V. note [33], lettre de Jacques Mentel à Jean Pecquet, pour l’avis de Galien sur le foie, comme premier organe de la sanguification et principe des veines, dans le livre iv de l’Utilité des parties. Les veines du foie y sont traitées dans le chapitre xiii : {a}
« Et pour commencer par la première des questions posées, pourquoi la nature, après avoir réuni aux portes du foie ces veines nombreuses qui apportent de bas en haut la nourriture de l’estomac et de tous les intestins, les divise-t-elle de nouveau en veines innombrables ? Car elle a réuni les ramifications [gastro-intestinales], comme n’ayant besoin que d’un seul tronc ; puis elle les divise à l’instant, comme les ayant réunies inutilement, tandis qu’elle aurait pu, créant dans le viscère une grande cavité sanguine, y insérer, à la partie inférieure, la veine qui, se trouvant aux portes du foie, charrie de bas en haut le sang [fourni par la transformation des aliments dans l’estomac et les intestins], et à la partie supérieure, celle qui lui succède et qui promène cet aliment dans tout le corps. […] {b}
Ce n’est donc pas en vue de l’élimination que la nature a créé dans le foie un si vaste plexus veineux, c’est pour que la nourriture séjournant dans le viscère s’y hématose complètement ; {c} car si elle eût créé, dans le foie comme dans le cœur, une grande cavité unique pour servir de réceptacle ; si ensuite elle y avait introduit le sang par une seule veine pour l’en faire sortir par une autre, l’humeur {d} apportée de l’estomac n’aurait pas séjourné un instant dans le foie, mais traversant rapidement tout ce viscère, le sang eût été entraîné par la force du courant qui le distribue dans le corps. {e}
C’est donc pour arrêter plus longtemps et pour transformer complètement l’aliment qu’existe ce réseau de voies étroites dans le foie, le pylore dans l’estomac, et les circonvolutions dans les intestins. C’est ainsi encore qu’en avant des testicules se trouvent ces replis variés d’artères et de veines, et à la tête, sous la dure-mère, ce plexus artériel appelé plexus rétiforme. {f}
Quand la nature veut prolonger en un endroit le séjour de quelque matière, elle oppose un obstacle à sa marche progressive. S’il n’eût existé dans le foie qu’une grande cavité, le sang n’y eût pas séjourné aussi longtemps, une très faible partie de ce sang aurait été mise en contact avec la substance du viscère, en sorte que la sanguification eût été imparfaite ; car si la substance propre du foie est le premier organe de l’hématose, l’aliment, qui avait avec elle un contact prolongé, devait s’approprier la forme du sang avec plus de promptitude et d’efficacité. C’est pour cela que les veines mêmes du foie ont été créées par la nature plus grêles que toutes celles du corps entier. Ces dernières, éloignées du principe de l’hématose, et ayant besoin de défenses contre les lésions, ont été avec raison douées par elle d’une grande force. Une preuve considérable à l’appui de cette assertion, c’est que leur tunique est plus ou moins épaisse en raison de la protection qu’elles réclament, ainsi qu’on le verra par la suite du discours ; celles du foie, au contraire, sont très minces, car elles ne courent aucun risque (attendu qu’elles trouvent un appui sûr dans le viscère) ; elles opèrent ainsi beaucoup mieux l’hématose. »
- Daremberg, volume 1, pages 309‑311.
- Galien réfutait Érasistrate pour qui cette disposition permettait la séparation de la bile jaune (sans du tout parler de la formation du sang).
- S’y transforme complètement en sang.
- χυμος.
- Galien jugeait inutile, comme allant de soi, de dire que le cœur ne pouvait pas être l’organe de la sanguification.
- V. supra note [7] pour la reprise de trois de ces exemples par Charles Le Noble.
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