutos et canendi dicendique prorsus imperitos dicebatur. Inde natum, quod Seriphiæ ranæ in Scyrum deportatæ non edebant vocem.
[Se disait des gens peu causants, tout à fait incapables de chanter et de déclamer. Cela est venu des grenouilles de Sérifos qui, une fois transportées à Syros, n’émirent plus un son].
Sérifos et Syros sont deux îles des Cyclades.
Jean ii Riolan recourait à cette circonlocution pour prétexter que son service auprès de Marie de Médicis lui imposait une obligation diplomatique de réserve. Il avait été le premier médecin de la reine déchue depuis son bannissement (1632) jusqu’à sa mort (1642). Ses errances européennes la menèrent à Londres de 1638 à 1641, auprès de sa fille, Henriette-Marie, épouse du roi Charles ier de Grande-Bretagne. Cela avait sûrement donné à Harvey l’occasion de rencontrer Riolan, dont les idées hostiles à la circulation n’étaient probablement pas encore fixées. Les vives critiques qu’il avait exprimées dans son Encheiridium anatomicum et pathologicum (1649) avaient dû surprendre Harvey qui y riposta par ses deux Exercitationes (même année, v. supra note [2]). Riolan y avait répondu en 1652 (v. note [14], première Responsio, 2e partie).
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.