La première coction (digestion) est celle des aliments dans le tube digestif qui aboutit à la production des deux sucs nutritifs, graisseux et aqueux (v. note [2], Historia anatomica, chapitre xv). La seconde coction, supposée avoir lieu dans le foie et dans le cœur, est celle qui transforme ces sucs en sang.
Thomas Bartholin citait trois chapitres du livre d’Hermann Conring de Sanguinis Generatione et Motus [sur la Fabrication et le Mouvement du sang] : {a}
- xv (pages 117‑124), Fel nasci ex chylo in jecore, neque veterum sententiis neque vero esse consentaneum [Dire que la bile dérive du chyle n’est conforme ni aux avis des Anciens {b} ni à la vérité] ; {c}
- xvi (pages 124‑131), Fel nasci omnibus sanguine præditis, etiam sanissimis, secundum naturam, sed in solo jecore [La bile est naturellement produite chez tous les animaux pourvus de sang, mais seulement dans le foie] ;
- xvii (pages 131‑143), Fel nasci sanguine tenuiore in jecore contento, vi caloris [La bile est engendrée par le sang le plus ténu que contient le foie, sous l’effet de sa chaleur].
- Leyde et Amsterdam, 1646, v. note [26], Historia anatomica, chapitre xv.
- Platon, Hippocrate, Galien et le livre iv, chapitre ii, des Parties des animaux, où Aristote considère la bile comme un excrément du sang, dont Conring cite ce passage (§ 6, traduction de Jules Barthélemy-Saint-Hilaire, 1891) :
« Les animaux chez lesquels la constitution du foie est saine et chez lesquels la partie du sang qui, par la sécrétion, se rend dans le foie, est naturellement douce, ne retiennent pas du tout de bile dans le foie, ou n’en ont que dans quelques petites veines ; ou bien les uns en ont, tandis que les autres n’en ont pas. Aussi, les foies de ceux qui n’ont pas de bile sont d’une belle couleur et d’un goût agréable, du moins le plus ordinairement ; et dans ceux qui ont de la bile, la partie du foie la plus douce au goût est précisément celle qui est sous la bile. Quand la constitution des parties est d’un sang moins pur, l’excrétion qui en est formée devient de la bile ; car l’excrétion est, on peut dire, le contraire de la nutrition, comme la saveur amère est le contraire de la saveur douce ; et le sang qui est doux est celui qui fait la santé. »
- V. infra note [6] pour la conclusion contraire de Conring : la bile est un excrément du sang, et donc un produit de la seconde coction.
Conring a exposé sa conception pour le moins complexe de la sanguification dans le chapitre xix (pages 156‑171) : Sanguinem confici in radicibus venarum lactearum, vi caloris à corde in jecur infleuentis, per transmutationem [Le sang se forme par transmutation dans les racines des veines lactées, sous l’effet de la chaleur du cœur qui s’écoule dans le foie]. |