Texte : Observationes de Venis lacteis (1655).
1. Lettre de Charles Le Noble
à Jean ii Riolan, première partie, note 5.
Note [5]

Vulcain (Héphaïstos des Grecs) est le dieu romain du feu et des forgerons. De son union avec Gaïa serait né Érichthonius qui fut élevé par Minerve {a} (qu’une autre version du mythe rend mère de l’enfant) et devint le 4e roi légendaire d’Athènes, ce qui explique le culte que la cité vouait au dieu et à la déesse.

Dans son dialogue Protagoras, Platon fait raconter au sophiste éponyme la fable de la création du monde. Au temps où des dieux seuls existaient, ils chargèrent Épiméthée et son frère Prométhée {b} de pourvoir les créatures terrestres de leurs attributs. Ils se répartirent la tâche, le second se chargeant de vérifier l’équité du partage arrêté par le premier : {c}

« L’espèce humaine restait donc dépourvue de tout, et il ne savait quel parti prendre à son égard. Dans cet embarras, Prométhée survint pour jeter un coup d’œil sur la distribution. Il trouva que les autres animaux étaient partagés avec beaucoup de sagesse, mais que l’homme était nu, sans chaussure, sans vêtements, sans défense. Cependant, le jour marqué approchait où l’homme devait sortir de terre et paraître à la lumière. Prométhée, fort incertain sur la manière dont il pourvoirait à la sûreté de l’homme, prit le parti de dérober à Vulcain et à Minerve les arts et le feu, car sans le feu, la connaissance des arts serait impossible et inutile ; et il en fit présent à l’homme. Ainsi notre espèce reçut l’industrie nécessaire au soutien de sa vie ; mais elle n’eut point la politique, car elle était chez Jupiter, et il n’était pas encore au pouvoir de Prométhée d’entrer dans la citadelle, séjour de Jupiter, devant laquelle veillaient des gardes redoutables. Il se glisse donc en cachette dans l’atelier où Minerve et Vulcain travaillaient en commun, dérobe l’art de Vulcain, qui s’exerce par le feu, avec les autres arts propres à Minerve, et les donne à l’homme ; {d} voilà comment l’homme a le moyen de subsister. Prométhée, à ce qu’on dit, porta dans la suite la peine de son larcin, dont Épiméthée avait été la cause. L’homme ayant donc quelque part aux avantages divins, fut aussi le seul d’entre les animaux qui, à cause de son affinité avec les dieux, reconnut leur existence, conçut la pensée de leur dresser des autels, et de leur ériger des statues. Ensuite il trouva bientôt l’art d’articuler des sons, et de former des mots ; il se procura une habitation, des vêtements, des chaussures, de quoi se couvrir la nuit, et tira sa nourriture de la terre. »


  1. Pallas des Grecs, vnote Patin 13/6.

  2. V. notule {c}, note [15], Brevis Destructio d’Hyginus Thalassius, chapitre i.

  3. Traduction de Victor Cousin, 1826.

  4. Jupiter punit le Titan Prométhée de son larcin en lui faisant éternellement dévorer le foie par un aigle.

Avec ses deux allusions à Minerve et Vulcain, Charles Le Noble se montrait partisan d’une féconde coopération entre les deux courants du progrès médical, dogmatisme et empirisme (raisonnement et expérimentation, v. note [9], lettre d’Adrien Auzout à Jean Pecquet).

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Observationes de Venis lacteis (1655).
1. Lettre de Charles Le Noble
à Jean ii Riolan, première partie, note 5.

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(Consulté le 08/12/2025)

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