Texte : Lettre de Thomas Bartholin
à Johann Daniel Horst critiquant
l’opinion de William Harvey
sur le chyle (1655), note 5.
Note [5]

V. notule {f}, note [17], première Responsio de Jean ii Riolan, 5e partie, pour un extrait du lviie Exercitatio [Essai] de William Harvey sur la « Reproduction des animaux » (Amsterdam, 1651), consacré à la nutrition de l’embryon dans l’utérus, qui commence par ces trois paragraphes (pages 248‑249) :

Quàm non sit temerè negligenda veterum autoritas, vel hinc apparet : fuit olim celebris opinio (quam tamen, tanquam erroneam, plerique rejiciunt ; et Fabricius, ceu deliramentum, stultámque opinionem, impugnavit) Embryonem in utero materno sugere : habuítque Democritum, Epicurum, atque etiam Hippocratem astipulatores. Et Hippocratis quidem ratio duobus potissimum nititur argumentis ; nam, inquit, nisi suxisset, quomodo excrementa faceret : aut protinus à partu sugere novisset ?

Atque hujus quidem perantiqui et celeberrimi Viri in nuda verba aliàs jurare solent, sufficitque in aliis rebus, αυτος εφη. hic verò (quòd receptæ vulgò sententiæ dissentanea afferat) Fabricius non modò affirmantem, sed et argumenta producentem aspernatur. Hanc igitur Hippocratis sententiam, num observationes nostræ, de generatio animalium, necessariam ; nedum probabilem faciant, peritissimorum Anatomicorum, et doctissimorum Medicorum judiciis relinquimus.

Omnes profectò fatentur, fœtum, dum in utero est, copiosam aquam innatre, (nos, in ovi historiâ, liquorem hunc, colliquamentum nominavimus ;) eandémque sudorem, et humorem excrementitium fœtûs esse, Neoterici asserunt ; húncque usum præstare ajunt, ut in ea natans fœtus, (interea dum mater currit, saltat, aut alio aliquo violento motu agitatur) uterum non offenderet, vel ipsemet ad circumposita ossa allisus, aut foris percussus læderetur ; præsertim, cùm eo tempore membra ejus tenella et infirma sint.

[Ce qui suit montre bien qu’il ne faut pas ignorer à la légère l’autorité des Anciens : jadis était répandue l’opinion (que la majorité a rejetée comme erronée, et que Fabricius {a} a attaquée comme délirante et folle) que l’embryon tète dans l’utérus de sa mère ; elle a eu pour défenseurs Démocrite, Épicure {b} et même Hippocrate, qui s’est principalement appuyé sur deux arguments, disant que s’il ne tétait pas, comment produirait-il des excréments, et saurait-il téter immédiatement après l’accouchement ? {c}

On a coutume, dans les autres cas, de jurer sur les seuls édits de cet antique et très éminent maître, et on juge suffisant qu’il ait dit quelque chose ; mais ici (parce que cela ne s’accorde pas avec l’opinion communément admise) Fabricius affirme qu’il a tort, et produit des arguments contraires. Nous laissons aux plus habiles anatomistes et aux plus savants médecins le soin de juger si nos propres observations sur la reproduction des animaux établissent la probabilité et même l’utilité de cette sentence d’Hippocrate.

Tous reconnaissent tout à fait que, durant sa vie dans l’utérus, le fœtus baigne dans une grande quantité d’eau (que nous avons appelée colliquamentum dans notre description de l’œuf), {d} que les auteurs modernes disent être le produit de sa sueur et de son humeur excrémentielle. C’est ainsi, disent-ils, que le fœtus qui y nage n’incommode pas l’utérus (quand sa mère court, saute ou est agitée de quelque autre mouvement violent), ou n’y est pas blessé en heurtant les os qui l’entourent, ou sous l’effet d’une cause extérieure, surtout dans cette période où ses organes sont encore grêles et fragiles].


  1. V. infra note [8].

  2. V. notes [6], lettre de Jacques Mentel, pour Démocrite, et [16], notule {a}, Brevis Destructio, chapitre i, pour Épicure.

  3. Dans la marge, Harvey cite les livres hippocratiques sur la Formation du fœtus, sur l’Aliment et sur la Nature de l’enfant (v. infra note [7]).

  4. Harvey appelait colliquamentum le liquide amniotique, que le fœtus ingurgite et rejette pendant toute la durée de la grossesse : il contribue à son équilibre hydrique et ionique, mais sa nourriture proprement dite lui vient de la veine ombilicale.

    L’amnios (Furetière) est « la seconde taie ou membrane qui enveloppe immédiatement tout le fœtus, et qui est d’une substance plus déliée que le chorion. On tient que c’est elle qui reçoit sa sueur. Quelques-uns l’appellent l’armure du fœtus, et sa chemise. Ce mot signifie agnelet, et on lui donne ce nom à cause de sa délicatesse. »


Le xe des 20 chapitres de l’Historia anatomica de Thomas Bartholin est intitulé Lacteos ramos ad uterum quoque derivari [Des rameaux lactés gagnent aussi l’utérus], mais sans le démontrer.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Lettre de Thomas Bartholin
à Johann Daniel Horst critiquant
l’opinion de William Harvey
sur le chyle (1655), note 5.

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(Consulté le 07/12/2025)

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