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Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
Responsio ad Pecquetianos
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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte. Jean ii Riolan Responsiones duæ (1655), Responsio ad Pecquetianos, 2e de 6 parties

Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=1055

(Consulté le 24/03/2025)

 

[Page 69 | LAT | IMG]

Riolan a eu de légitimes raisons d’écrire contre Harvey, Highmore, Gassendi, Pecquet, Guiffart, Schlegel ou Bartholin dans ses Opuscules anatomiques[1][1][2][3][4][5]

Quand il a eu en mains mon Manuel anatomique[6] Harvey a écrit son premier Essai anatomique sur la Circulation du sang, contre Riolan[7] Au début du livre, il « complimente cet homme pour avoir heureusement achevé un ouvrage parfaitement digne des plus hautes louanges car il fait voir les sièges de toutes les maladies, ce qui ne peut être accompli sans un divin génie. Un tel dessein convient au prince des anatomistes, car il n’y a pas de science sans connaissance préalable, ni de savoir solide et sûr qui ne tire son origine des sens. En une si importante matière, il ne faut en effet pas négliger l’opinion d’un homme d’une telle valeur (que les pecquétiens en prennent bonne note) qu’on estime sans peine être le prince et le coryphée de tous les anatomistes de ce siècle, et dont le seul avis, qu’il soit favorable ou défavorable, doit être considéré et avoir plus de poids que les approbations ou les blâmes de tous les autres. » Et [Page 70 | LAT | IMG] Harvey conclut ainsi son essai : « Puisse votre remarquable livre vivre éternellement et, plus impérissable que le marbre, exposer votre gloire à la postérité. Vous avez su avec admirable élégance y unir l’anatomie à la pathologie, et très généreusement enrichir l’ostéologie avec des faits nouveaux et extrêmement utiles. Courage donc, très éminent Monsieur, et aimez-moi ! Je vous souhaite une longue et heureuse vieillesse, avec le vœu que tous vos excellents écrits vous assurent une gloire éternelle. » [2]

Voyez donc de quels glorieux titres Harvey honore Riolan. Je lui ai répondu avec la plus grande amabilité et modestie. [8] Pendant mon séjour en Angleterre, Harvey m’a très souvent invité à lui faire part de mon opinion sur la circulation du sang. Je n’ai pas pu lui présenter librement mes raisons de douter parce que j’y étais alors réfugié avec la sérénissime reine que je servais et accompagnais dans son exil, [9] et que ce pays est ennemi des Français : comme dit Pline, in Seripho insula mutæ sunr ranæ, aliò translatæ canunt[3][10]

Quand Harvey, dans son livre sur la Reproduction des animaux, page 154 de l’édition anglaise, a fermement affirmé que « nul n’a pu rejeter l’admirable mouvement circulaire du sang, que j’ai découvert voilà déjà longtemps, ni s’y opposer en quelque manière qui mérite réponse », [11] j’ai plus attentivement relu le premier de ses deux Essais sur la circulation du sang, et cela m’a incité à réécrire contre lui car je voyais qu’il avait négligé ma réponse. [4][12]

L’Anglais Highmore [13] a écrit une Anacephalæosis sur la circulation de la totalité du sang dans l’ensemble du corps, jusqu’à ses plus petites parties. Quiconque est peu [Page 71 | LAT | IMG] aguerri en anatomie tiendrait pour parfaitement vrai tout ce que Highmore raconte sur les anastomoses des veines et des artères, [14] qu’il a soigneusement explorées et fort diligemment illustrées de figures, en vue de prouver la circulation du sang, car c’est à la demande du « sérénissime médecin », M. Harvey, qu’il a publiquement exposé sa Disquisitio anatomica à la censure, ce qui montre que ce très savant homme ne l’a pas jugée indigne de voir le jour. Pour ma part, j’ai néanmoins très manifestement prouvé que tout cela est tout à fait faux sur bien des points et n’a pas été décrit à partir du livre de la nature, c’est-à-dire du corps humain, mais a été entièrement copié des figures de Vésale[5][15]

Je suis franchement et sincèrement de même avis que le très brillant Liceti, excellent philosophe et très savant médecin, disant que la recherche sur la circulation du sang est « un pur et simple mystère de l’anatomie et de la médecine » ; [6][16] et puisque je vois M. Gassendi, professeur royal qui est très savant philosophe et éminent mathématicien, s’égarer profondément quand il explique la circulation à sa manière, « en espérant qu’un autre l’éclaircira grandement pour lui », j’ai publié, pour répondre à son vœu, des Notationes sur ses écrits. [7][17]

Pecquet a ensuite disserté sur la circulation du sang dans le même esprit qu’Harvey, mais avec insigne ignorance, [18] et a proposé son paradoxe sur les veines lactées du thorax [19] qui confère au cœur le premier rôle dans la sanguification du sang, [20][21] en l’ôtant au foie, contrairement à ce que tous les médecins et les autres explorateurs des œuvres de la nature ont su et confirmé depuis que le monde est monde. J’ai exposé [Page 72 | LAT | IMG] mes arguments contraires dans la préface de la première Réponse que je lui ai faite. [22]

Tandis que je confiais à l’imprimeur ladite réponse aux Experimenta nova anatomica de Pecquet sur les veines lactées, M. Pierre Guiffart, très savant médecin de Rouen, [23] m’a fait cadeau de son livre, en y joignant une lettre qui m’invitait à l’examiner. Après l’avoir lu et évalué, je n’ai pu garder le silence, et c’est la raison de mon Avertissement à Pierre Guiffart sur la nouvelle fonction du cœur. [8]

Enfin, quand Schlegel a su de Riolan, dont il reconnaît avoir été disciple en anatomie, qu’il allait écrire sur la circulation du sang et répondre à Harvey, il a dû attendre pendant dix-sept ans ma Dissertation sur ladite circulation, qu’il avait apprise de la bouche même d’Harvey. Le zèle de ce maître a convaincu tout le monde, chacun adhère à sa doctrine, la loue, l’imite, et face à elle, tous les dogmes des autres se glacent et perdent toute valeur. Schlegel a donc épousé la cause de Harvey, mais avec une préface qui honore Riolan, qu’il appelle « prince de l’anatomie » et à maintes reprises « le monarque, le phénix des anatomistes » ; et il lui adresse ces louanges à la page 6 : « J’ai toujours fait le plus grand cas de Riolan et de son mérite, car il m’est impossible de ne pas répéter ici ce que j’ai dit ailleurs. Quiconque a lu les autres livres d’anatomie où Riolan n’a pas été cité, aura encore beaucoup à apprendre ; et quiconque voit Riolan disséquer seul et de ses propres mains, n’a pas besoin d’autres maîtres pour devenir un habile anatomiste. » [9][24] Prenez bonne note de ces mots, Messieurs les acolytes pecquétiens[25][26]

J’ai été contraint de déclarer tout cela pour faire voir que mes adversaires sont des imposteurs et [Page 73 | LAT | IMG] de très insignes menteurs. Au livre iii des Épidémies, Hippocrate a porté un brillant jugement sur la correction des écrits récents : « Je regarde comme une partie importante de l’art de la médecine l’habileté à porter un juste jugement sur ce qui est écrit. Celui qui en a la connaissance et qui sait en user ne commettra pas, à mon sens, de graves erreurs dans la pratique. » [27] Il y a aussi ce passage mémorable dans son lire i du Régime : « Si, parmi ceux qui ont écrit sur le régime à suivre pour la santé, quelqu’un me paraissait, prenant la droite voie, avoir traité de tout complètement, autant que le peut concevoir l’entendement humain, il me suffirait, profitant du travail d’autrui, de reconnaître ce qui est bien et de m’en servir suivant l’utilité apparente de chaque chose. Il arrive toutefois que beaucoup se soient occupés de ce sujet, mais qu’aucun n’ait su exactement quel devait être l’objet de son travail : les uns ont traité une partie, les autres une autre ; aucun des devanciers n’a embrassé l’ensemble. Certes, il ne faut alors blâmer aucun d’eux de n’avoir pu faire la découverte ; il faut plutôt les louer tous d’avoir entrepris la recherche. Ainsi je ne me prépare pas à relever ce qui n’a pas été bien dit, mais je suis disposé à m’associer à ce qui a été judicieusement reconnu. Il n’est pas possible que j’écrive bien sur les choses que les devanciers ont bien dites, si je veux en écrire autrement. Quant aux choses mal dites, si je les réfute, montrant qu’il n’en est pas ainsi, je n’aurai rien obtenu. Cependant, si j’explique en quoi chaque chose me paraît bonne, j’aurai démontré ce que je veux démontrer. Je me sers de ce préambule pour montrer que beaucoup, s’ils ont entendu une explication antérieure sur un objet, ne veulent plus entendre sur le même objet une explication postérieure, ne sachant pas que l’intelligence est la même à connaître ce qui est bien dit et à découvrir [Page 74 | LAT | IMG] ce qui n’a pas encore été dit. Ainsi donc, comme je l’ai annoncé, je m’associerai aux bonnes choses ; je montrerai, pour les mauvaises, ce qu’il en est ; et pour celles que nul des devanciers n’a essayé d’exposer, je ferai voir ce qu’il en est aussi. » [10][28]

Le même Hippocrate a jugé qu’en médecine il est permis et honnête de relever les erreurs des autres : pour s’opposer aux médecins de Cnide, il a écrit contre son gré le livre du Régime dans les maladies aiguës, et je dis contre son gré parce que, explique-t-il, « les désaccords des médecins entre eux rendent leur art incertain, comme est celui des devins. » [11][29] Au livre i des Fractures[30] particule 9, il a aussi blâmé les médecins qui réduisaient mal les fractures du bras et présenté l’argument d’un autre qui se fonde sur la position des archers. Dans ses commentaires, Galien remarque : « Emprunter ainsi l’exemple des archers doit être considéré comme tout à fait stupide, et Hippocrate aurait mieux fait de ne pas le citer que de le critiquer avec la plus grande vigueur, car ce qui est complètement idiot doit plutôt inciter à rire qu’à en écrire une réfutation. Je n’interdis pourtant pas le moins du monde que, de leur vivant, on argumente contre les auteurs, surtout quand l’un d’eux convainc ceux qui l’écoutent en leur contant des sornettes, afin qu’ils se consacrent à mieux soigner la personne humaine. Il nous arrive même parfois de nous contredire aussi quand nous attaquons les sottes opinions que nous voyons bien des gens tenir pour vraies. » [12][31] Prenez bonne note de ce passage, Messieurs les acolytes pecquétiens.

Sur l’exemple d’Hippocrate, Galien a relevé et corrigé les innombrables erreurs des médecins au début de son livre sur la Dissection des muscles, où il expose ce qu’il pense des ouvrages anatomiques de Marinus[32] Ælianus[33] Pelops[34] Lycus ; [35] plus que celles de tous les autres, [Page 75 | LAT | IMG] il a corrigé les erreurs de ce dernier, parce que ses écrits étaient communément tenus pour absolument parfaits. [13][36] Il remarque, dans le livre ii de l’Utilité des parties, que les œuvres de ceux qui se disent anatomistes sont emplies d’erreurs, sur lesquelles il promet un livre. [14][37]

Riolan a donc suivi les conseils d’Hipocrate et Galien sur la nécessité de lire et examiner les écrits des anatomistes.

———— Stulta est clementia cùm tot
Occurras scriptis, perituræ parcere chartæ.
Quid Romæ faciam ? mentiri nescio, librum
Si malus est nequeo laudare et poscere
[15][38]

Je n’ai composé mes ouvrages anatomiques ni en mettant sous mon nom ce que j’aurais emprunté à d’autres, ni en blâmant injustement les découvertes d’autrui dont j’ai établi que je les approuvais. J’ai une reconnaissance infinie envers les auteurs éprouvés parce que, grâce à l’admirable ingéniosité qu’ils ont déployée en leur temps, il ont rendu nos plumes plus fécondes et plus alertes ; et que grâce à la confiance que de tels auteurs nous inspirent, nous avons osé fonder et mettre au jour une nouvelle description du corps. Pour tisser la mienne, j’ai lu tous les anatomistes qui m’ont précédé, j’ai médité sur leurs livres et les ai comparés entre eux, pour cueillir, colliger et convertir en ma propre sève ce qui m’y semblait utile et conforme à la vérité.

     Quod verum atque decens curo, et rogo, et om-
nis in hoc sum,
     Condo et compono, quæ mox depromere possim
[16][39]

Sachez que quand j’ai examiné Du Laurens [40] et Bauhin[41] j’ai cherché à savoir si tous les autres anatomistes avaient ou non écrit comme eux ; et Baptista Carcanus a loué au plus haut point cette manière de faire dans [Page 76 | LAT | IMG] la préface de son petit livre sur l’Union des vaisseaux chez le fœtus. C’était un très remarquable anatomiste, élève de Vésale, qui a rédigé un admirable commentaire du livre d’Hippocrate sur les plaies de la tête : [42] « Après, dit-il, que les travaux assidus de Vésale et Fallope [43] ont exposé toute l’anatomie au grand jour, et qu’il ne reste rien à découvrir, il est meilleur et plus utile de dépenser son labeur et son industrie à étudier ce qu’ils ont découvert que de perdre son temps et sa peine à chercher des nouveautés. » [17][44] Ainsi le très éminent anatomiste Hérophile [45] a-t-il jugé utile de relever et corriger les erreurs de son maître Praxagore[46] afin qu’elles ne trompent pas la postérité comme elles l’avaient lui-même trompé. Ainsi Vésale a-t-il fait des remarques sur les œuvres anatomiques de Galien, et Fallope, dans ses Observations anatomiques, a-t-il sévèrement examiné et repris son maître Vésale. Après la multitude des dissections que j’ai assidûment et laborieusement accomplies de mes propres mains, j’ai donc usé de mon autorité à faire des critiques et des remarques sur les livres des anatomistes. Je l’ai fait en toute modestie et avec politesse, pour ne pas paraître crever les yeux des corneilles ni lutter avec les morts comme contre des fantômes. Je n’ai nommé et cité que ceux qui ont traité de l’anatomie avec subtilité et adresse, et l’ont décrite à l’aide de leur scalpel et de leur plume. [18]

Quant à mes propres travaux, je laisse au lecteur le soin d’en juger, s’il est impartial, instruit et habile anatomiste : indicio de meipso ero, vos eritis iudices ; [47] [Page 77 | LAT | IMG]

Rara coronato plausere Theatra Menandro,
Et sua riserunt sæcula Mæonidem
[19][48][49][50]

Je dirai pourtant librement, sans arrogance mais en grondant contre l’envie de ceux qui jalousent ma gloire, et tout particulièrement contre les deux pecquétiens, qu’aucun auteur vivant n’a vu ses commentaires si souvent imprimés, et que pascitur in viuis liuor, post fata quiescit[20][51]

Je ne recherche et espère pourtant ni louange ni applaudissements pour ce travail, où j’ai mis l’utilité devant la grâce de plaire ; et s’il ne s’y trouve pas de génie, je me contenterai d’avoir mérité qu’on reconnaisse tout le soin que j’y ai consacré. Posteris an aliqua cura nostri futura sit nescio, nos certè meremur, vt sit aliqua, non dico ingenio, id enim superbum, sed studio et labori[21][52] Je dirai donc hardiment, mais sans fierté ni arrogance, que bien des auteurs ont disséqué et décrit le corps humain, mais nul ne l’a fouillé, examiné et dépeint plus méticuleusement que moi. Si je n’ai pas tout vu dans le microcosme, je ferai valoir l’argument auquel Pline a recouru pour solliciter l’indulgence quand il a entamé sa description de l’univers entier : Haud vllo in genere venia iustior est, si modò minimè mirum est, hominem genitum, non omnia humana nouisse[22][53]

Page 183, [54] à votre citation de saint Jérôme[55] je répondrai que le patriarche Photius [56] a lu et examiné une infinité d’auteurs, comme en témoigne sa Bibliothèque, où il a loué ce qu’ils avaient dit de juste, mais relevé ce qu’ils avaient dit de faux et de ridicule ; et il a reproché au médecin Oribase [57] d’avoir omis la chirurgie, qui était la principale partie de la médecine, dans l’ouvrage où il voulait la décrire tout entière à l’intention de l’empereur Julien[23][58] [Page 78 | LAT | IMG]

Galien a élégamment blâmé ceux qui choient les nouveautés et s’en délectent : « Certains ont certes entrepris d’innover en médecine, sans pourtant pouvoir trouver mieux que leurs prédécesseurs, mais parce qu’ils tiennent ce qu’Hippocrate a dit pour des trivialités. Il est néanmoins commun de louer beaucoup plus hautement ce qui est nouveau et inédit, même quand cela n’a pas encore d’utilité avérée, que ce qui est connu de longue date et déjà fort utile » (chapitre 1 d’Hippocrate sur les Fractures et premier commentaire de Galien sur Hippocrate, du Régime dans les maladies aiguës, chapitre 17). [24][59]

Page 183, Riolan dit que « chacun juge bien de ce qu’il connaît et en est bon arbitre » : cela vient d’Aristote, mais vous l’avez passé sous silence. [25][60] « Riolan est donc le seul à bien raisonner, les autres anatomistes sont des ignorants » : jamais je n’ai tenu un tel propos, mais j’ai dit qu’ils n’y ont pas vu clair ou qu’ils se sont mépris parce qu’ils n’ont pas disséqué de leurs propres mains, par manque de cadavres, [61] et s’ils en avaient disposé peut-être auraient-ils surpassé Riolan en anatomie. Voilà ce que j’ai déclaré dans mes écrits, et depuis lors, aucun anatomiste ou autre médecin ne s’en est plaint, hormis ces deux médecins de Paris, acolytes pecquétiens qui ne connaissent absolument rien à l’anatomie.

Dans son épître dédicatoire, Pecquet [62] a eu l’audace de dire que « depuis des siècles les anatomistes, même les plus renommés, se sont jusqu’ici fourvoyés, et que, non sans lourd préjudice pour le genre humain, ceux qui ont professé l’histoire naturelle ont été profondément aveuglés, hormis le seul et unique Aristote. » [26][63]

Pecquet ne blâme-t-il pas tous les médecins, depuis qu’il en existe, à l’exception d’Aristote, « sans le moindre préjudice pour le genre humain » ? [Page 79 | LAT | IMG] Cela veut-il dire que l’ignorance des veines lactées a mis la vie des hommes en danger ? « Pourquoi, dit-il, me hasarderai-je, seul et nain que je suis, à m’insurger contre les géants qui accordent presque plus de valeur à leurs erreurs qu’à des oracles, ou qui, pour ne pas sembler avoir pu se tromper, refuseront obstinément de se soustraire à leurs rêveries ? » Tous les écrits des anatomistes ne sont donc qu’erreurs et rêveries ! « Bien que tout petit, bien que seul, aura-t-il l’audace de défier tant d’éminents hommes sans devoir redouter les vives attaques de ceux qui le contrediront ? » Il a l’audace d’avouer être tout petit, un nain qui provoque tous les anatomistes, sans rien redouter : d’où tant d’audace et d’insolence lui viennent-elles donc ? « La particularité de ce petit livre est d’en appeler plus aux sens qu’à la raison, à laquelle il ne cède à peu près rien que le suffrage des sens n’ait établi. » Il bafoue la raison sans être capable de l’utiliser pour démontrer l’utilité de sa découverte !

« Tandis que je m’attarde à recommander mon petit livre, les moribonds vous appellent à l’aide, et attendent anxieusement le bouillonnement de l’eau salvatrice qui tarde à venir. » Louant son propre ouvrage, Pecquet est donc l’Ange qui a révélé l’eau salvatrice de la piscine ! [64] « Puissiez-vous donc avoir la bonté de lui épargner le préjudiciable ajournement de son affranchissement, qu’il vous supplie instamment de lui accorder pour ne pas contrarier les vœux de cette foule de malheureux. » Tous les moribonds attendent donc son petit livre, dont il serait périlleux d’ajourner la parution, et « ainsi se réjouiront-ils que ce qu’ils n’ont pas jusqu’ici su être en l’homme ait trouvé grâce à vous et à vos largesses un avantage dont le monde entier, rendu plus sain, vous sera reconnaissant ». [27] Ce nouveau Prométhée [65] a donc procuré au monde un nouvel homme, ou l’a régénéré, et le monde entier saura gré à Jean Pecquet de cette résurrection, car c’est ainsi que son épître a recommandé son livre, [Page 80 | LAT | IMG] grâce auquel toute la Terre jouira d’une meilleure santé. La médecine a donc été dans l’erreur depuis Adam jusqu’à ce jour ! [66] Aucun auteur n’a encore parlé de lui-même avec autant d’orgueil et d’arrogance, [67] mais les anatomistes pecquétiens louent et célèbrent ces étonnants propos. Écoutez, Pecquet, ces vers que j’emprunte à Properce en riposte à votre découverte :

O prima infelix fingenti terra Prometheo !
Ille parum cauti pectoris egit opus :
Corpora disponens, mentem non vidit in arte :
Recta animæ primùm debuit esse viæ
[28][68]

Pecquet poursuit ses insultes contre les grands anatomistes dans son chapitre i :[69] « Aselli [70] a découvert les veines lactées, un point c’est tout. Ce n’est pas un fait à dédaigner, bien qu’il ne soit pas d’une importance considérable. Wale [71] dit que, depuis les intestins, certaines des veines lactées se terminent dans la branche mésentérique [72] par un canal unique et ininterrompu, certaines, directement dans la veine porte, [73] certaines, dans la concavité du foie, [74] et un tout petit nombre, dans la veine cave, [75] près des veines rénales. [76] Ainsi pensent des anatomistes dont la compétence est hors du commun : Harvey, Vesling[77] Conring[78] Bartholin, et Riolan en personne ne vaut pas mieux. » Pecquet ne blâme-t-il et ne corrige-t-il pas là des anatomistes non est dignus soluere corrigias calceamento-
rum
 ? [29][79] « Après avoir acquis, par la dissection des cadavres, une science qui est pour le moins muette et froide, dit-il, j’ai pris plaisir à acquérir une véritable connaissance de l’harmonie qui règne chez les animaux vivants. [80] Et puisqu’ils ne diffèrent presque des cadavres que par le mouvement, dont le siège principal se situe dans le cœur, j’ai décidé de le dégager de ses attaches, puis de le retirer du corps pour les scruter plus commodément. » [81] Tous les anatomistes professent donc un savoir muet et froid. Qu’est-ce là d’autre que de rejeter l’anatomie commune ? Pour sa part, il se délecte de la chaude et hurlante tuerie de chiens aux abois, car cette manière de disséquer ressemble au massacre [Page 81 | LAT | IMG] que les bourreaux exécutent dans les villes d’Allemagne en été, par crainte de la rage, [82] ce qui oblige les citoyens à garder leurs chiens chez eux ; et les tueurs tirent profit des peaux qu’ils récupèrent, lesquelles permettent de faire de petits étuis de livre en cuir bien façonnés qu’ils envoient chez nous. Pecquet, le canicide, a vraisemblablement tiré grand profit de ces centaines de chiens et de la quantité d’autres animaux qu’il a disséqués. L’éviscération de bêtes vivantes m’a profondément déplu parce que le chapitre 37 des Hiéroglyphes d’Horapollon [83] m’a appris que « la plupart de ceux qui embaument les chiens devront leur mort à une maladie de la rate, car ils sont souillés par cette exhalaison ou vapeur qui émane d’un chien dont on ouvre et dissèque le cadavre. » [30]

Page 183, notre médecin pecquétien se plaint du très rude langage dont Riolan s’est servi pour accueillir le livre de Pecquet, pensant qu’à la manière don on s’adresse aux rois, il devait employer des mots plus doux et soyeux[31] N’est-ce pourtant pas ce qu’a fait Riolan : « Je conviens que ce jeune homme, qui ne manque pas de science, a découvert ces deux canaux lactifères qui montent dans le thorax, mais qu’il ignore entièrement à quoi ils servent, et qu’il a maladroitement dépouillé le foie de la sanguification pour l’attribuer à tort au cœur. Je loue néanmoins son discernement anatomique et le soin avec lequel il a mené sa recherche sur les lactifères » ?

Le conseil de saint Paul vient à mon aide, Objurga, obsta, increpa hæreticos[32][84] La découverte de Pecquet fait-elle autre chose qu’introduire une hérésie en médecine ? Il aurait suffi, dit le pecquétien, aliis lampadem tradere[33]

Page 184, Riolan, en enseignant et écrivant l’anatomie, a-t-il fait autre chose que lampadam tradere [Page 82 | LAT | IMG] à ses disciples, pour qu’ils en augmentent l’éclat ? J’ai si diligemment cultivé la Sparte qu’on m’a remise, [34][85] qu’après les innombrables cadavres que j’ai disséqués dans les Écoles, [86] avec l’approbation unanime de mes collègues, j’ai été le seul depuis 1614 et pendant 40 ans à qui on a confié la charge de professer et de pratiquer l’anatomie pour l’apprendre manuellement aux étudiants de Paris et des autres universités qui l’ont voulu ; et je ne l’ai pas fait sans gloire ni profit pour les autres, comme maints médecins de cette ville et d’ailleurs peuvent en attester. Leurs mains et leurs plumes l’ont déjà montré par leurs pratiques et leurs écrit anatomiques, et surtout les Allemands qui sont fort reconnaissants envers leurs maîtres et proclament volontiers les noms de ceux qui les ont fait progresser. J’avais alors plus de soixante auditeurs originaires d’ailleurs que Paris, qui y séjournaient pendant cinq ou six mois pour apprendre l’anatomie. [35][87]

Désirant former en anatomie πολλοις βουλομενοις σωζονται ιατροις, comme dit Hippocrate[36] j’ai enseigné avec grand plaisir le moyen et la méthode à suivre pour progresser dans sa pratique et son exploration. J’ai suivi là le conseil de Platon dans Clitophon : la principale ambition du meilleur médecin est d’enseigner et instruire les autres, pour qu’il ait des successeurs dans l’exercice de l’art ; son autre ambition est de rendre la santé aux malades. [37][88]

Page 184, « Riolan offre-t-il maintenant de tendre la main pour aider Pecquet dans ses recherches ? » Je l’ai tendue quand il est venu chez moi pour solliciter mes conseils en anatomie et je lui ai montré [Page 83 | LAT | IMG] mon Manuel anatomique avant qu’il ne paraisse, mais jamais il ne m’a parlé des veines lactées du thorax, et il était fort éloigné de me demander ce que j’en pensais, alors que je lui en aurais volontiers et sincèrement donné mon avis.

Je peux m’appliquer ce qu’Ausone disait de son père, qui était médecin :

Obtuli opem cunctis poscentibus artis inemptæ,
Consiliúmque meum cum pietate fuit
[38][89]

Ce pecquétien qui s’est occupé de faire paraître leur livre, en l’absence de Pecquet, bien qu’il feigne de l’amitié à mon égard, ne m’en a jamais rien montré, comme si je n’étais pas digne de ces secrets d’Éleusis. [90] Au moins Pecquet devait-il exposer publiquement sa découverte, à l’instar d’Apelle [91] et Protogène, [92] qui exposaient au grand jour leurs tableaux ou leurs portraits, tenant un burin et un marteau, afin de les détruire sur-le-champ si s’y voyait quelque chose de blâmable. [39][93]

Page 184, le docteur pecquétien s’enflamme parce que j’aurais couvert Pecquet d’injures, mais lui-même le renvoie au paradoxe que je lui ai reproché, quand il dit : « À quelle pire peine aurait-on pu condamner Pecquet, tenu pour un prodige de scélératesse et de perversité, s’il avait pissé sur les cendres de ses pères, s’il avait enseigné comment empoisonner les fontaines ou fabriquer la peste ? » On punit pourtant celui qui a empoisonné les fontaines plus lourdement que s’il avait agi de même façon à l’encontre d’un individu particulier, car son crime est d’autant plus grave qu’il a visé une communauté, et de la même façon les lois sont plus sévères à l’encontre de ceux qui, par un écrit public, répandent de fausses opinions dans le peuple, qu’à l’encontre de ceux qui les auraient hardiment proférées dans des entretiens privés. Les édits et les arrêts des princes ont donc [Page 84 | LAT | IMG] veillé à ce que nul ne publie des livres de théologie et de médecine sans qu’ils aient d’abord été examinés et approuvés par des censeurs qu’ont désignés les facultés garantes de ces deux disciplines. Certaines cités condamnaient jadis à la potence quiconque proposait de nouvelles lois, et il est souhaitable qu’on soumette de même à un procès public ceux qui énoncent des dogmes nouveaux, mais aussi dangereux que détestables. Galien l’écrit finement dans son livre contre Julianus : « J’ignore comment il est permis de poursuivre les insultes en justice, car aucune loi n’a été promulguée contre ceux qui médisent en employant des arguments mensongers. Je juge qu’un très malhonnête homme ne peut oser attaquer impunément d’excellents personnages. Jadis en Égypte, toute découverte que n’avait pas approuvée une assemblée publique de savants était inscrite sur des colonnes placées dans certains lieux sacrés. Nous devrions procéder de la même manière : après avoir examiné les écrits récemment publiés, un collège d’honnêtes et doctes hommes promouvrait ceux qui sont bons, mais éliminerait tous les mauvais, ce qu’ils se contenteraient de faire sans même connaître le nom de l’auteur, comme c’était le cas dans l’Égypte antique, étant donné qu’on supprime ainsi grandement la compétition entre ceux qui sont trop avides de gloire. Partout aujourd’hui n’importe qui a le droit d’écrire et d’exposer publiquement son avis, et le plus audacieux est celui qui reçoit le plus de louanges. » [40][94]

Page 185, « Il n’y a pas de monstres en Gaule », a dit saint Jérôme, mais bien que Riolan l’ait cité, il dit que Pecquet en est un, puisque Platon, outre les défauts du corps, a qualifié de monstrueux ceux de l’esprit, [95] et puisque, pour Sénèque, fœtus extinguimus, liberos quoque si debiles [Page 85 | LAT | IMG] monstrosique editi, simul mergimus, quia non ira, sed ratio est à sanis inutilia secernere[41][96]

Même page, « Il a voulu marquer au fer rouge de l’infamie, en les flétrissant si ignoblement, des hommes innocents (quant à l’utilité que je concède aux lactifères thoraciques), tout en parlant si glorieusement de sa propre personne » : tout ce qu’il a dit d’honorable sur Riolan, lui répliquant sur le même ton, est de l’avoir qualifié de très célèbre et savant homme, bien qu’il soit indigne d’une telle louange et s’en glorifie indûment. Le même me juge bouffon, c’est-à-dire ridicule, pour avoir écrit mes doutes sur la transposition des parties dans le corps humain. [42][97]

Même page, « Ils ont pourtant commis le crime nouveau, encore jamais ouï, d’avoir, grâce à leurs yeux perçants, diligemment mis au jour certains secrets du chyle que la nature avait enfouis et cachés dans son sanctuaire, et réservés jusqu’à ce siècle aux découvertes du plus brillant et fécond des arts. » Il se réfère à Sénèque[98] comme avait fait Riolan avant lui dans la préface de son Anthropographie[43][99] Si la lecture de Sénèque vous était familière, vous auriez pu y substituer cette autre citation qui vous est moins favorable : Optimum est priorum sequi vestigia, si rectè processerint : qui enim ante nos nouerunt ista, non sunt Domini nostri, sed Duces[44][100] Il est évident que toute la vérité ne nous a pas encore été révélée, et qu’il en reste beaucoup à découvrir dans les prochains siècles ; mais j’ai déjà expliqué cela à Pecquet dans la préface de ma première Responsio, page 144.

Page 185, « Notre vieux professeur aurait pourtant plus scrupuleusement modéré la virulence et l’atrocité de son discours en méditant assidûment sur son très prochain départ pour les cieux, et en ayant examiné de plus près ce [Page 86 | LAT | IMG] précepte du Christ, notre Seigneur : “ Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal. ” » La source grecque y ajoute le mot εικη, qui signifie « injustement et sans raison ».  [45][101] Celui qui se met en colère avec justice et raison est très loin de pécher, et l’autorité des Pères de l’Église en fait foi, comme Basile dans son homélie x contre ceux qui se courroucent, [102] Grégoire dans le chapitre xxxi, livre iii de ses Morales[103] et Chrysostome dans son homélie 21 sur saint Matthieu, où il écrit : [104] « C’est péché de ne pas se mettre en colère quand il le faut. En effet, si elle dépasse la mesure, la patience est plutôt une sorte d’engourdissement de l’esprit. Celui qui s’enflamme opportunément fait preuve d’une très éminente vertu, car sa colère ne naît pas du désordre de son esprit, mais de l’exercice de son jugement ; on ne dit pas alors qu’il s’emporte, mais qu’il juge. Ainsi la colère qui, aux autres âges de la vie, confine souvent au péché, est-elle une marque de sagesse durant la vieillesse, quand son ardeur est employée à bon escient et quand la maturité lui est de bon conseil. » [46][105]

Page 186, « Riolan aurait dû apprendre de Sénèque, très rigoureux maître en sagesse, mollioribus verbis ingenia esse curanda, qui homine nil mitius, nil amantius, parce qu’il n’y a rien de plus doux et de plus aimable pour l’homme. » En vérité homo homini Deus, mais parfois homo homini lupus. Sénèque dit : Illud potius cogitabis, non esse irascendum erroribus, etc. Corrigendus est, qui peccat, et admonitione, et vi, et molliter, et asperè, meliórque tam sibi, quàm aliis faciendus, non sine castigatione, sed sine ira, quis enim cui medetur irascitur ? [47] Ce passage me fait savoir qu’un troisième auteur a participé à votre apologie : il s’agit d’Alethophilus[106] ministre hérétique et gymnasiarque qui se prétend médecin, insigne défenseur de Pecquet, dont il attend beaucoup car il a changé de religion, [Page 87 | LAT | IMG] moyennant une certaine somme d’argent, et appâté par l’espoir de quelque opulent bénéfice ; voilà comment on caresse les hérétiques pour les attirer dans la religion catholique, plutôt que par de douces paroles ou par des menaces. En attendant, grâce à Pecquet, il jouit d’une petite rente auprès d’un illustrissime évêque. [48][107] Bien qu’ils soient trois, je ne crains rien de ces conjurés, car je ferai aisément et vigoureusement front à tout le venin qu’ils vomissent, même s’ils en rajoutent.

« Par mépris, Riolan appelle Pecquet un enfant » : Riolan n’a rien dit de tel, c’est Pecquet en personne qui en est convenu dans son épître dédicatoire, où il s’est qualifié de « tout petit » et même de « nain ». L’anatomiste pecquétien a sottement appliqué à Pecquet ce vers de Virgile, à propos d’Achille et Troïlus : [108][109][110]

Infelix puer, ac impar congressus Achilli[49]

Castigatio leuis lege concessa est docenti[111] c’est pourquoi Riolan a puni Pecquet et ses défenseurs en suivant ce qu’a dit Sénèque dans sa lettre xciv : Nemo præceptis curat insaniam, ergo nec malitiam quidem Dissimile est, nam si insaniam sustuleris, sanitas reddita est : si falsas opiniones exclusimus, non statim sequitur despectus rerum agendarum, et vt sequatur, tamen admonitio corroborabit rectam de bonis malisve sententiam. Illud quoque falsum est nihil apud insanos proficere præcepta ; nam quemadmodum sola non prosunt, sic curationem adiuuant, Et denvnciatio et castigatio insanos coercvit. [50] Le lecteur reconnaîtra que leurs effets ne sont pas inutiles puisque les zélateurs et suppôts de Pecquet ont en grande partie renoncé à le défendre.

[Page 88 | LAT | IMG] « Riolan s’est imaginé que les opinions de Pecquet sont monstrueuses pour ne pas manquer de matière à combattre et ne pas sembler avoir sévi contre lui sans quelque apparence de bon droit » : il blâme Riolan pour avoir dit que l’opinion de Pecquet est monstrueuse, il lui invente donc des opinions monstrueuses. « Le très ingénieux Pecquet met maintenant son énergie à défendre la cause de ces lactifères, afin de rendre parfaitement inutile d’y ajouter quoi que ce soit et d’en disserter plus longuement. Il n’a pas réagi à tout ce que contient la première Responsio de Riolan, mais j’ai décidé, dans les quelques courts chapitres de remarques qui suivent, de la corriger et raturer. » Vous avez donc eu communication du livre de Pecquet avant sa parution, puisque vous avez écrit en même temps et dans le même volume que lui, mais ni vous ni lui n’avez répondu à l’infinité d’erreurs anatomiques que Riolan avait dénoncées dans ladite première Responsio, car tout le savoir que vous partagez en ce domaine ne va pas plus loin que les veines lactées, les vaisseaux lymphatiques [112] et la circulation du sang, tout en ne comprenant pas ce qu’en ont expliqué leurs auteurs, et en montrant votre incapacité à les interpréter.

Votre quatrième chapitre [113] est tiré de Bartholin et eandem crambem recoquis[51] car vous lui aviez envoyé vos misérables objections pour lui remettre en mémoire celles que vous aviez remarquées dans la Réponse de Riolan à Pecquet ; mais Bartholin s’est sagement abstenu de défendre des erreurs que nul anatomiste ne peut soutenir, s’il a quelque compétence en cet art. Cela sautera aux yeux de quiconque lira ses Dubia anatomica [114] car, après avoir examiné ce que Riolan a répondu au chapitre iv du livre de Pecquet[115] il y dit que les arguments contre les lactifères thoraciques [Page 89 | LAT | IMG] seront résolus ailleurs. [116][117] Outre que Riolan a démontré que les Dubia de Bartholin étaient futiles et sans valeur, ils ont déplu aux pecquétiens, qui s’efforcent de retisser plus subtilement la même toile. Leur erreur délirante les possède à tel point que, s’ils pouvaient, ils appelleraient les démons à leur secours pour qu’ils nuisent à Riolan[52][118]


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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