Annexe : Autographe français de Jean Pecquet
sur sa propre découverte
(hiver 1651-1652), note 1.
Note [1]

Le même exemplaire contient de nombreuses annotations portées par deux plumes différentes, autres que celle de Jean Pecquet.

  • Sur le contreplat de couverture deux textes ont été écrits par la même main, me semble-t-il, mais avec des encres distinctes.

    • Ambrosium D. augustini fratrem cucullatum ab oppido in quo natus est calepinum nuncupatum Græcarum literarum omnino expertem et humanioribus literis vix tinctum omnium scriptorum fortunatissimum dicere soleo (inq. Hierony. Magius c.6. libri de Equuleo) quod latinum lexicon Græcorum exemplo edidisset, non id quidem quod a doctis legeretur, sed ab ijs qui in Grammaticorum scholis adhuc versarentur, inornatum aridum, et exemplis e sacræ scripturæ interpretibus sæpius quam è Cicerone depromptis refertum doctissimorum postea virorum cura atque opera factum est, ut hoc opus ad immensam magnitudinem excreuerit, ut iure καλεπον ./. grave dici possit. Qvorsum hæc ! ut notetur pecqueto hanc aut parem felicitatem euenisse. Vt qui plane tyro in anatomicis forte fortuna repererit (mentelio adhortante illum ad examen Confluvij lactearum mesenterij venarum) ductum chyli Thoracicum, quem duplicem facit, licet vnicus sit ; de qua re immensa, nihil commovebat. nisi mentelius illum excitasset ut provocasset ad scriptiones, cui epistolas laudatorias attexuit et dominum de mersenne atque D. auzotium ad illud idem perscrutendum impulit. Huic celebritas pecqueto accessit.

      [« J’ai l’habitude de dire qu’Ambrosius, moine de l’Ordre de saint Augustin, {a} a été appelé Calepinus à cause de sa ville natale, {b} a été le plus fortuné de tous les écrivains parce que, sans du tout connaître le grec et en n’ayant qu’une vague notion des belles-lettres, il a mis au jour, sur l’exemple des Grecs, un lexique latin, tel qu’on le recueille non pas des savants auteurs, mais de ceux qui fréquentent les écoles des grammairiens, lequel est dépouillé, aride et rempli d’exemples plus souvent tirés des interprètes de l’Écriture sainte que de Cicéron ; et que le travail et les soins que de très savantes gens y ont consacrés ont fait que son ouvrage a acquis un si énorme volume qu’on peut légitiment en dire qu’il est Calepon, {c} c’est-à-dire pesant » (Hieronymus Magius, chapitre vi, Liber de Equuleo). {d} Tout cela pour en venir à remarquer que Pecquet a joui d’une félicité égale à celle de Calepin ! Voilà un débutant en anatomie que Mentel a encouragé à explorer la confluence des veines lactées du mésentère, et qui, par un heureux hasard, a découvert le canal thoracique du chyle, qu’il estime double, bien qu’il soit unique ; il ne se serait en rien ému de cette immense découverte si Mentel ne l’avait vivement incité à en faire un livre, auquel il a ajouté une lettre de compliment, en poussant MM. De Mercenne et Auzout à fouiller le même sujet. Ainsi Pecquet a-t-il accédé à la célébrité]. {e}


      1. Vnote Patin 2/117.

      2. Vnote Patin 17/193 pour Ambrogio Calepio dit Calepino (Ambroise Calepin) natif de Calepio, près de Bergame, et son Dictionarium latinum (1502), qui devint le premier dictionnaire multilingue et donna son nom au calepin.

      3. Jouant sur le nom de Calepinus, Calepon est la translittération donnée par la source imprimée (v. infra notule {d}), mais le manuscrit en a fait καλεπον au lieu de χαλεπον qui signifie « pesant, difficile, ennuyeux » (gravis en latin).

      4. Ce passage traduit entre guillemets est le début (page 31) du chapitre vi, In Calepini Lexico quæ explicatio Equulei legatur [Explication du mot Equuleus qu’on lit dans le Lexique de Calepin], du Hieronymi Magii de Equuleo Liber postumus [Livre posthume de Hieronymus Magius sur le Chevalet de torture] (Hanau, Claudius Marnius et héritiers de Ioan. Aubrius, 1609, in‑8o de 144 pages, pour la première de plusieurs éditions) avec deux illustrations représentant : 1. la torture infligée aux patients qu’on attachait à l’equuleus ; 2. le Scamnum Hippocratis [Banc d’Hippocrate] (pour réduire les fractures par traction).

        Vnote Patin 6/1130 pour Hieronymus Magius (Girolamo Maggi), érudit toscan mort en 1572.

      5. Ce texte anonyme diminue clairement les mérites de Pecquet pour exalter ceux de Jacques Mentel et en faire le véritable pionnier de la voie nouvelle du chyle.

    • Sane non ignoremus eadem ætate fuisse Pomponium (i. comicum) sensibus celebrem, verbis rudem (ita pecquetus), et nouitate inuenti a se operis commendabilem inq. Velleius patercul. historiar. lib. 2.

      [« Gardons-nous bien d’oublier qu’à la même génération appartenait Pomponius (le comique), {a} écrivain illustre par ses idées, rude dans son style (comme est Pecquet), {b} mais qui se recommande par l’invention d’un genre nouveau » (Velleius Patercul., livre ii des Histoires)]. {c}


      1. Lucius Pomponius, auteur comique du ier s. av. J.‑C., a innové en introduisant des dialogues écrits dans le théâtre latin, mais en usant d’une langue réputée triviale et volontiers obscène.

      2. Coup de griffe au rude latin de Pecquet (v. note [8], Historia anatomica de Thomas Bartholin, chapitre v).

      3. Velleius Paterculus (ier s.), Histoire romaine (depuis la prise de Troie), livre ii, ix.

  • Sur la première page blanche figure un argumentaire intitulé Munus hepatis est adjuvare coctionem alimenti [La fonction du foie est d’aider à la coction de l’aliment] tiré de divers auteurs (André Vésale, Jean ii Riolan, Adriaan van de Spiegel, etc.), mais trop difficile à déchiffrer et d’intérêt insuffisant pour que je m’échine à le transcrire et le traduire. La cursive est moins soignée que celle du contreplat, mais peut émaner de la même plume.

  • Toujours de la même main que le contreplat, la page de titre est assortie d’une citation de Sénèque le jeune (Lettre lxiv à Lucilius) :

    Multum egerunt qui ante nos fuerunt sed non peregerunt. Multum adhuc restat operis multumque restabit ; nec ulli Nato post mille secula præcludetur occasio aliquid adjiciendi.

    [Ceux qui nous ont précédés ont beaucoup fait, mais ils n’ont pas tout achevé. Il reste encore beaucoup d’ouvrage, et il en restera toujours beaucoup ; et tous ceux qui viendront après mille siècles pourront encore y ajouter].

    Cette page porte le sceau de la bibliothecæ regiæ [Bibliothèque royale (de France)].

  • Les marges des pages 96‑ 101, qui sont les cinq dernières de la lettre de Mentel à Pecquet et la première de celle de Pierre De Mercenne, sont chargées d’annotations émanant de la même plume que celle du contreplat. Je n’y ai néanmoins pas lu la principale addition de Mentel à sa lettre réimprimée en 1654, qui décrit sa propre découverte du réservoir en 1629 (v. sa note [30]).

  • Les deux dernières pages non blanches du volume (après l’autographe de Pecquet) sont la transcription du « Rapport du chirurgien qui a fait la dissection d’un corps où les parties internes étaient transposées », daté du 12 décembre 1650, signé « A. Bertrand ». {a} Son titre est écrit par la même plume que le contreplat, mais le texte est d’une autre main (probablement celle de Bertrand). Mentel a longuement commenté cette dissection dans sa lettre de soutien à Pecquet. {b}


    1. Antoine Bertrand, mentionné dans la publication de ce cas par Jean ii Riolan, v. notes Patin 11/254, notule {h}, et 6/833.

    2. V. ses notes [15][25].

Si je devais me prononcer sur cet exemplaire, je dirais qu’il provient probablement de la bibliothèque de Mentel, qui serait l’auteur de la plupart des annotations manuscrites ; en outre, il y aurait inséré le cahier autographe qu’il aurait obtenu de Pecquet, pour résumer ses travaux en français. Je me range donc à la notice du catalogue de la BnF qui identifie Mentel comme l’ancien possesseur de ce spécimen, coté RES 4‑TA30‑2.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Annexe : Autographe français de Jean Pecquet
sur sa propre découverte
(hiver 1651-1652), note 1.

Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=1527&cln=1

(Consulté le 10/12/2025)

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