Hugues Algernon Weddell. Histoire naturelle des quinquinas
(1849)
Détail du frontispice.
[Cote : RES 16]
Hugues Algernon Weddell. Histoire naturelle des quinquinas
(1849)
Détail du frontispice. [Cote : RES 16]
A propos de la récolte des quinquinas
Extraits de Histoire des drogues d'origine végétale de Daniel Hanbury et Friedrich A. Flückiger.
[Cote : 12284-1]
Les
admirables qualitez du Kinkina (1689) [Cote : RES 49703].
Page
de titre
De la
guérison des fièvres par le quinquina (1681) [Cote :
49701].
Page de titre
Les
admirables qualitez du Kinkina (1689) [Cote : RES 49703]
De la guérison des
fièvres par
le quinquina (1681) [Cote : 49701]
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La découverte de l’arbre à quinquina : légendes et
descriptions fantaisistes
Quoique le Pérou ait été découvert en 1513 et soumis au
joug
espagnol vers le milieu du siècle, il n’a été trouvé aucune mention de
l’écorce fébrifuge avant le commencement du XVIIe siècle.
Les premiers chroniqueurs de la découverte du quinquina rapporte que la
comtesse de Chinchon, épouse du vice-roi du Pérou, aurait été guérie de
fièvres palustres par un remède secret connu des seuls indiens. Mais il
s’agirait là d’une légende. Il semble actuellement plus vraisemblable
que cette découverte soit due à la perspicacité des Jésuites qui
étaient établis à proximité des exploitations minières péruviennes. Ces
missionnaires voyaient, en effet, que les Indiens buvaient de l’écorce
de quarango pulvérisée dans de l’eau chaude, dès qu’ils se trouvaient
atteints de fièvres ou de tremblements. C’est par analogie que les
Jésuites utilisèrent d’autres écorces, dont le quinquina, qui par
bonheur eut des effets bénéfiques contre les fièvres intermittentes.
A partir de ce moment, la diffusion du remède se répandit du Nouveau
vers le Vieux continent.
L’introduction de l’écorce du Pérou en Europe est
racontée par
Jacques Chifflet, médecin de l’archiduc Léopold d’Autriche, vice-roi
des Pays-Bas et de Bourgogne, dans son Pulvis febrifugus Orbis
Americani
ventilatus, publié à Bruxelles en 1653. Il raconte que les
Espagnols l’appelaient alors Palo
de
Calenturas, c’est-à-dire « Bois des fièvres » et que
l’écorce
était connue sous le nom de China
febris. A Bruxelles et Anvers, on la désignait plutôt sous
le
nom de Pulvis
jesuiticus ou,
plus communément encore, sous le nom de Pulvis peruvianus
ou Peruvianum febrifugum.
A Rome, on
parlait plutôt de Pulvis
eminentissimi cardinalis de Lugo, parce que ledit cardinal
avait
coutume de l’administrer aux pauvres de la ville.
Parmi ceux qui contribuèrent le plus à la diffusion du
nouveau
médicament en Europe, se trouve Robert Talbor (1642-1681) ou Tabor.
Celui-ci avait été commis chez un apothicaire de Cambridge, puis
s’était établi dans l’Essex où il pratiqua la médecine avec un certain
succès. Plus tard, il vint à Londres et publia, en 1672, un opuscule
intitulé : Pyretologia,
a rational
account of the cause and cure of agues. Dans cet ouvrage,
il met
en garde ses lecteurs contre les effets dangereux produits par la «
Poudre des jésuites » lorsqu’elle est mal administrée. Il admet, en
revanche, les qualités de l’écorce qui, convenablement préparée,
constitue un « noble et sûr médicament ». En 1678, Robert Talbor fut
nommé médecin ordinaire de Charles II. A l’aide de son remède secret,
il parvint à guérir le monarque d’une fièvre.
En 1679, Robert Talbor visita la France et l’Espagne. En France, il eut
l’opportunité de guérir le Dauphin d’un accès de fièvre et traita avec
succès d’autres éminentes personnalités. Ces résultats lui attirèrent
les faveurs de Louis XIV qui, moyennant une forte somme d’argent et la
garantie d’une pension annuelle, obtint de lui la composition de sa
recette. Le secret tenait essentiellement dans l’administration de
fortes doses d’écorce de quinquina infusée dans du vin et dans le
renouvellement régulier des prises. La guérison du roi et la manière de
bien administrer le remède sont évoquées dans un petit ouvrage daté de
1689, intitulé Les
admirables qualitez du Kinkina, confirmées par plusieurs expériences
[Cote : RES 49703]:
«
Le Roy a pris le Kinkina en substance dans du vin, c’est-à-dire une
dragme de poudre reduite en Alcool sur le porphire dans un verre
d’environ six onces d’infusion ordinaire du Kinkina, le soir et le
matin pendant huit jours, ensuite une fois le matin pendant quinze
jours, & enfin la même dose pendant trois semaines partagées
par
autant de semaines de repos, sans y prendre aucun remède. Il en a été
parfaitement guéri, sans être incommodé de la moindre chaleur.
Si on le
prend dans du vin, il faut qu’il soit rouge & stomacal, comme
celui
de Bourgogne, & qu’il n’ait point trop de douceur, comme sont
la
plupart des vins d’Italie.
A l’égard du Kinkina, il est nécessaire qu’il soit du meilleur pour en
avoir un succès assuré, car on y est bien souvent trompé, ... » (p.27-28)
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Nicolas de Blégny. Le remède
anglois... (1683)
[Cote : 33764]. p.14
Nicolas de Blégny. Le remède anglois...
(1683) [Cote : 33764]
Pierre Pomet. Histoire des drogues
(1694) [Cote :
RES 61]. p.132
Pierre Pomet. Histoire des drogues
(1694) [Cote : RES 61]
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A la mort de Robert Talbor, Louis XIV ordonna que le
secret du
remède fût rapidement publié. Ainsi, dès 1681, celui-ci fut rendu
public dans un ouvrage intitulé De la
guérison des
fièvres par le quinquina [Cote
: 49701]. Dans son ouvrage, l’auteur se propose
d’expliquer les
« vertus » et l’« action » du médicament et « la manière de
s’en
servir
dans toutes les fièvres ». Les modalités de sa préparation sont les
suivantes :
«
On peut donner le Quinquina en forme solide, ou en liqueur. En forme
solide, comme en bol ou en extrait.
Pour le donner en bol, il faut le mettre en poudre très subtile,
&
le mêler avec quelque extrait, comme celui de graine de Genièvre, ou
avec quelque sirop ou conserve, comme celle d’œillets rouges, ou de
fleurs de souci. Pour le donner en extrait, il faut tirer la teinture
avec l’eau de vie, ou avec l’esprit de vin simple ou composé, &
la
réduire en une consistance de miel : cette préparation demande plus que
toutes les autres un bon artiste.
Si on le veut donner en liqueur, ce sera en teinture ou un infusion. En
teinture, comme celle qui sert à faire l’extrait ; & selon
qu’on la
voudra avoir plus ou moins forte, & la donner en moindre
quantité,
on retirera par la distillation plus ou moins de l’esprit de vin qui
aura servi à faire cette teinture, laquelle se donnera dans quelque
liqueur convenable.
Que si on le donne en infusion, il la faut faire avec le vin, ou avec
quelque autre liqueur, à froid ou à chaud ; soit qu’on mette en
l’infusion le Quinquina seul, ou qu’il y ait addition d’autre chose » (p.18-20)
En 1683, une nouvelle publication du remède fut donnée
dans
un petit texte intitulé : Le remède
anglois pour
la guérison des fièvres [Cote
: 33764] par Nicolas de Blégny
(1643?-1722). Son
livre fut immédiatement traduit en anglais sous le titre : The English Remedy : or,
Talbord’s
Wonderful secret for cureing of Agues and Feavers.
L’écorce de
quinquina se trouva, dès lors, acceptée dans la médecine régulière,
bien que son efficacité fît encore l’objet de nombreuses polémiques.
Outre l’histoire de la découverte de la drogue (qu’il nomme encore «
kinakina »), Nicolas de Blégny donne l’une des toutes premières
représentations de l’arbre à quinquina. Il le compare au cerisier pour
la taille et au chêne pour la forme des feuilles et du fruit. Nicolas
de Blégny n’a, en fait, jamais vu aucun arbre à quinquina ; la figure
qu’il fait graver s’inspire largement des descriptions données par ses
contemporains.
Quelques années plus tard, Pierre
Pomet (1658-1699) donna, dans son Histoire des
drogues (1694)
[Cote : RES 61],
une nouvelle représentation de l’écorce du Pérou, réalisée à partir de
récits de voyage, et non d’après nature.
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