François LEGENT
Oto-rhino-laryngologiste
Université de
Nantes
André CHAYS
Oto-rhino-laryngologiste
Université de Reims
andre.chays@univ-reims.fr
janvier 2017
Qu’évoque le nom de Gellé pour les otologistes du XXIe siècle ? Avant tout, pour les plus instruits, un « mur de Gellé » et une « épreuve de Gellé ». Beaucoup ignorent l’apport à la médecine de ce grand otologiste français de la fin du XIXe siècle ; ils ne peuvent imaginer la notoriété qu'a eue ce « savant » puisque tel était le qualificatif alors donné habituellement aux chercheurs. Elle avait atteint le pinacle à l’époque de son Jubilé en 1910, avec de nombreuses participations étrangères. À l’occasion de la disparition de Marie-Ernest Gellé (1834-1923), Marcel Lermoyez fit paraître un article retentissant dans la Presse Médicale [1] sur cet otologiste encore très connu. « Trois noms planent sur l’otologie française au XIX siècle : Itard, Menière, Gellé. Gaspard Itard (1775-1830) inaugura le siècle en réformant l’otologie ; c’était le temps où la routine cédait enfin à la raison. Prosper Menière se signala par un coup d’éclat. Il déclara que le vertige vient du labyrinthe. Du haut de la tribune de l’Académie de médecine, il s’attaqua au dogme vénérable de la congestion cérébrale apoplectiforme. Marie-Ernest Gellé clôtura le XIXe siècle par des travaux moins sensationnels, incapables de troubler la sérénité académique, mais qui rendirent à l’otologie des services inappréciables ». Lermoyez qualifiait Gellé de « Politzer français ». On ne pouvait mieux honorer le disparu en le comparant à l’otologiste viennois tant la notoriété de Politzer dominait alors mondialement cette discipline. Lermoyez, créateur du premier service d’ORL de l’Assistance Publique de Paris à la fin du XIXe siècle, s’avérait un des mieux placés pour porter un jugement sur cette histoire médicale. Il se considérait comme l’élève à la fois de Politzer et de Gellé. À l’occasion de la célébration à l’Académie de médecine du centenaire de la naissance de Lermoyez (1858-1929), on peut lire : « Il suivit la consultation que Gellé faisait deux fois par semaine dans le service de Charcot à la Salpêtrière pour étudier les sourds du service, et parfois le soir, il allait dans le laboratoire de physiologie de la faculté de médecine, au fond d’un couloir du vieux couvent des Cordeliers, retrouver Gellé qui disséquait des rochers sur un bout de table. Toute sa vie, Lermoyez garda une grande admiration pour cet homme modeste, effacé, inconnu à Paris, mais qui allait être porté à la présidence du Congrès international d’Otologie de Paris en 1889 , par le vote unanime des spécialistes étrangers. » [2]
Gellé ne fut pas seulement un spécialiste des oreilles renommé mais aussi un chercheur et un enseignant. Si la renommée de l’otologiste ne s’est pas trop estompée, il n’en est pas de même pour l’enseignant-chercheur. L’oubli a été favorisé par l’absence d’accès de l’otologiste à des fonctions prestigieuses officielles, hospitalière ou universitaire.
Sur la couverture des deux livres que Gellé publia sous le titre Études d’otologie - Leçons faites à l’École pratique de la Faculté de Paris par le Dr Gellé [3], l’auteur indiquait sous son nom : « ancien interne des hôpitaux, lauréat de l’Académie de médecine de Paris, professeur libre d’otologie. » Ces leçons concernaient la période de 1875 à 1888. Elles entraient dans le cadre de l’enseignement libre de la médecine qui permettait la diffusion des spécialités, en complément de l’enseignement officiel à tendance encyclopédique.
De plus, lorsqu’il vint prendre la consultation d’otologie que lui avait créée Charcot dans son service à la Salpêtrière, Gellé y fit de nombreuses conférences et leçons. L’enseignement de Gellé a été bien au-delà de ces « leçons », diffusé par les nombreux écrits rapportant ses recherches.
Dans l’édition de l’Exposé de ses travaux scientifiques publiée en 1902 [4], rédigé en vue d’une élection de l’Académie de médecine, M.-E. Gellé précisait : « Né à Beauvais en 1834, fit ses études à Paris, où il fut reçu bachelier ès-lettres puis bachelier ès-sciences. Externe des hôpitaux, il est interne en 1856. Voici la liste de ses travaux, la plupart présentés à la Société de Biologie, dont il est membre et a été vice-président ».Toute sa vie professionnelle a été marquée par la recherche, et ceci dès son internat.
M.-E. Gellé a été reçu au concours de l’internat en médecine et en chirurgie des hôpitaux et hospices civils de Paris, en décembre 1855, dès l’âge de 21 ans.
Dès sa première année d’internat alors à Bicêtre, dans un service de « chirurgie des vieillards », il réalisa un important travail sur le rôle de la déchirure capsulaire dans la réduction des luxations récentes de la hanche. Le mémoire sur cette recherche sera publié en 1861 dans Les Archives générales de médecine et repris par d’autres revues. La lecture de cette étude dans les Archives révèle une forte personnalité qui ne craint pas de bouleverser les idées admises jusqu’alors, avec une argumentation fondée sur une recherche anatomique. Cette étude sera présentée plus tard devant l’Académie de médecine pour une demande de prix. Malgré ses travaux en chirurgie, c’est en médecine qu’il soutint sa thèse en 1861 sur le Traitement de la chorée. Il exerça d’abord la médecine générale en banlieue avant de s’installer à Paris. Mais il manifesta très tôt un intérêt certain pour l’oreille.
Gellé montra précocement un penchant pour l’oreille. Marcel Lermoyez expliqua que cette vocation « datait de la première année d’internat pendant laquelle il dut faire l’autopsie d’un vieux de Bicêtre, atteint d’une ancienne surdité, mort d’une sclérose en plaques. Il avait constaté une atrophie du nerf acoustique ». Gellé était peut-être déjà marqué par le parcours de deux jeunes chirurgiens des hôpitaux, Eugène Follin et Simon Duplay. Situation exceptionnelle à l’époque, ces chirurgiens généralistes affichaient aussi une compétence dans une spécialité, Follin pour l’ophtalmologie, Dupaly pour l’ORL.
Eugène Follin avait bousculé les habitudes chirurgicales. Peu après la fin de son internat, il s’était illustré en concevant une société savante, avec d’autres jeunes chirurgiens, bientôt connue sous le nom de Société de Biologie et qui allait revêtir une très grande importance pour Gellé. En 1852, Follin sollicita son entrée à la Société de chirurgie de Paris en présentant un travail sur l’ophtalmologie, avec l’introduction en France de l’ophtalmoscope de Helmhotz. Sa notoriété dans le domaine des maladies des yeux ne l’empêcha pas de passer le concours de chirurgien des hôpitaux. De plus, il était depuis 1852 « rédacteur en chef » des Archives générales de médecine récemment créées. Disparu en 1867 alors qu’il était président de la Société de chirurgie, il ne connut pas l’apothéose d’une chaire professorale de chirurgie qui était prévue. Lors de ses obsèques, le Professeur Aristide Verneuil a bien montré la situation des spécialistes en France à cette époque. « Dans notre pays ennemi de la spécialisation, la plupart des savants qui, d’étapes en étapes, arrivent à être les premiers praticiens du monde, sans oublier jamais les fécondes études de l’amphithéâtre, du laboratoire, de la bibliothèque et de l’hôpital... ». On conçoit le mérite pour un médecin de mener de front à la fois une carrière de chirurgien généraliste et celle d’un pionnier dans une spécialité ; Verneuil les qualifiait d’encyclopédistes [5].
Simon Duplay, élève et ami de Follin, poursuivit ses travaux, tant aux Archives générales de médecine qu’à la rédaction de leur célèbre Traité de pathologie externe en quatre volumes dont il dut rédiger seul les deux derniers volumes. Le Tome IV, paru en 1875, concernait Les maladies des yeux, les maladies des oreilles et les maladies de la bouche. Duplay s’était fait connaître en otologie par un premier mémoire publié en 1863 dans les Archives générales de médecine avec une revue des travaux les plus récents sur l’otologie concernant l’anatomie, la physiologie et la pathologie, en France et à l’étranger [6]. L’auteur, alors aide d’anatomie, constatant que de nombreux travaux concernant l’oreille avaient été publiés à l’étranger mais pour beaucoup en anglais ou en allemand, voulait les faire connaître dans son pays. Le mémoire, très documenté, témoignait d’une grande connaissance dans ce domaine. En 1866, Duplay revenait sur l’otologie avec plusieurs articles publiés sous le titre de Sur quelques recherches nouvelles en otiatrique [7]. Il rapportait un nombre important de travaux réalisés scientifiquement, publiés pour la plupart en langue allemande, et dominés par ceux de Politzer. Il estimait que « l’ophtalmologie était depuis longtemps à l’état de science alors que l’otiatrique sort à peine de l’enfance ». Et surtout, il lançait un véritable cri d’alarme sur la pauvreté des activités de recherche en France concernant l’oreille par rapport à l’étranger. « L’anatomie, la physiologie et la pathologie de l’oreille sont généralement traitées parmi nous avec la plus grande indifférence, et en comparant, sous ce rapport, la France aux pays étrangers, et surtout à l’Allemagne et à l’Angleterre, on est surpris de voir le petit nombre de nos compatriotes qui s’occupent sérieusement d’otiatrique. » De tels articles, venant d’un chirurgien très connu, montrant à la fois le vaste domaine de la médecine des oreilles et la carence de la recherche en France, ont très certainement attiré l’attention du jeune Gellé qui avait déjà fait ses preuves en recherche chirurgicale.
Simon Duplay s’est éteint en 1924. La revue Archives internationales de laryngologie, de rhinologie et d’otologie rappela dans une notice nécrologique que Duplay était un des précurseurs de l’otologie et de la rhinologie française et que, « à l’origine du courant chirurgical de l’ORL, il en avait fait une branche de la Chirurgie ».
Tout au cours de la vie scientifique de Gellé, cette institution exerça un attrait qui, pour le moins n’eut pas l’écho qu’il pouvait en attendre. Il y fit plusieurs communications, y laissa deux plis secrets. S’il put être lauréat de l’Académie de médecine grâce à deux prix partagés, il sera candidat malheureux pour une place d’associé libre en 1904.
Marie-Ernest Gellé s’intéressa très tôt à cette institution puisqu’il sollicita un prix en 1865. Il se portait candidat au prix Amussat de l’Académie de médecine destiné à récompenser « des travaux qui pourraient réaliser ou préparer un progrès important dans la thérapeutique chirurgicale ». Arrivé en second avec un mémoire sur la recherche effectuée au cours de son internat portant sur le rôle de la déchirure capsulaire dans la réduction des luxations récentes de la hanche, il n’eut droit qu’à un encouragement » avec pour appréciation : « C’est une histoire estimable qui, sous une forme qui n’est pas toujours sans reproche, contient de très sérieuses recherches. »
Très régulièrement, Gellé faisait présenter ses travaux et ouvrages devant l’Académie, le plus souvent par son ami Mathias Duval. L’objectif était de faire connaître ses travaux dans une perspective de candidature.
Lors d’une séance de mars 1868, Gellé était programmé à l’Académie de médecine pour faire une lecture intitulée De l’exploration de l’oreille moyenne par l’endotoscope. Mais « il ne put qu’en donner de vive voix un résumé vu l’heure avancée ». Ce résumé occupe trois pages du bulletin. Présenté à l’Académie de médecine comme « un instrument de l’auteur. Au moyen d’un manomètre à eau, amplifiant les oscillations du liquide, on peut étudier les signes d’aération de la caisse du tympan, la perméabilité des trompes, l’élasticité de la cloison, ses perforations invisibles ». Dans les jours suivants parvenaient à l’Académie des courriers de deux élèves français de Politzer expliquant que l’inventeur du « manomètre auriculaire » était l’otologiste autrichien. En fait, le « manomètre auriculaire de Politzer » tel que l’auteur le décrit à plusieurs reprises dans son Traité de maladies de l’oreille édité en français en 1884, n’évoquait ni mesure ni enregistrement. D’autre part, dans son Exposé des travaux scientifiques, Gellé expliqua, comment dans sa communication « il avait pu démontrer l’aspiration de l’air de la caisse au moment de la déglutition ».
En 1880, le sommaire d’une séance de juin fait état en dernier d’une seule lecture : M. le docteur Gellé, Fonctionnement de la trompe d’Eustache. Pour cette seule lecture prévue dans la séance, le bulletin ne donna qu’un résumé d’une page et demie.
En 1887, concernant une nouvelle lecture de Gellé, le bulletin s’est contenté d’écrire : Lecture. M. le Dr Gellé donne lecture d’un mémoire sur le rôle des canaux semi-circulaires. L’Académie de médecine ne donnera aucune autre précision sur cette présentation. Gellé publiera le texte de ce mémoire l’année suivante dans le tome 2 de ses Études d’otologie [3].
Ainsi, au fil des ans, les lectures de Gellé prenaient de moins en moins de place dans le bulletin l’Académie de médecine. Malgré le peu d’enthousiasme des responsables de l’Académie de médecine marqué à son endroit, M.-E. Gellé persistera à faire connaître à la docte assemblée ses principales publications. Il lui adressera en 1904 son Exposé des travaux scientifiques en vue d’une prochaine candidature à une place d’associé libre qui aboutit à un échec.
En 1871, dans le but d’éviter d’éventuelles contestations sur son invention comme en 1868, Gellé déposa à l’Académie de médecine un pli cacheté concernant un endotoscope à aiguille permettant non seulement de montrer les variations de pression dans l’oreille moyenne mais de les mesurer, et plus tard, de procéder à des enregistrements. Gellé donnait une description de son appareil assortie d’un dessin.
Dessin de l’endotoscope à aiguille dans le pli cacheté de 1871
© Bibliothèque de l’Académie nationale de MédecineIl déposa un autre pli cacheté en 1875 « Sur un signe médico-légal de la respiration du nouveau-né tiré de l’examen des oreilles (cavité tympanique) ». En juin 1876, il présentait devant la Société de Biologie « les oreilles internes d’un enfant qui n’a pas respiré ». Pour Gellé, ce signe avait la même valeur que celui tiré de l’examen du poumon. Peu après, il publiait sous la rubrique Otologie-médecine légale un livre de 80 pages avec des reproductions en couleurs de pièces anatomiques. Son titre Signe nouveau indiquant la respiration du nouveau-né tiré de l’inspection de l’oreille indiquait clairement l’intérêt de l’ouvrage tant pour l’otologie que la médecine légale [8].
Menant des travaux anatomiques de l’enfant à la naissance pour essayer de comprendre pourquoi certains devenaient sourds-muets, il fut amené à étudier l’anatomie de l’oreille du fœtus, l’état de l’oreille du fœtus qui n’a jamais respiré et celle de l’enfant normal ; il terminait en donnant son avis sur la valeur médicolégale de cet examen.
5 – M.-E. Gellé et la Société de Biologie
Alors que M.-E. Gellé ne fut jamais admis à l’Académie de Médecine, la Société de Biologie l’intégra rapidement, lui offrant même un poste de responsabilité. Elle eut un grand retentissement sur sa vie professionnelle. Dès qu’il en fut membre titulaire, le seul titre qui accompagnait son nom dans les publications était « membre de la Société de Biologie ».
Cette Société de Biologie a joué un rôle majeur dans le domaine scientifique médical tout ou cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Elle ne fut étrangère à aucune des grandes découvertes biologiques de cette époque. Si elle comportait de nombreux membres non médecins, elle ne s’affichait pas en opposition avec l’Académie de médecine [9].
Les circonstances de sa création par quelques jeunes médecins à peine sortis de l’internat des hôpitaux de Paris, sur une idée de Eugène Follin encore interne en chirurgie, ne pouvaient laisser présager un tel succès. À l’occasion de l’éloge funèbre qu’il prononça en 1868 à la Société de chirurgie pour son collègue et ami Follin, le Pr. Verneuil rappela l’ambiance qui entoura la naissance de cette société savante. « Le mouvement révolutionnaire de 1848, quoique avorté, a momentanément galvanisé la jeunesse et lancé dans le tourbillon scientifique des jeunes hommes qui, sans lui peut-être, auraient paisiblement et sans éclat tracé leur modeste sillon. Tout le monde, à cette époque, voulait faire quelque chose d’utile et sortir de l’ornière en cherchant de nouveau. » [10]
Parmi les créateurs de cette Société, l’un joua un rôle particulièrement important, Charles Robin, jeune agrégé en « Histoire naturelle » et futur professeur d’histologie, adepte du positivisme d’Auguste Comte. Cette doctrine amenait à rompre avec la prééminence des bases cliniques et anatomo-pathologiques de la première moitié du XIXe siècle.
Les créateurs imaginèrent une société où viendraient s’éclairer mutuellement physiciens, chimistes, naturalistes, médecins et physiologistes « dans le but d’étudier, avec des vues d’ensemble et par les voies de l’observation et de l’expérimentation, les phénomènes qui se rattachent à la science de la vie, à la biologie, tant normale que pathologique ». Les fondateurs poursuivaient essentiellement l’étude théorique des êtres organisés à l’état normal. Ils ne partaient pas de la médecine mais y arrivaient, laissant au génie de chacun le soin de tirer tout le parti possible pour le perfectionnement de l’art médical. Ils s’entourèrent de personnalités du monde physiologique pour en assurer la présidence annuelle où se succèderont notamment Pierre Rayer, Claude Bernard, Paul Bert, Arsène d’Arsonval, C. Brown-Séquard, Charles Richet. Louis Pasteur en faisait partie mais n’y présenta aucune de ses découvertes qui s’opposaient à la notion de génération spontanée tenue comme fondamentale pour les « positivistes ».
Pour les 40 membres titulaires, il était prévu le passage à l’honorariat après 9 années de titulaire, assurant ainsi un renouvellement régulier et permettant aux jeunes d’avoir un contact enrichissant avec les anciens. Le fonctionnement était très libéral. Aucune condition de diplômes n’était exigée pour présenter des travaux ou en être membre en dehors de la notoriété. La Société se réunissait toutes les semaines, avec présence obligatoire des membres et absence pénalisée.
Elle fut un havre pour les médecins-chercheurs. Ses locaux se situaient au 5, rue de l’École-de-médecine. L’admission à ce cénacle sous-entendait avant-tout une réputation de chercheur. Parmi les ORL, peu d’élus. On y trouva Emile Isambert (1827-1876), médecin des hôpitaux, agrégé de médecine, laryngologiste réputé, élu titulaire en 1857. Marie-Ernest Gellé (1834-1923) y fit une première communication en 1876 et devint titulaire en 1884. Un seul autre otologiste y fut admis, Pierre Bonnier. Ce médecin des oreilles, réputé, de même âge que Gellé, a été titularisé en 1897.
Gellé y retrouva un de ses camarades d’internat, Jean-Baptiste-Vincent Laborde (1830-1903), qui fit carrière en physiologie en tant que « chef des travaux physiologiques à la Faculté de médecine de Paris ». À peine nommé à l’internat, il participait aux travaux de la Société de Biologie dont il devint membre titulaire très tôt. En 1874, il était promu rédacteur en chef de La Tribune médicale, revue mensuelle de médecine, de chirurgie et des sciences biologiques. Tout au long de sa carrière, nombre des travaux de Gellé furent aussi publiés dans cette revue.
Laborde joua un rôle très important dans le déroulement scientifique de la carrière de Gellé. Il lui ouvrit son laboratoire comme le rappela Gley lors du jubilé de Gellé : « le seul laboratoire où vous eûtes accès. Singulier laboratoire que ces deux salles exiguës, presque sans lumière, au fond d’une cour retirée du vieux couvent des Cordeliers. Faute de place, les animaux y voisinaient avec les expérimentateurs. Et quelle indigence ! Les appareils les plus utiles y faisaient défaut. » Gellé retrouvait dans ce laboratoire non seulement le « chef des travaux physiologiques » J.-V. Laborde mais aussi le professeur agrégé Mathias Duval dont l’enseignement de la physiologie était très apprécié ; les deux physiologistes devinrent ses amis.
À la Société de Biologie, Gellé aborda non seulement la plupart des grands chapitres de l’otologie, mais il alla au-delà. Pendant près de cinq années, à la fin du XIXe et au début du XXe, l’otologiste fit plusieurs communications sur la phonétique. Comme il l’expliqua dans son livre L’audition et ses organes [11] édité en 1899, pour comprendre l’audition il faut aussi s’intéresser aux vibrations sonores qui stimulent l’oreille. Il aborda ainsi la phonétique dans ce livre mais aussi dans quelques articles parus dans la revue Voix parlée et chantée créée en 1890 [12].
Dans cette Société de Biologie, Gellé aura l’occasion de rencontrer Jean-Martin Charcot qui lui proposera en 1889 de créer dans sa Clinique des maladies du système nerveux de la Salpêtrière, une Clinique otologique annexe, véritable consultation d’oto-neurologie, la première de ce type [13]. Il y rencontra aussi Charles Richet, futur prix Nobel de médecine en 1913, qui lui demandera, pour son Dictionnaire de Physiologie, un article sur « l’audition » qui fera date. Riche de 80 pages, cet article constituait un véritable traité sur le sujet. L’auteur commençait par des notions d’acoustique et terminait par une bibliographie pratiquement exhaustive portant sur plus d’un demi-siècle avec un classement annuel. La physiologie y tenait une grande place avec une description des travaux de l’auteur, notamment ses appareils de mesure.
La fin du parcours
Deux événements ont marqué la fin de la carrière scientifique de M.-E. Gellé : son jubilé, et la mort de son fils survenue trois ans plus tard.
Le Jubilé
Ce fut son couronnement organisé en 1910 par les sociétés savantes auxquelles il avait donné beaucoup de son énergie : la Société de Biologie et la Société Française d’oto-rhino-laryngologie. Placée sous la présidence du Pr Raymond, le successeur de Charcot, cette cérémonie mit au grand jour la carrière de M.-E. Gellé, révélant ses traits de caractère et la notoriété européenne du savant [14].
Le Professeur Gley, professeur au Collège de France, participait au Jubilé en tant que représentant de la Société de Biologie car les « solides et nombreuses études de Gellé avaient contribué au renom de la Société ». Son intervention a donné la clé pour comprendre la profondeur du travail de Gellé. « Votre labeur doit sa fécondité à cette union étroite entre la physiologie et la médecine, à cette réciproque pénétration de l’une par l’autre, justement recommandée par l’homme de génie qui fut le plus illustre des présidents de notre Société, Claude Bernard. »
Le représentant de la Société de Biologie ajoutait : « Vous veniez d’abord chercher la communion avec de libres esprits, occupés comme vous de vérité… franches discussions de laboratoire, critiques amicales de collègues. »
Le président de la Société française d’Oto-Rhino-Laryngologie a donné d’intéressantes précisions sur la vie professionnelle de Gellé, Il évoqua notamment le travailleur infatigable qui allait le dimanche matin disséquer dans le laboratoire du professeur d’anatomie, passait ses soirées à préparer ses pièces anatomiques et à faire des aquarelles d’après nature pour ses cours d’otologie.
Le Pr Raymond, après avoir évoqué les mérites de Gellé, concluait en « affirmant que quelques-uns de ses remarquables travaux transmettront sûrement son nom à la postérité ». Tout en remerciant le chef du célèbre service de neurologie, Gellé précisait « la plupart de mes travaux ont leur origine dans les faits observés dans ce milieu de la Salpêtrière » [13].
Un membre de l’Académie de médecine qui connaissait Gellé depuis longtemps lui dit : « vous avez un grand défaut, ce défaut c’est une timidité, une modestie excessives, et vous n’avez rien fait de ce qu’il fallait tenter pour donner à votre carrière le couronnement qu’elle méritait. »
Puis, après quelques discours de représentants étrangers, vint la lecture des « adresses » envoyées par les principales sociétés européennes de la discipline, venant d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, et celle d’Autriche signée par Politzer.
La disparition de son fils
M.-E. Gellé avait eu un fils très brillant, Georges, qui s’était aventuré en ORL après avoir brillamment soutenu sa thèse sur les Pressions centripètes, un thème cher à son père, son premier maître. Très apprécié par ses confrères, connu pour de nombreux travaux, Georges Gellé avait accédé à d’importantes responsabilités dans la spécialité. Pendant une vingtaine d’années, à cheval sur le changement de siècle, les publications de Georges Gellé devinrent progressivement plus nombreuses que celles du « père ». Il disparut brutalement en 1913, à l’âge de 51 ans, en pleine brillante carrière d’ORL. Cette disparition marqua la fin de la vie scientifique de M.-E. Gellé.
B - L’héritage de M.-E. Gellé
Après inventaire, cet héritage s’avère très riche. Il comprend d’une part de nombreux écrits dont la plupart dorment dans les bibliothèques. Mais à côté de ces documents, l’héritage intellectuel n’a bien souvent aucun support.
1- Les écrits
C’est la part tangible de l’héritage. Pour découvrir les innombrables documents signés par M.-E. Gellé, à côté des livres répertoriés, il ne faut pas hésiter à remuer les revues anciennes, les comptes rendus des sociétés savantes, les dictionnaires de l’époque.
Gellé a exploré tous les secteurs de l’otologie, de l’anthropologie à la phonétique en passant pas l’anatomie et la physiologie, sans oublier l’éducation des sourds-muets, et la publication des statistiques de sa « clinique otologique annexe » en 1890 (cf. note 13).
Les livres
On trouve plus d’une vingtaine de livres car plusieurs de ses communications furent éditées en librairie.
En 1866, on note une des rares incursions en ophtalmologie : Ophtalmotonométrie par le son : moyen de constater l'état de la tension oculaire par l’auscultation.
Les principaux ouvrages d’otologie restent :
- Études d’otologie - De l'oreille - pathogénie et traitement de la surdité. Leçons faites à l’École pratique de la Faculté de médecine de Paris.(tome I : 1875-1880 / tome II : 1880-1888)
- Précis des maladies de l’oreille (1885) [15]
- Physiologie de l'audition. Fonction du limaçon, rôle du limaçon osseux (1887) [16]
- L’audition et ses organes (1899)
Dans la série des Traités de thérapeutique appliquée édités sous la direction de Albert Robin, Gellé assura la plus grande partie de la rédaction du volume paru en 1897 sur le Traitement des maladies des oreilles.
Les dictionnaires
Outre l’article sur l’Audition paru dans le Dictionnaire de Physiologie de Richet en 1895, Gellé a eu la responsabilité d’écrire les chapitres « Surdité et Surdi-Mutité » du Nouveau dictionnaire de médecine et chirurgie pratiques de Sigismond Jaccoud, dans le tome 34 paru en 1883 . Gellé et Jaccoud se connaissaient certainement puisqu’ils étaient de la même promotion de la trentaine d’internes reçus au concours de 1855. L’ensemble de près de 80 pages réalise un véritable traité avec une riche bibliographie.
Les revues
Elles constituent une véritable mine de documents puisqu’elles contiennent près de 150 articles scientifiques signés par Gellé. Une très grande majorité de ces articles étaient hébergés dans La Tribune médicale dont son ami J.-V. Laborde était le rédacteur en chef. Les autres se répartissaient dans les trois revues françaises concernant l’ORL ainsi que dans les comptes rendus des congrès et des sociétés savantes, surtout ceux de la Société de biologie.
2 - L’héritage intellectuel
La grande leçon laissée par M.-E. Gellé tient dans l’approche scientifique de l’otologie dont Duplay regrettait l’absence en France alors qu’elle transparaissait dans les travaux étrangers, surtout de langue allemande, en particulier avec ceux du viennois Politzer.
La lecture du texte de ses cours faits à l’École pratique de la faculté de médecine de Paris, de 1875 à 1888 (3) permet de comprendre le progrès réalisé par cette nouvelle approche de la recherche en médecine. Gellé expliquait que « la méthode graphique jette une lumière toute nouvelle sur la plupart des notions reçues en otologie, tant au point de vue de la physiologie que la pathologie auriculaire et de la thérapeutique » (t. 1 p. 135).
Gellé a transmis cette approche à quelques privilégiés qui le fréquentaient, en particulier Marcel Lermoyez. Cet otologiste, chef du service d’ORL de l’Hôpital Saint-Antoine de Paris, était particulièrement intéressé par la conservation de l’audition dans la chirurgie des otites chroniques. Autour de Lermoyez gravitait une pléiade d’éminents spécialistes ; ils bénéficièrent ainsi des retombées de l’enseignement de Gellé qui avait porté ses fruits pour son approche scientifique de l’otologie, permettant à la médecine française de ce domaine de rattraper le retard souligné par Duplay.
À côté de cet état d’esprit scientifique, le « quotidien » des otologistes se trouve marqué par Gellé, surtout quand son nom reste attaché comme pour « le mur de Gellé » ou « l’épreuve de Gellé ». Mais les travaux anatomiques concernant « le mur de la logette », les « acouphènes » ont perdu depuis longtemps leur origine.
- Concernant le « mur de la logette », c’est au cours du Congrès International d’otologie et de laryngologie de 1889 à Paris qu'il présidait que Gellé présenta Des lésions du Mur de la logette. Dans ses titres et travaux, il expliquait « qu’il s’agissait d’une région otique des plus utiles à connaître ». La paroi sus-tympanique externe de la caisse est depuis ce travail appelée « mur de la logette ». Plus tard, il fit construire « un instrument pour échancrer le mur de la logette et ouvrir l’attique car l’innocuité de l’ouverture de l’attique à l’aide du ciseau et du maillet reste encore douteuse ».
- Le mémoire sur le « Massif osseux du facial auriculaire », devenu rapidement le « massif de Gellé », venait compléter pour le congrès international suivant à Rome en 1893 la publication sur « le mur de la logette ». Il sera publié intégralement dans les Annales des maladies de l’oreille, du larynx, du nez et du pharynx de janvier 1894 (p. 1 à 42). Il s’agissait d’un très important travail anatomo-clinique basé sur de nombreux cas d’écoulements d’oreille avec paralysie faciale observés dans sa clinique otologique de la Salpêtrière. Ce travail fut récompensé par le prix Meynot de l’Académie de médecine. Son association au mémoire sur le « mur de la logette » constituait une base anatomique permettant d’aborder rationnellement la chirurgie de l’otite chronique de réputation très difficile. Elle reste toujours d’actualité.
L’épreuve de Gellé
C’est un des examens-phares que M.-E. Gellé décrivit la première fois en 1881 au Congrès international de Londres. Rapporteur de ce congrès dans la Tribune médicale (1881, p. 466-8), il décrit longuement sa méthode dans la partie intitulée Diagnostic de la mobilité de l’étrier. Lucae de Berlin avait décrit en 1867 la répercussion sur l’audition de la pression sur le méat. Gellé expliqua pourquoi il voulut améliorer la méthode proposée par l’auteur allemand « douloureuse et peu fiable ». Il adaptait un tube de caoutchouc au conduit auditif externe pour pouvoir insuffler avec une poire de caoutchouc et posait un diapason sur le tube ou sur le front. Il en tirait des conclusions sur la mobilité de l’étrier. L’année suivante, il présentait sa méthode beaucoup plus clairement et simplement devant la Société de Biologie en commençant ainsi : « je continue mes études sur le diagnostic des lésions ovale et ronde au moyens des Pressions centripètes. » Dès lors, la méthode sera pendant très longtemps décrite comme l’épreuve des pressions centripètes, et assez rapidement l’épreuve de Gellé.
Deux ans plus tard, Politzer qui en fit une critique négative dans la première édition de son Traité paru en français en 1883, ce qui provoqua une cinglante réplique de Gellé devant la Société de Biologie en mai 1885, occupant plusieurs pages dans les comptes rendus sous le titre : Valeur de l’épreuve de pressions centripètes - Réponse aux critiques du Pr Politzer par M. Gellé. La même année, son fils Georges soutenait sa thèse “Des pressions centripètes (Épreuve de Gellé) Étude de séméiologie auriculaire”. Dix ans plus tard, dans la troisième édition de son Traité, Politzer était devenu beaucoup moins sévère.
Pendant près d’un siècle, cette « épreuve de Gellé » fit partie du protocole de l’examen des oreilles par tous les otologistes lors d’une suspicion d’atteinte de la mobilité de l’étrier. Elle annonçait la tympanométrie moderne.
Les acouphènes
On trouve ce mot pour la première fois sous la plume de M.-E. Gellé, dans le tome I de ses Études d’otologie rapportant ses leçons faites de 1875 à 1880 [p. 40], dans un chapitre intitulé : De l'exploration de la sensibilité acoustique au moyen du tube interauriculaire (1877) [17]. En octobre 1881, Gellé faisait une communication à la Société de Biologie sur l’Étude de la fonction d’accommodation de l’ouïe. Il étudiait la perception du son lorsqu’on associait une pression d’air avec une poire et un tuyau placé hermétiquement dans une oreille, et la pose d’un diapason sur le tuyau ou une bosse frontale. Selon l’état pathologique de l’oreille, l’augmentation de la pression d’air avait des répercussions plus ou moins importantes. Il fit même des études avec « des variations de pression mesurées au dynamomètre soit pour modifier la sensation sonore transmise, soit pour provoquer des acouphènes ». Il s’agissait bien d’une épreuve des pressions centripètes. Si Gellé ne définit pas ce qu’il désigne sous le terme d’acouphènes, il est patent que c’est lui qui les provoquait expérimentalement.
Deux ans plus tard, dans son Précis des maladies de l'oreille paru en 1885, Gellé consacrait tout un chapitre aux « bruits subjectifs » qu'il intitulait : Bourdonnements d'oreille ; tintouins ; acouphènes (Gellé) ; sensations sonores subjectives (Duplay). Il se reconnaît ainsi l'auteur de « acouphènes ». Personne ne semblait d'ailleurs le contester. Curieusement, le mot « acouphènes » disparut du langage de Gellé alors qu’on a pu le rencontrer chez des otologistes de la génération suivante comme Castex et Lubet-Barbon. En 1908, M. Lannois et F. Chavannes expliquaient que « Le bourdonnement est la réaction propre du nerf cochléaire. Une irritation mécanique des papilles cochléaires le produit comme l’irritation rétinienne produit les phosphènes ce qui explique le nom d’acouphènes donné par certains auteurs aux bruits subjectifs ».
La SFORL n’introduisit « l’acouphène » que progressivement. En 1957, Appaix, Bouche, et Brémond présentèrent un rapport intitulé Les bourdonnements d’oreille dont le premier chapitre commençait par : Rappel anatomique destiné à servir d'introduction à l'étude des acouphènes. Le rapport sur le même thème, sous la direction de Bernard Meyer en 2001, s'intitule Acouphènes et hyperacousie, et abandonne pratiquement le « bourdonnement ». Il marque ainsi une évolution des usages, non seulement des médecins mais aussi des patients. Les consultants se plaignent beaucoup moins de « bourdonnements » mais plus souvent d'avoir des « acouphènes », ce qui leur permet de se donner l’impression de mieux entrer dans le monde médical.
Conclusion
Lermoyez écrivait dans les Annales des maladies de l’oreille et du larynx de 1923 : « Dès le début de ses travaux, Gellé secoue la poussière de l’empirisme qui s’attachait alors aux auristes. Vers 1878, il manifeste son esprit scientifique en enregistrant les mouvements du tympan ; pour la première fois, la méthode graphique franchissait le seuil de l’otologie. » Gellé bouleversait les conceptions de l’étude de l’otologie en suivant le sillon tracé par Claude Bernard que rappela Eugène Gley lors du jubilé. Il sut réaliser une « union étroite entre la physiologie et la médecine ». Ses travaux anatomiques sur le rocher ont jeté les bases de la sécurité dans la chirurgie de l’otite chronique, permettant à d’autres auteurs de laisser leur nom dans cette chirurgie selon les divers abords. Le champ des recherches de Gellé s’étendait non seulement à tous les aspects anatomiques, physiologiques et pathologiques de l’oreille, mais allait au-delà puisqu’il aborda la phonétique pour mieux comprendre l’audition de la parole. Dans son service d’oto-neurologie de la Salpêtrière, le premier de ce type, il put non seulement étudier « l’otologie dans ses rapports avec les maladies du système nerveux », mais enseigner l’oto- neurologie.
Par ses nombreuses publications pendant trois décennies, M.-E. Gellé a joué un rôle fondamental dans le développement de l’otologie en France. Il venait non seulement de faire rattraper à la recherche otologique française le retard pris vis à vis de l’étranger au milieu du XIXe siècle mais de la placer à l’avant-garde.
À l’occasion de l’analyse de l’article « audition » du Dictionnaire de physiologie de Richet qui venait de paraître, Pierre Bonnier, autre médecin otologiste et chercheur, écrivait en 1896 dans les Archives internationales de laryngologie, d’otologie et de rhinologie, à propos de Gellé, « Il n’y a aucun point, si obscur qu’il soit dans cette science si incomplète, qu’il n’ait éclairé de quelque fait nouveau, aucune voie qu’il n’ait jalonnée d’observations claires, de documents solides, le plus souvent accumulés sous une lumineuse orientation. Ses vues, toujours ingénieuses et larges sur un grand nombre de détails du fonctionnement et des fonctions de l’oreille, sont journellement confirmées par la clinique et par la pratique rigoureuse du diagnostic expérimental, tel qu’il est, d’ailleurs, le seul à l’enseigner en France, et tel qu’il l’expose si simplement et si savamment à ses élèves, dont je m’estime d’être » [18]. Quel bel hommage venant de son principal concurrent !
Bibliographie