Texte : Lettres de soutien
adressées à Jean Pecquet :
Jacques Mentel (1651,
modifiée en 1654)
Note [32]
Ce passage, depuis « Au foie incombe pourtant… », a été ajouté à l’édition de 1654.
L’anatomie et le fonctionnement des voies biliaires étaient alors aussi confus qu’hypothétiques. La bile était un excrément dont le foie et la vésicule biliaire devaient débarrasser le corps : la vésicule n’était pas seulement considérée comme un réservoir, mais comme un lieu d’extraction de la bile, complémentaire du foie.
Le Manuel anatomique et pathologique de Jean ii Riolan donne cette description de la vésicule biliaire (livre second, pages 199‑200) : {a}
« Elle se rencontre au-dessous du grand lobe du foie, étant attachée en sa partie inférieure, et comme enfoncée dans sa substance. Le fond de la petite vessie qui porte la bile regarde plus en bas, et le col en haut, et son canal se porte de travers, en sortant d’icelle, afin de rencontrer le canal hépatique, son sinus est proche de l’entrée de la vessie. {b} […]Elle est creuse pour recevoir et garder la bile, dont elle se doit décharger quand il en est besoin. L’on remarque plusieurs conduits qui en sortent, l’un desquels, plus large et plus long, s’étend depuis le foie jusques au commencement du boyau jéjunum, et c’est par ce conduit que la bile la plus épaisse y tombe en droite ligne. L’autre conduit, plus menu et plus court, sort du col de cette petite vessie, et entre de travers dedans ce premier conduit. J’appelle le premier conduit hépatique et l’autre cystique, à raison de son origine et de son orifice ; car le cystique porte dans l’hépatique la bile la plus subtile, que la membrane, poreuse et percée de toutes parts, de la vésicule cachée dans le foie a sucée. De sorte qu’il y a dans le foie deux sortes de biles et que la nature a deux sortes de conduits pour s’en décharger en divers temps ; {c} ce qui est de grande importance pour la guérison des maladies.
Cette petite vessie a communication avec le ventricule, {d} auquel elle touche, l’échauffant tellement en de certains temps qu’elle le brûle lorsque la bile qui est en elle est allumée et en feu. {e}
Elle est aussi quelquefois attachée au boyau côlon, qui passe auprès d’elle ; ce qui fait qu’elle lui donne quelque chose de sa couleur et que, laissant passer quelque petite portion de bile au travers de sa substance, elle l’excite à se décharger des ordures qu’il retient. » {f}
- Traduction française (Paris, 1661) de l’édition latine de Leyde, 1649 : v. note [5], Dissertatio anatomica, chapitre ii.
- L’orifice du canal hépatique est proche de la vésicule.
- Il n’y a qu’une sorte de bile, entièrement produite par le foie, mais les noms que Riolan donnait à ses canaux ont subsisté : le cystique (le seul à sortir de la vésicule, et qui permet à la bile d’y entrer et d’en sortir) rejoint le canal hépatique (voie principale sortant du foie) pour former le cholédoque, qui rejoint le canal excréteur pancréatique de Wirsung (v. note [5], Dissertatio anatomica, chapitre x) et se jette avec lui dans le duodénum (v. note [9] de son chapitre xii).
- L’estomac.
- Cholécystite moderne ?
- Les communications de la vésicule avec l’estomac ou le côlon existent, mais sont toujours pathologiques, en lien avec une infection très avancée de la vésicule (abcès ordinairement lié à une lithiase).
V. note [9], Dissertatio anatomica de Jean Pecquet, chapitre xii, pour la conception moderne, anatomique et fonctionnelle, des voies biliaires.
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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