Texte : Lettres de soutien
adressées à Jean Pecquet :
Jacques Mentel (1651,
modifiée en 1654), note 6.
Note [6]

Hippocrate, tenu pour le père de la médecine (vnote Patin 6/06), était natif de l’île de Cos (dans les Sporades) au ve s. av. J.‑C., et contemporain du philosophe grec Démocrite (vnote Patin 9/455), qui riait de tout et disait que nous ne savons rien car « la vérité est cachée au fond du puits ». Lassés de ces facéties, ses concitoyens d’Abdère (en Thrace) l’estimèrent fou et appelèrent Hippocrate en consultation. Il a parlé de Démocrite dans plusieurs lettres, mais on les tient pour apocryphes et Émile Littré les a jugées « dénuées de toute espèce d’intérêt ».

Sans faire allusion aux excréments, Cicéron a (sottement) reproché à Démocrite de vouloir connaître la nature en examinant les entrailles des animaux (v. note [17], première Responsio de Jean ii Riolan, préface). Un Discours sur la folie (numéroté 19) suit la lettre 18 de Démocrite à Hippocrate, avec ces propos, qui paraissent refléter les idées du philosophe sur le sujet : {a}

« L’altération du cerveau se fait par la pituite ou par la bile ; voici les signes distinctifs : les fous par l’effet de la pituite sont paisibles et ne crient ni ne s’agitent ; les fous par l’effet de la bile sont batteurs, malfaisants et toujours en mouvement. Telles sont les causes qui font que la folie est continue. Si le malade est en proie à des craintes et des terreurs, cela provient du changement qu’éprouve le cerveau échauffé par la bile qui s’y précipite par les veines sanguines ; mais quand la bile rentre dans les veines et dans le corps, le calme revient. D’autre part, le patient est livré à la tristesse, à l’angoisse, et perd la mémoire quand le cerveau est refroidi contre la règle par la pituite et se contracte contre l’habitude. Quand subitement le cerveau est échauffé par la bile au moyen des veines susdites, le sang bouillonne, le patient voit des songes effrayants : et de même que chez un homme éveillé, le visage est ardent, les yeux rouges et l’esprit songeant à commettre quelque acte de violence, de même le sommeil offre ces phénomènes ; mais le calme revient quand le sang se disperse à nouveau dans les veines. »


  1. Littré Hip, volume 9, page 385.

Le latin de Jacques Mentel est ici si barbelé que je ne saurais garantir que ma traduction est entièrement fidèle à ce qu’il voulait dire.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Lettres de soutien
adressées à Jean Pecquet :
Jacques Mentel (1651,
modifiée en 1654), note 6.

Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=0046&cln=6

(Consulté le 08/12/2025)

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