Les premières expositions industrielles

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L’essor de l’industrie cosmétique incite les professionnels à valoriser leurs nouveaux produits et à participer aux rares expositions nationales qui sont organisées à cette époque. Certes, depuis 1798, les produits de l’industrie française sont présentés à Paris, mais à un rythme irrégulier. Il faut véritablement attendre les années 1820-1830 pour voir des exposants spécialisés dans le domaine cosmétique participer à ces expositions industrielles d’envergure nationale. Pour autant, la parfumerie n’occupe pas encore le devant de la scène. Le jury de 1839, avec Thenard, Brongniart, Chevreul, D’Arcet, Gay Lussac, Payen consacre la chimie. Les savons font encore l’objet de toutes les attentions.

 

Vue de la Cour du Louvre prise pendant l'exposition des produits de l'industrie française dans les jours complémentaires de l'an IX (1801). La première exposition industrielle organisée à Paris est due à l’initiative de François de Neufchateau en l’an VI (1798). Elle est exclusivement française et réunit, pendant trois jours, 110 exposants sur le Champ de Mars. Lui succèdent jusqu’au milieu du XIXe siècle de nombreuses expositions : An IX (1801) : durée 6 jours / 220 exposants ; An X (1802) : durée 7 jours / 540 exposants ; 1806 : 24 jours / 1422 exposants ; 1819 : 35 jours / 1662 exposants ; 1823 : 50 jours / 1642 exposants ; 1827 : 60 jours / 2447 exposants ; 1834 : 60 jours / 2447 exposants ; 1839 : 60 jours / 3281 exposants ; 1844 : 60 jours / 3960 exposants ; 1849 : 30 jours / 5494 exposants. © BnF / Source : Gallica.

Exposition universelle de 1851. Travaux de la commission française sur l’industrie des nations … Paris : imprimerie impériale, 1855. La première exposition universelle de l’histoire a lieu à Londres en 1851. A cette date, le domaine de la cosmétique regroupe les productions de « savons, bougies et parfumerie » et se trouve soumis à l’examen du jury de la XXIXe classe. Selon le vice-président de ce jury, M. Wolowski, « les savons et les bougies appartiennent à l’ère moderne ; ils portent l’empreinte commune à tout ce que le progrès des sciences chimiques et mécaniques a enfanté de grand et fécond […] ils servent au plus grand nombre, ils ajoutent aux commodités de la vie et, sous une forme toute matérielle, aident au développement des idées d’ordre et de sentiment plus élevés ». Et d’ajouter : « Dans un siècle où tout le monde parle de démocratie […], les améliorations réalisées par l’industrie portent au plus haut degré ce caractère ». © BIU Santé Pharmacie : cote 12886.

Les Laveuses (1851), par Jules Vogel. Lors de l’exposition de 1839, divers savons sont récompensés. Parmi les savons, on distingue celui de Raybaud, un savon à très bas prix pour les pauvres. Cet exposant, déjà remarqué aux expositions de 1827 et 1834, est récompensé d’une médaille d’argent pour l’ensemble de ses produits, notamment des savons de toilette à 20% de silice à poudre très fine qui « nettoient et adoucissent parfaitement les mains ». Il faut du savon pour tous … en particulier pour les plus pauvres. Il poursuit ainsi la volonté du Comité de salut public (voir la lettre de Chaptal) © BnF / Source : Gallica.

César Birotteau. Illustration extraite de : Honoré de Balzac, Oeuvres complètes: La comédie humaine … Paris : Houssiaux, 1863. Illustration de Bartall (1820–1882), gravure de Brevière. Célèbre personnage et roman de Balzac, le parfumeur César Birotteau (1837) s’inspire directement de la vie d’un certain Bully, dont le vinaigre « hygiénique et odontalgique » connut, à la fin du règne de Charles X, un succès notable. Ce roman est un remarquable document sur l’industrie cosmétique pendant la Restauration. Source : Wikimedia.

Horace Napoléon Raisson. Code de la toilette, Manuel complet d'élégance et d'hygiène … par l'auteur du code civil. Paris : J.-P. Roret, 1828.   BIU Santé Pharmacie : cote RES 212335.

Horace Napoléon Raisson. Code de la toilette, Manuel complet d'élégance et d'hygiène … par l'auteur du code civil. Paris : J.-P. Roret, 1828. La Révolution française a aboli les privilèges et redessiné une société qui se veut plus égalitaire. Pour autant, les distinctions de classe n’ont pas disparu avec 1789. Entre bourgeois et prolétaires, notables et paysans la propreté et l’odeur restent autant de marqueurs qui situent immédiatement les citoyens dans le paysage social. L’hygiénisme est en vogue ; les classes laborieuses sont perçues comme autant de classes dangereuses qu’il faut « purifier ». La pratique du bain se développe au rythme de la construction des salles d’eau. Des ouvrages faisant la promotion de l’hygiène recommande de se laver les pieds et les dents une fois par semaine et les cheveux au moins tous les deux mois. Symptomatique de son époque, le Code de la toilette … d’Horace Napoléon Raisson se veut le manuel complet de l’élégance et de l’hygiène. Il y est question de la beauté en général et de chaque partie du corps qu’il faut entretenir ; il y est aussi question de l’économie domestique, de la tenue de la maison et de la propreté du linge. Accéder à l’intégralité de ce document BIU Santé Pharmacie : cote RES 212335.