V. notes [4] de la lettre d’Adrien Auzout pour son avis sur la formation du lait, et [9], Historia anatomica, chapitre iii, pour les vaisseaux lactés qu’Érasistrate (iiie s. av. J.‑C.) a observés dans l’abdomen des chevreaux (au rapport de Galien).
Dans Daremberg, l’opinion finaliste de Galien sur les mamelles est traduite à l’endroit cité de l’Utilité des parties (volume 1, pages 521‑523) :
« Comment n’admirerait-on pas entre toutes les œuvres de la nature cette habileté avec laquelle, prenant chacun des organes créés dans l’animal pour une utilité, elle aime à s’en servir encore pour quelque autre but utile. Or, quoi de plus utile, de plus équitable que les mamelles rendant au cœur, en échange des nombreux avantages qu’elles en tirent, un léger service, le seul en effet qu’elles peuvent lui rendre. Elles ne peuvent que le protéger extérieurement, car leur nature est glanduleuse, et analogue aux tissus foulés ; {a} aussi sont-elles pour le cœur une sorte de protection et d’abri, en même temps qu’elles l’échauffent comme les vêtements de laine qui nous recouvrent : froids quand ils sont placés sur le corps, et, réchauffés par lui, bientôt ils lui renvoient de la chaleur ; de même la substance glanduleuse des mamelles, recouvrant le cœur, et par lui échauffée, le réchauffe à son tour.
Chez la femme, ces deux glandes, prenant un développement plus considérable, fournissent au cœur plus de chaleur et de protection que chez l’homme. Elles sont aussi utiles aux viscères situés dans l’hypocondre, viscères doués d’une chaleur moins grande dans la femme : en effet, nous avons démontré que toujours la femelle est plus froide que le mâle.
Le troisième point énoncé, c’est que ni crinière, ni défenses, ni autre appendice semblable, n’absorbant l’aliment que fournit la partie supérieure du thorax, cet aliment devait être fort abondant chez la femelle ; par conséquent encore, les mamelles occupent la meilleure position dans l’homme. Néanmoins, dans la plupart des animaux, la nature craignant le manque de nourriture, les a reportées nécessairement à l’hypogastre. {b} Elle voyait encore que, chez ces animaux, le cœur a moins besoin du secours qu’elles procurent. En effet, ils ne se tiennent pas, comme l’homme, debout sur deux pieds, tous marchant la tête baissée comme les reptiles. Nous avons démontré cette particularité dans nos explications sur les jambes. Il résulte de là que chez eux toutes les parties du rachis sont exposées aux lésions du dehors, tandis que les parties opposées du sternum et du ventre en sont garanties.
Quand les mamelles existent sur le sternum, elles se trouvent aussi chez les mâles ; si elles sont placées sur le ventre seulement, on ne les voit plus dans le mâle, à moins que le petit ne ressemble à sa mère plutôt qu’à son père, comme Aristote l’a observé sur les chevaux. {c}
Pourquoi les mamelles ne sont-elles pas aussi saillantes chez l’homme que chez la femme, c’est une question du ressort de problèmes physiques, {d} et ce n’est pas le lieu maintenant de la résoudre. Que cette disposition soit, comme toutes les autres, l’œuvre d’une nature prévoyante, nous pouvons le déclarer dans le présent livre. »
- Fouler un tissu c’est le battre et l’écraser vigoureusement pour en unir et affermir la texture.
- Partie basse de l’abdomen.
- Daremberg renvoie à la longue citation de L’Histoire des animaux (livre iv) qui figure dans sa note des pages 519‑520 : il n’y est pas exactement dit que la femme nourrit son enfant en le tenant dans ses bras, mais que la nature dispose dans les seins « la nourriture pour les nouveau-nés ».
- Longue note de Daremberg citant plusieurs sources antiques, dont le livre i de la susdite Histoire des animaux.
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