Texte : Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli
(1651)
Chapitre xi, note 5.
Note [5]

Sangsue (Furetière) :

« petit insecte noirâtre, ou petit ver aquatique {a} qui se trouve dans les pays marécageux, qui suce le sang des animaux. La sangsue au bout de sa tête a un trou rond comme celui d’un lamproyon, {b} et trois petites dents ou aiguillons avec quoi elle perce la peau non seulement de l’homme, mais aussi d’un cheval ou d’un bœuf, dont elle suce le sang et s’en remplit. Il y en a de venimeuses qui ont une grosse tête de couleur verdoyante et qui reluisent comme vers ardents, et sont rayées de bleu sur le dos, comme aussi celles qui viennent dans les marais et autres eaux bourbeuses. Celles-ci engendrent inflammation, apostumes, {c} fièvres et malins ulcères, qui sont quelquefois incurables. Les bonnes sangsues sont celles qui sont de couleur de foie, menues, rondes, ayant petite tête, le ventre rougeâtre, et le dos vert et rayé de couleur d’or par-dessus, et qui se trouvent dans les eaux claires et coulantes. On les applique aux endroits du corps où les ventouses et cornets ne peuvent tenir, comme au fondement, aux veines hémorroïdales, etc. {d} La sangsue se trouve de toutes sortes de grandeurs, et cet animal se colle si fort contre un verre où il est enfermé qu’il est difficile de l’en arracher. […] La sangsue avalée est un poison parce qu’elle s’attache à l’orifice de l’estomac ; pour la faire sortir, il faut boire de la saumure. Ce mot vient du latin sanguisuga (Ménage) ; {e} on l’appelle aussi hirudo. »


  1. Les sangsues, dont il existe des centaines de variétés, appartiennent toutes à la classe des annélides (vers), mais Furetière employait ici le mot insecte dans le sens vulgaire de « vermine » et d’animaux « dont on ne comprend pas bien la génération ».

  2. Petite lamproie.

  3. Suppurations, abcès.

  4. Ventouses en forme de cornets ; vnote Patin 4/8147 pour la saignée des veines hémorroïdales, qui visait principalement à évacuer l’imaginaire atrabile.

  5. Gilles Ménage, Les origines de la langue française, 1650, page 596, au mot Sansue.

Sur une remarque de Jean ii Riolan (v. note [6] de sa première Responsio, 4e partie), Jean Pecquet a modifié ce paragraphe entre les deux éditions de son livre. Il écrivait en 1651, page 76 :

pungunt enim cutaneas venas hirudines, et dum follicantis quasi Pulmonis operâ turgescunt in ipsarum dilatu facilem Ventriculum Sanguis immititur.

[les sangsues piquent les veines cutanées et, en se distendant comme sous l’effet d’un poumon, elles enflent et cette dilatation de leur corps envoie le sang dans leur estomac qui le reçoit volontiers].

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli
(1651)
Chapitre xi, note 5.

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(Consulté le 08/12/2025)

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