| Note [4] | |
Pierre de Mercenne confirmait sa conviction que le chyle se divise en deux parties (v. note [7], Brevis Destructio, chapitre iv), dont la plus pure et ténue gagnerait le réservoir lombaire pour aller dans le cœur en passant par la veine subclavière. Ce trajet correspond exactement à la description de Jean Pecquet chez le chien. L’anatomie humaine est conforme à celle décrite par Thomas Bartholin dans le chapitre v de son Historia anatomica (1652), puis par Charles Le Noble dans la seconde partie de sa lettre à Jean ii Riolan (1655). La nouveauté tient aux précisions que De Mercenne apportait à la fonction possible de ce chyle qui monte dans le cœur : diluer et rafraîchir le sang pour le rendre apte à recevoir l’esprit vital (préfiguration plausible de l’hématose moderne) ; en revanche, en lien avec le sujet de la thèse, l’idée que cela permette au sang et au cœur de modérer les réactions corporelles aux émotions prête aujourd’hui à sourire, même si on peut y percevoir une vague prémonition des phénomènes vasomoteurs de nature sympathique et parasympathique (v. note [12], Dissertatio anatomica, chapitre v). Le médecin anglais Richard Lower (1631-1691) a comparé le chyle au lait dans son Traité du Cœur, du mouvement et de la couleur du Sang et du passage du Chyle dans le sang… nouvellement traduit de latin en français par M. ****** {a} (Paris, 1679, chapitre v, page 232‑233) : « […] il faut observer que le chyle qui < s’>insinue continuellement dans le sang et qui y est mêlé peu à peu, est porté ensemble avec lui, et qu’il est plus ou moins cuit et élaboré, plus ou moins il circule et fermente dans la masse du sang. Car s’il est déposé dans les mamelles lorsqu’il est encore récent, et qu’il n’a pas été cuit dans le sang pendant plusieurs heures, il conserve tellement son ancienne nature et sa première couleur qu’il ne peut être distingué du chyle même, ni par le goût ni par la couleur, comme je l’ai souvent expérimenté dans des femelles d’animaux qui étaient pleines ; car lorsque je faisais comparaison du chyle qui avait été pris du réceptacle commun, et de celui qui surnageait sur le sang qui avait été tiré, {b} et du lait même qui avait été exprimé des mamelles, je n’y pouvais apercevoir aucune différence, si ce n’est que celui qui était dans le réceptacle était un peu plus salé ; c’est pourquoi il ne faut point douter que tout le lait qui est dans les mamelles n’y ait été déposé par les artères des mamelles ; et ce serait en vain que l’on s’amuserait à chercher d’autres conduits qui transportent plus immédiatement ce suc de lait du ventricule et des intestins dans les mamelles. » {c} |
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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
Annexe : Retour de Pierre De Mercenne sur la sanguification dans une thèse de 1661, note 4.
Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=1524&cln=4 (Consulté le 08/12/2025) |