Texte
Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xvii  >

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte. Thomas Bartholin, Historia anatomica sur les lactifères thoraciques (1652), chapitre xvii

Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=1037

(Consulté le 27/03/2025)

 

[Page 60 | LAT | IMG]

Autres arguments pour la défense du foie[1]

Pecquet entreprend de rabaisser la gloire du foie car il le juge moins capable d’élaborer le sang ; [2] et il lui a attribué d’autres fonctions pour que nous ne pensions pas que la Nature a inutilement créé ce viscère. À l’en croire, elles sont au nombre de trois : primo, filtrer la bile du sang, [3] comme font la rate pour le suc acide, les reins pour le sérum, etc. ; secundo, chasser le chyle hors de l’estomac par l’effet de sa masse qui agit comme un pilon ; [4] tertio, aider de sa chaleur l’élixation accomplie par l’estomac. [5] Nous lui concédons facilement tout cela s’il se montre aussi bienveillant que nous quand nous y ajoutons de bon droit une action essentielle du foie, qui consiste à digérer le chyle, tant épais que ténu, pour en faire du sang, comme le prouvent les dissections et l’insertion des lactifères[6] qui serait autrement dénuée d’utilité, mais nous avons amplement débattu là-dessus dans les précédents chapitres, et bien d’autres ont déjà roulé ce rocher ; [1][7] et si un examen plus soigneux de la question prouve le contraire, je m’inclinerai de bon cœur et il me restera à me ménager un retour contre la diversité des jugements, comme prêt à me corriger si j’ai fauté en quelque façon sur ce sujet. [2][8] Je ne puis passer sous silence la manière dont ledit Pecquet conçoit la formation de la bile : pour triompher plus sûrement du foie, il le charge de retirer toute la bile qui est contenue dans le sang, comme s’il s’agissait d’un excrément de la seconde coction, et non de la première, qui porte sur le chyle. Il importait à sa propre gloire d’avoir condamné le foie à coudre cette frange à sa nouvelle tunique. Avant Pecquet et presque pour les mêmes [Page 61 | LAT | IMG] raisons, en accord avec Aristote[9] le grand et érudit médecin Conring a attaqué la bile aux chapitres xv, xvi et xvii de son livre sur la Fabrication du sang[3][10] Dans son chapitre xii sur le Mouvement du chyle, page 86, [11] Pecquet semble être d’avis contraire, mais je me demande s’il ne s’agit pas d’une faute d’impression : pour prouver la fonction de filtration hépatique, il nie en effet que la bile soit un excrément de la seconde coction, ce qui signifie qu’elle en est un de la première, c’est-à-dire qu’elle est exclue des lactifères ; je crois pourtant qu’il s’agit d’une erreur typographique car, à la page suivante, il approuverait la seconde coction. [4][12] Quoi qu’il en soit, il confond la bile excrémentielle, qui se sépare du chyle dans le foie, avec la bile alimentaire, qui est mêlée à la totalité du sang fort chaud. Peut-être prêtera-t-il moins à sourire et importunera-t-il moins en disant que la bile excrémentielle provient de deux endroits : l’une est extraite du chyle fort chaud dans le foie ; l’autre, qui est engendrée par le cœur fort chaud et par les diverses parties du corps, y arrive par l’artère cœliaque [13] avec le reste du sang. Il en résulte qu’existent deux conduits biliaires dans le foie : le cholédoque [14] draine la bile la plus épaisse, et le canal cystique, [15] la plus ténue ; de la même manière que le sérum du sang [16] est épuré à la fois par la sudation, [17] le péricarde, les poils et les artères émulgentes qui se rendent dans les reins. [5][18][19][20] Dans la discussion qui nous intéresse, le foie sépare donc la bile du chyle qu’il digère, et le sang dépose au même endroit l’autre bile, que le cœur a élaborée à partir de l’autre chyle, que lui ont apporté les canaux thoraciques pecquétiens. [21] Les aliments doux, gras, chauds et secs, laissent de la bile dans le chyle, surtout quand le foie s’échauffe outre mesure. Pecquet ne doit pas nier ce fait parce que les sujets bilieux [22] en font l’expérience quotidienne, et que Conring, qui est souvent digne de louange, en convient à la fin de son [Page 62 | LAT | IMG] chapitre xv[6] Van Helmont, au § 24 de son Pylorus Rector, a constaté que de la bile s’était formée dans l’estomac d’un coq dont le pylore était occlus par un caillou, laquelle n’avait pas pu provenir du foie ou de la vésicule puisque le caillou lui aurait fermé le passage. [7][23][24] Hippocrate et Harvey [25] l’ont déjà reconnu en prouvant que le fœtus se nourrit de chyle ou liquide amniotique. [8][26][27]


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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