Texte : Lettres de soutien
adressées à Jean Pecquet :
Adrien Auzout (1651), note 5.
Note [5]

Thomæ Bartholini Casp. F. Anatomia, ex Caspari Bartholini Parentis Institutionibus, omniumque recentiorum et propriis observationibus tertium ad sanguinis circulationem reformata. Cum iconibus novis accuratissimis [Anatomie de Thomas Bartholin, le fils, tirée des Institutions de Caspar Bartholin, le père, réformée et améliorée pour la troisième fois par ses propres observations et celles de tous les auteurs plus récents pour prendre en compte la circulation du sang. Avec de nouvelles figures très exactes], {a} libellus i, De Venis, caput iii, De Venarum corporis divisione et de vena portæ, et venis lacteis [Sur la distribution des veines du corps, la veine porte et les veines lactées], {b} début de l’addition intitulée Lactearum venarum Historia [Histoire des veines lactées], pages 418‑420 :

Lacteas venas in mesenterio, à colore chyli albicante dictas, nostra ætas priori oculatior, præter Mesaraicas ut quartum vasorum genus per quod chylus ad hepar defertur, invenit. Illas venas per transennam vidit apud Galenum Erasistratus, post eum autem primus earum αυτοπιης fuit Caspar Asellius Anatomicus Ticinensis, in sectione canis vivi bene pasti, facta Anno 1622. 23. die Iulii. Cujus vestigiis insistentes accuratiores Anatomici et quibus veritate nihil antiquius, ipsa illa vasa lacteo succo referta, peculiares esse ductus à Mesaraicis reliquis distinctos oculata fide invenerunt. Nam in vivis animalibus semper apparent, si post pastum quarta circiter hora secentur, quando nempe chyli fit distributio, ab illo enim tempore disparent. Semper tamen, licet inanitæ sint, speciem fibrillarum retinent, quæ nonnullis imposuerunt, ut pro nervis hæc vasa habuerint : sed falsi sunt, quia nervi nec chylum ejusmodi habent, nec valvulas, nec cavitatem. Neque Mesenterium et intestina adeo sunt sensibilia, licet paucos habeant ex sexta conjugatione nervos. Alii arterias hæc vasa esse putarunt, sed sensu repugnante, qui hic simplicem tunicam et nullum motum agnoscit. Sola trunci ignoratio doctos nonnullos in suspenso adhuc tenet, qui si in hepate demonstrari posset, salva esset res. Sed quanquam truncus et origo ignoraretur, de existentia horum vasorum nemo dubitaret magis quam de Nili, ejus accolæ, quia caput adhuc latebat. Et per ramulos hepati inseri sine trunco, neutiquam aliis impossibile fuit visum.

[Meilleur observateur que le précédent, notre siècle a découvert les veines lactées du mésentère, ainsi nommées pour la couleur blanche du chyle qu’elles transportent vers le foie. Distinctes des veines mésaraïques, elles établissent une quatrième sorte de conduits. {c} Érasistrate, au dire de Galien, {d} les a entraperçues ; mais, après lui, le premier à les avoir directement observées a été Gaspare Aselli, {e} anatomiste de Pavie, le 23e de juillet 1622, en disséquant un chien vivant, qu’il avait bien nourri au préalable. Marchant sur ses pas, des anatomistes plus diligents et pour qui rien n’a plus de prix que l’exacte vérité, ont découverts, sur la foi de leurs observations, que lesdits vaisseaux remplis de suc laiteux, sont distincts des autres conduits mésentériques. De fait, ils se voient toujours chez les animaux vivants qu’on ouvre environ quatre heures après les avoir alimentés, au moment où s’écoule le chyle, mais disparaissent ensuite. Même vides, ils conservent néanmoins en permanence l’aspect de fibrilles, ce qui a mené quelques-uns à les tenir pour des nerfs, mais à tort parce que les nerfs ne contiennent pas un tel chyle, et n’ont ni valvules ni lumière ; en outre, ni le mésentère ni les intestins ne sont richement innervés, bien que quelques nerfs leur viennent de la sixième paire. {f} D’autres ont pensé que ces vaisseaux étaient des artères, mais sans convaincre celui qui ne leur voit qu’une paroi rudimentaire et n’y perçoit aucun battement. Seule l’ignorance de leur tronc commun tient les savantes gens en suspens, et la question serait résolue si quelqu’un démontrait qu’il aboutit dans le foie. {g} Bien qu’on ne connaisse pas encore leur tronc et son origine, nul ne douterait de l’existence de ces vaisseaux plus que de celle du Nil, et de ses affluents, sous prétexte que leur tête demeure cachée. {h} D’autres ont jugé absolument impossible que leurs petites branches gagnent le foie sans former un tronc].


  1. Leyde, 1651, vnote Patin 7/311.

  2. V. note [23], préface de la première Responsio de Jean ii Riolan (1652), pour un autre extrait (sur le poisson rond) de cet intéressant chapitre car Bartholin y expose ses idées sur le chyle avant la découverte véritablement révolutionnaire de Jean Pecquet.

  3. Après les artères et les veines sanguines, et les nerfs.

  4. V. note [9], Historia anatomica de Thomas Bartholin, chapitre iii, pour cette étonnante observation d’Érasistrate que Galien a formellement niée et condamnée.

  5. V. note [1], Experimenta nova anatomica, chapitre i.

  6. La sixième paire rachidienne dorsale était censée assurer la majeure partie de l’innervation mésentérique, le reste dépendant des paires lombaires (page 73 de l’Anatomie de Bartholin).

  7. Mise en exergue de la phrase citée par Adrien Azout ; la figure iv de l’Anatomie de Bartholin représente néanmoins en G (chez le poisson rond) la Glandula alba mesenterii chylo turgens, ex qua venæ protenduntur ad tertium lobum [Glande blanche enflée de chyle, d’où les veines se portent vers le troisième lobe (du foie)].

  8. Vnote Patin 6/1040, pour le mystère des sources du Nil qui hantait les esprits depuis l’Antiquité.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Lettres de soutien
adressées à Jean Pecquet :
Adrien Auzout (1651), note 5.

Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=0048&cln=5

(Consulté le 08/12/2025)

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