André Vésale / Andreas Vesalius


Voir aussi :
  • dans Medica, le dossier Anatomie
  • sur le site de la BIU Santé : La Fabrique de Vésale et autres textes : éditions, transcriptions et traductions
    par Jacqueline Vons et Stéphane Velut
    (juin 2014)
  • ainsi que les actes des journées d'étude Vésale (2014)
  • sur le web :
    • Les Bibliothèques virtuelles humanistes (Centre d'Etudes Supérieures de la Renaissance de l'Université François-Rabelais de Tours) mettent en ligne des ouvrages issus de fonds patrimoniaux conservés en majorité dans la Région Centre, concernant l'humanisme et la Renaissance. On peut y feuilleter l'édition de 1543 du De humani corporis fabrica libri septem.
    • Le site de la Northwestern University (Evanston/Chicago) propose la traduction anglaise annotée des éditions de 1543 et de 1555 de la Fabrica.
    • La Bibliothèque nationale de médecine des USA (NLM, Bethesda) offre aux internautes la possibilité de consulter en ligne l'édition de 1543 du De humani corporis fabrica sur le site « Turning the pages ». Les lecteurs peuvent « toucher et feuilleter » les pages de manière réaliste, utiliser la fonction zoom pour regarder un détail ou lire des commentaires sur le texte, accéder à l'ensemble des illustrations (Gallery of images).
    • Le site du Dr Maurits Biesbrouck (www.andreasvesalius.be) consacré à la vie et l'œuvre d'André Vésale  comprend notamment une remarquable bibliographie raisonnée de plus de 3875 références (dernière mise à jour en janvier 2018).
Les "Anatomies" d'André Vésale, par Jacqueline VONS

Vesalius's "anatomies" par Jacqueline VONS
 

Les "Anatomies" d’André Vésale (1514-1564)

Introduction par Jacqueline Vons
Université François-Rabelais de Tours
Centre d’Études Supérieures de la Renaissance (CNRS-UMR 6576)
jacqueline.vons@univ-tours.fr

Voilà près de cinq cents ans que naissait à Bruxelles celui que l’on surnomma le « père de l’anatomie moderne ». Successivement, voire simultanément, portées aux nues ou vilipendées, la personne et l’œuvre d’André Vésale n’ont cessé d’être objets d’études, de critiques, de commentaires, dépassant largement le cadre médical. Abraham Bosse utilisa les figures anatomiques des traités de Vésale pour apprendre à dessiner le corps humain en perspective[1], Baudelaire, fasciné, rêva devant des planches du « squelette laboureur » vendues sur les quais de la Seine. Les origines d’André Vésale, sa vie, les circonstances de sa mort ont été examinées et scrutées, sans que toutes les obscurités en soient pour autant levées. Depuis la magistrale étude de Charles D. O’Malley, Andreas Vesalius of Brussels, 1514-1564[2], publiée en 1964, de nouvelles explorations dans les archives de l’Assistance publique de Bruxelles ont mis au jour des documents intéressants concernant les ascendants paternels de Vésale, les Wijtinck (dits van Wezele car originaires de Wezel, nom qu’André Vésale latinisera en Vesalius), établis dans le Brabant depuis le début du XVe siècle[3]. Mais en dépit de l’intérêt que Vésale a suscité, et suscite encore, chez les historiens et les artistes, il reste que l’étendue et la solidité de son œuvre scientifique n’ont peut-être pas encore été suffisamment approfondies ; tout au plus a-t-on retenu et privilégié les attaques de Vésale contre Galien, sans nécessairement prendre en compte le contexte précis de la polémique. Or, la Bibliothèque Interuniversitaire de Médecine possède un fonds « vésalien » particulièrement riche, que l’on peut consulter sur place, et dont une partie est maintenant mise à la disposition du chercheur éloigné grâce à la numérisation d’exemplaires précieux et rarissimes, dans la collection Medica[4]. Ainsi il devient possible de suivre l’évolution de la pensée d’André Vésale au fil des livres qu’il écrivit, d’apprécier la dimension réellement scientifique de son œuvre, en particulier dans le domaine de l’anatomie, et de mesurer l’influence de ses ouvrages dans l’histoire de la connaissance du corps humain.

Andreas Vesalius, né à Bruxelles en 1514, dans un milieu de médecins et de pharmaciens, commença son cursus universitaire au Collège du Château (Pedagogium castrense) de l’Université de Louvain. Sur la recommandation de Nicolas Florenas, médecin et ami de la famille, il prit, en 1533, une inscription à la Faculté de médecine de Paris, où enseignaient des professeurs renommés, également bien connus pour leurs compétences philologiques ; parmi eux, Jacques Dubois (Jacobus Sylvius, 1478-1555) et Jean Guinter von Andernach (Johannes Guinterius Andernacus, 1487-1574), bons hellénistes et galénistes convaincus, consacraient leurs efforts à la traduction de traités médicaux antiques, en particulier ceux de Galien qui avaient été récemment redécouverts[5]. Guinter associa deux de ses élèves, Michel de Villeneuve et André Vésale, dont il appréciait les qualités de précision et de finesse dans la pratique anatomique et les connaissances linguistiques, à ses travaux de dissection préalables à l’écriture des Institutionum anatomicarum libri (Institutions anatomiques) qu’il publia à Bâle en 1536[6].

La guerre entre François Ier  et Charles Quint obligea l’étudiant flamand, dont le père était au service de l’empereur, à quitter le territoire français. De retour à Louvain, alors qu’il n’était pas encore bachelier, Vésale publia en février 1537 son premier ouvrage, une Paraphrase du neuvième livre du médecin arabe Rhazis, Paraphrasis in nonum librum Rhazæ medici arabis, chez Rutgerius Rescius, également professeur de grec au Collegium trilingue de Louvain ; une réédition fut publiée un mois plus tard, en mars 1537, par Winter à Bâle[7]. Cette paraphrase, dédiée au médecin Florenas, ne se contentait pas de présenter des prescriptions pharmacologiques arabes qui étaient encore en usage, mais était suivie d’une « Lettre au lecteur » dans laquelle l’auteur exprimait des préoccupations d’ordre philologique et montrait déjà son intérêt pour la recherche du mot juste dans la transmission d’un savoir scientifique, comme ciment d’une culture médicale commune à tous les savants modernes. La Paraphrasis fut rééditée en 1544 chez Heinrich Petri à Bâle par les soins d’Alban Thorer (Albanus Torinus, 1489-1550)[8] ; une nouvelle édition fut publiée en 1551 à Lyon, par Jean de Tournes, dans un petit format (in 12°). La BIU Santé possède un exemplaire de chacune des quatre éditions.

Aucune information ne nous est parvenue sur la période comprise entre le mois de mars 1537 et le 5 décembre 1537, date à laquelle Vésale soutint sa thèse pour l’obtention du grade de docteur en médecine, à Padoue. Dès le lendemain, le Sénat de Venise, sous l’autorité duquel l’Université de Padoue était placée, le nommait chirurgiæ explicator, chargé du cours pratique d’anatomie, en remplacement de Paolo Colombo de Crémone. Dans le même mois de décembre 1537, il pratiqua sa première « démonstration anatomique » ou dissection publique, et en avril 1538, il fit paraître à Venise un recueil de six grandes planches d’anatomie et de physiologie dédiées au médecin napolitain Narcisse Vertunus Parthenopeus (1491-1551), premier médecin de l’Empereur et du Roi de Naples. Ces planches anatomiques, Tabulæ anatomicæ sex, présentaient des images du foie (encore pentalobé), de la veine cave [dite « veine du foie »], de l’aorte [dite « grande artère »], suivies de trois squelettes vus successivement de face, de côté et de dos. Les planches ont été dessinées par Jan Stefan van Calcar qui, si l’on en croit le colophon, pourvut également aux frais d’impression. L’ouvrage, composé de feuilles volantes, a dû rapidement s’abîmer, et est aujourd’hui rarissime ; on n’en connaît que deux exemplaires intacts, l’un à la Hunterian Library à Glasgow, l’autre à la Biblioteca San Marco de Venise[9] . La BIU Santé possède une copie, presque aussi rare que l’original ; il s’agit d’un don fait par Sir John Stirling Maxwell (par l’intermédiaire d’Osler) d’un fac-similé réalisé à Londres en 1874, pour son père Sir William Stirling Maxwell. L’ouvrage contient les six planches anatomiques de l’original, dont deux imprimées en rouge, auxquelles on ajouté le frontispice de la Fabrica (1543), avec un cartouche imprimé en rouge, et un feuillet avec le portrait de Vésale. L’immense succès que rencontrèrent ces planches explique peut-être qu’elles furent immédiatement copiées et imprimées à Francfort, Augsbourg, Cologne et à Paris, sans l’autorisation de Vésale, et en dépit des privilèges obtenus par lui ; il s’en plaindra amèrement quelques années plus tard, dans une lettre envoyée à l’imprimeur bâlois Johann Herbst (Oporinus, 1507-1568) qui la publiera en avant-propos du texte de la Fabrica en 1543.

Si la carrière universitaire d’André Vésale fut brève, de décembre 1537 à septembre 1543, date à laquelle le médecin entra au service de l’empereur Charles Quint, elle reste unique dans l’histoire par l’extraordinaire vitalité intellectuelle et littéraire de ce jeune professeur d’anatomie, et anatomiste lui-même, qui publia la quasi-totalité de son œuvre scientifique en ces six années, dans un va-et-vient permanent entre la pratique anatomique, l’enseignement et l’écriture, entre questionnements, observations et lectures, jusqu’à la remise en cause de théories et d’affirmations anciennes, que d’autres enseignaient sans les avoir jamais vérifiées. André Vésale modifia la conception même du livre médical, qui perdit sa valeur d’autorité dogmatique pour devenir un auxiliaire, voire un substitut, de l’enseignement de uisu ; il exposa une méthode de travail et de réflexion qui marqua les débuts d’une attitude et d’une pensée scientifiques modernes. De cette activité incessante, on peut citer plusieurs exemples : quelques mois à peine après l’ouvrage déjà cité, les Tabulæ anatomicæ sex, Vésale publia en mai 1538, une révision des Institutions anatomiques, Institutionum Anatomicarum quatuor libri, de Guinter d’Andernach, à l’insu d’ailleurs du professeur parisien. Mais Guinter reprendra certaines corrections de Vésale dans les deux rééditions qu’il publiera lui-même en 1539, puis en 1541 à Lyon, chez Gryphe. Il faut encore citer la participation de Vésale à la grande édition des Opera omnia de Galien, qui ne sera publiée qu’en 1541-1542 par les Giunta, mais pour laquelle Vésale avait corrigé trois traités au cours des années précédentes[10]. Et surtout la rédaction d’une Lettre sur la saignée, Epistola docens uenam axillarem […] secandam, publiée à Bâle chez Winter en 1539[11], un des premiers témoignages écrits où Vésale prenait nettement position sur le lieu d’élection de la saignée en cas de syndrome pleurétique, contre Galien, en faveur des modernes (Pierre Brissot). Le texte était le fruit d’observations personnelles faites sur le corps humain et de discussions avec des médecins contemporains auxquels Vésale s’opposait. En 1538, il avait rendu visite à Matteo Corti (Matthaeus Curtius, 1495-1542), professeur de médecine à l’Université de Bologne, que ses traités sur la saignée en cas de syndrome pleurétique avaient rendu célèbre [12] ; il était retourné à Bologne en janvier 1539, sur l’invitation des étudiants, pour illustrer les leçons de Matteo Corti sur Mondino et Galien par des dissections, au cours desquelles il avait fait prévaloir l’observation de visu et de tactu du corps sur les assertions théoriques d’un Corti respectueux des dogmes galéniques[13]. C’est sans aucun doute la pratique des anatomies publiques, et peut-être privées, qui explique la solidité des connaissances anatomiques et l’assurance des propos dans cette Lettre sur la saignée, où est affirmée, pour la première fois, l’existence de la veine azygos.

Pendant ces mêmes années toujours, André Vésale travailla à la rédaction de deux ouvrages fondamentaux, qui firent entrer la connaissance du corps humain dans le monde moderne, la Fabrique du corps humain en sept livres, De humani corporis fabrica libri septem, et son Abrégé ou Epitome, aujourd’hui encore considérés comme les fleurons de la littérature médicale et de l’iconographie anatomique. En juin 1543, l’imprimeur bâlois Oporinus mettait en vente un superbe in-folio de plus de sept cents pages, très richement illustré de gravures sur bois (frontispice, portrait de l’auteur, planches de formats divers, hors-texte, en pleine page, insérées dans le texte, schémas en marge du texte, lettrines …). Le titre du traité, De humani corporis fabrica libri septem, figure sur la page de titre ornée d’un magnifique frontispice qui n’est pas signé (pas plus que les autres planches du traité) et que l’on a attribué diversement à Jan Stefan van Calcar, parfois aussi à un élève du Titien, voire au Titien même. La scène représente l’auteur du traité disséquant un cadavre de femme devant un amphithéâtre garni de spectateurs ; universellement connue aujourd’hui, cette scène a fait l’objet de nombreuses études et interprétations, historiques, artistiques et philosophiques, et a servi de modèle (« la leçon d’anatomie ») à un type de frontispice caractéristique des manuels d’anatomie pendant près de deux siècles[14]. Le livre était dédié à l’Empereur Charles Quint ; Oporinus reproduisait également une lettre que lui avait adressée Vésale le 24 août 1542, dans laquelle il l’informait de l’envoi des matrices des gravures sur bois qui devaient illustrer la Fabrica et son Epitome. Il lui annonçait également son intention de se rendre à Bâle pour y séjourner quelque temps et surveiller l’impression de son texte dont la présentation particulière requérait une présence attentive, puisque divers signes typographiques devaient être placés dans le texte latin et sur les illustrations, pour annoncer des annotations marginales ou des explications de planches ; Vésale s’y plaignait aussi des nombreux plagiaires de son œuvre et du peu d’efficacité des privilèges obtenus.

L’ouvrage est somptueux, l’iconographie saisissante par la précision de l’observation, le sens des proportions et du mouvement. Certes, il serait facile aujourd’hui de relever des erreurs sur le plan anatomique et dans la physiologie, erreurs dues au fait que Vésale restait dépendant d’un système de pensée dominé par les théories galéniques, mais l’essentiel et l’originalité du traité sont ailleurs. La description du corps humain ne se fait plus par parties semblables ou non, ni par « cavités » propices aux spéculations philosophiques, elle obéit à un ordre, celui que l’anatomiste met en place pour construire une représentation architecturale de l’anatomie humaine. Les deux premiers livres, décrivant respectivement le squelette et les muscles, occupent à eux seuls près de la moitié du volume, parce qu’ils constituent pour Vésale les deux éléments essentiels du corps, la charpente osseuse qui assure la solidité, les muscles comme instruments du mouvement volontaire. Autre nouveauté, et non des moindres, l’anatomie descriptive topographique acquiert ici un statut scientifique, fondé sur des possibilités de répétition et de reproductibilité (Vésale disposait d’un nombre élevé de cadavres, mis à sa disposition par le podestat Contarini, d’ossements que lui apportaient ses étudiants), refusant aussi toute considération philosophique ou spéculative au profit du fait de nature (par exemple dans l’étude du cerveau au livre VII). Un exemplaire de cette édition de 1543 de la Fabrica  a été numérisé par le Centre d’Études Supérieures de la Renaissance, de l’Université François-Rabelais de Tours [15]

Plusieurs éditions et remaniements virent le jour au XVIe  siècle. La BIU Santé possède deux autres éditions de la Fabrica, celle de 1552 et celle de 1555, qui a été numérisée ; elles sont très différentes l’une et l’autre de celle de 1543. En effet, en 1552, Jean de Tournes édita à Lyon un petit livre, de format in 16°, intitulé De humani corporis fabrica lib. VII, ne comportant en fait que les livres I et II, décrivant les os, les cartilages, les ligaments et les muscles. Le live n’est quasiment pas illustré (quatre dessins du crâne, en format réduit). Le catalogue de l’exposition « Vésale » organisée à Glasgow en 1964 signale que de Tournes avait pu éditer cet ouvrage, puisque le privilège accordé par le roi de France, valable dix ans, expirait en 1552[16].

L’édition qu’Oporinus mit en vente en 1555 [https://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/medica/cote?00302a] pose davantage de problèmes. En effet, le colophon indique que l’impression ne fut achevée qu’en août 1555 ; toutefois, l’ouvrage était déjà annoncé dans un catalogue d’Oporinus en 1552, comme une édition revue et augmentée en 5 livres seulement. Mais si cette publication a réellement eu lieu, il est étonnant qu’aucun exemplaire n’en ait été retrouvé. La correspondance d’Oporinus avec son ami strasbourgeois Conrad Hubert, prédicateur de Saint Thomas, révèle que le travail fut effectivement commencé en 1551-1552, mais interrompu par divers incidents (manque de parchemin, emprunt ou achat des matrices nécessaires à la refonte des caractères typographiques usés…)[17]. D’un format plus grand que l’édition de 1543, la Fabrica de 1555 présentait de nombreuses modifications dans le texte et dans les illustrations. Sans doute, la plupart de ces remaniements pouvaient être le fait de Vésale, certaines corrections étaient probablement dues à l’évolution du savoir (par exemple la mention du corps jaune découvert lors de la dissection d’un utérus pratiquée en 1537 n’apparaît que dans l’édition de 1555 et est absente de la relation faite en 1543), d’autres à des accidents du parcours de vie (décès d’amis, hostilité déclarée d’anciens maîtres dont le nom disparaît dans l’édition de 1555, tel celui de Dubois), d’autres consistaient en des adoucissements de forme, en un affaiblissement de la polémique, devenue moins acerbe dans les disputationes contre Galien[18]. Le frontispice avait été redessiné (modifications dans les titres de Vésale, dans les attitudes des personnages, dans certains détails…), la gravure était de moins bonne qualité (par exemple le portrait de l’anatomiste). Il reste que l’édition de 1555 a servi de modèle pour toutes les éditions postérieures de la Fabrica.

Ainsi, outre les trois éditions publiées du vivant de Vésale (1543, 1552, 1555), le chercheur peut encore consulter dans le fonds ancien de la BIU Santé un traité d’anatomie posthume, attribué à Vésale, qui connut deux éditions. La première, datée de 1568, aurait été remise à l’imprimeur Francesco Senense (Franciscus de Francisis) par Vésale même, avant de s’embarquer pour Jérusalem en 1564 ; les bois ont manifestement été regravés, le dessin simplifié, les dimensions réduites. A la mort de leur père, Antoine et Jacques de Francisis rééditèrent l’ouvrage en 1604 sous le titre Andreæ Vesalii Anatomia[19].

En 1725, les médecins Herman Boerhaeve (1668-1738) et Bernard Siegfried Weiss (Albinus, 1697-1770), tous deux professeurs à l’Université de Leyde, publièrent un ouvrage monumental, supposé réunir l’intégralité des œuvres de Vésale, les Opera omnia[20]. Les textes sont précédés d’une longue préface dans laquelle les auteurs rendaient hommage à l’œuvre et à la personnalité de Vésale, et évoquaient, non sans les romancer quelque peu, les événements majeurs de sa vie et les circonstances de sa mort. Cette belle édition reste très utile pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire et à l’établissement de textes anciens, attribués à un auteur et publiés sous son nom, sans qu’on ait vérifié leur authenticité ; les Opera omnia de 1725 reproduisent par exemple un Epitome qui n’est pas exactement l’original écrit par Vésale (voir ci-dessous), et un texte apocryphe, une Chirurgia Magna en sept livres, attribuée à Vésale et publiée à titre posthume à Venise en 1568.

Enfin, la base d'images et de portraits de la BIU Santé [https://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/images.htm] présente une intéressante sélection de quarante-six images reproduites à partir de l’exemplaire de la Fabrica de 1543, avec une courte légende explicative, et vingt-et-une planches (essentiellement des lettrines) de l’édition de 1555.

En même temps que le grand traité de la Fabrica, André Vésale prépara un ouvrage plus particulièrement destiné aux étudiants en médecine, l’Epitome de humani corporis fabrica librorum [https://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/medica/cote?09863]. Ce résumé (qui serait l’équivalent du « précis d’anatomie » utilisé dans les études de médecine contemporaines) a peu retenu l’attention de la critique[21], alors qu’il présente une indéniable originalité dans sa conception et dans sa réalisation matérielle, et qu’il fait partie des livres les plus imités, les plus copiés pendant deux siècles, sous des titres parfois trompeurs.

Il s’agit d’un très grand in-folio, constitué d’une page de titre, d’une dédicace au prince Philippe, fils de Charles Quint, de onze pages de texte décrivant de manière succincte l’anatomie du corps humain, suivies d’un portrait de l’auteur, de neuf planches anatomiques gravées sur bois (pour la plupart différentes de celles de la Fabrica), accompagnées d’explications, et de deux planches à découper. Le frontispice de la page de titre est celui de la Fabrica, surmonté d’un cartouche avec le nouveau titre, et accompagné en bas de page d’un texte bref adressé au lecteur et non signé. Cette Lettre au lecteur, due à Vésale ou à Oporinus, explique comment se servir du manuel que l’étudiant est invité à consulter en commençant, à sa guise, par les textes ou par les illustrations ; l’affirmation de l’équivalence des uns et des autres inscrit d’emblée le précis d’anatomie dans la modernité. Les deux premiers chapitres reprennent la matière des deux premiers livres de la Fabrica (ostéologie et myologie), les trois suivants décrivent les appareils digestif, respiratoire, sensori-moteur, le dernier est consacré aux organes génitaux. Cette présentation confirme l’intérêt que Vésale portait au squelette et aux muscles dans la constitution et l’agencement (fabrica) du corps humain, et explique que sur les neuf planches anatomiques, cinq soient consacrées à des figures d’écorchés laissant apparaître les muscles selon l’ordre de la dissection. L’originalité du livre consiste également dans la présence de deux feuillets présentant des dessins de plusieurs organes, destinés à être découpés et collés sur les figures d’écorchés, pour constituer des « poupées » de papier en trois dimensions.

La BIU Santé a acquis et numérisé un exemplaire complet de cette édition originale de l’Epitome de 1543, la seule dont l’authenticité ait pu être prouvée, et devenue rarissime, parce que, constitué de feuillets non reliés, et soumis à des manipulations fréquentes, l’Epitome devait se révéler fragile à l’usage. Fut-il réédité en 1555, en même temps que la Fabrica ? Rien n’est moins sûr. Aucun exemplaire de cette hypothétique réédition n’a été retrouvé, si on excepte celui, unique, appartenant à un collectionneur de Stockholm, et qui a fait l’objet de deux descriptions dans les catalogues existants[22].

Mais si le fonds ancien de la BIU Santé ne possède pas la traduction allemande de l’Epitome, due à Alban Thorer, et publiée à Bâle en 1543, ni d’exemplaires de toutes les éditions, imitations et traductions ultérieures de l’Epitome, il contient un nombre suffisamment élevé de ces livres variés et rares pour que l’on puisse étudier la chronologie précise de la fortune du traité de Vésale.

A commencer par le livre publié à Londres en 1545 par Thomas Gemini ( ?-1562 ?), graveur liégeois, sous le titre Compendiosa totius anatomes delineatio (Représentation abrégée de toute l’anatomie). L’ouvrage reprenait les six chapitres de l’Epitome, auxquels s’ajoutait un résumé du quarantième chapitre du livre I de la Fabrica ; il était illustré de plus de quarante planches gravées sur cuivre, inspirées par celles de la Fabrica et de l’Epitome de Vésale, mais dont le dessin et la valeur significative étaient modifiés, voire transformés. Ainsi, les deux nus, masculin et féminin, qui illustraient les noms des parties extérieures du corps dans l’Epitome étaient reproduits par Gemini, mais privés de leurs explications anatomiques, et assimilés aux figures d’Adam et d’Eve, par l’adjonction d’une pomme et d’un serpent. Le livre de Gemini, étoffé en textes et en images, fut considéré comme une référence par tous ceux qui publièrent ultérieurement des « anatomies », en les attribuant explicitement ou non à Vésale, et est encore souvent confondu dans les catalogues avec l’Epitome original [23].

On peut citer quelques exemples de cette pratique. En 1565, l’imprimeur et éditeur parisien André Wechel publia une Anatomes totius ære insculpta delineatio, (Représentation gravée sur cuivre de toute l’anatomie), reprenant le texte latin de l’édition de Gemini, avec des corrections et un long commentaire dus au médecin et poète français Jacques Grévin (1538-1570), et illustré des planches gravées sur cuivre que l’éditeur avait achetées à Gemini. L’année suivante, en 1566, l’éditeur anversois Christophe Plantin fit paraître un traité d’anatomie en latin signé Juan Valverde de Amusco (1499-1560), et intitulé Vivæ imagines partium corporis humani æris formis expressæ (Images naturelles des parties du corps humain, gravées sur cuivre). Le texte, une compilation des textes de Gemini et de Grévin, était accompagné de superbes planches dessinées par Lambert Van Noort et gravées par Pierre et François Huys. Un magnifique frontispice réunissait les figures d’Adam et d’Eve sous un portique surmonté du blason du roi Philippe II. Cet ouvrage fut très souvent réimprimé aux XVIe et XVIIe siècles. En 1569, Jacques Grévin publia chez Wechel un ouvrage d’anatomie en français, intitulé Les portraits anatomiques de toutes les parties du corps humain […) ensemble l’abbrégé d’André Vesal [sic] et l’explication d’iceux, accompagnée d’une déclaration anatomique par Jacques Grévin, de Clermont en Beauvoisis, médecin à Paris.[https://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/medica/cote?00303x01] Malgré le titre et la référence à Vésale, la traduction était faite à partir du texte de la Delineatio et des corrections et explications que Grévin avait déjà faites pour l’édition latine de 1565. Toutefois cette traduction, la première et la seule en français, si on excepte le petit « atlas anatomique » publié par Clément Baudin en 1560 [24], a gardé toute sa valeur – et sa saveur- sur le plan de la langue ; en l‘absence d’une terminologie savante française, l’auteur recourut à des registres de langue variés et exposa dans un long chapitre les difficultés qu’il avait rencontrées pour rendre compte en vernaculaire de la nomenclature latine mise au point par Vésale[25].

Dès la fin du XVIe siècle, les références explicites à l’Epitome et le nom même de Vésale furent moins fréquemment cités dans les titres des nouveaux traités d’anatomie, même si un hommage au grand anatomiste était généralement rendu dans les pièces liminaires ou si des variations lexicales dans l’énoncé permettaient au lecteur d’établir implicitement la filiation avec Vésale. Par exemple, en 1583, le médecin suisse Felix Platter publia à Bâle un traité anatomique, reprenant les planches de la Fabrica et de l’Epitome, avec leurs explications, sous le titre De corporis humani structura et usu libri III (Agencement et fonction du corps humain). Des auteurs, ou des éditeurs, commencèrent à mentionner expressément les corrections qu’ils avaient apportées au texte ou aux illustrations de Vésale, en fonction des progrès du savoir anatomique, et sans doute pour inscrire leur ouvrage dans cette perspective de progrès. C’est ce que fit par exemple Pieter Pauw, professeur d’anatomie à Leyde, qui publia en 1596 un traité intitulé Andreæ Vesalij Bruxellensis Epitome anatomica. Opus redivivum cui accessere notæ ac commentaria…(Abrégé anatomique d’A. Vésale mis à jour, annoté et commenté) ; l’ouvrage dut avoir du succès, puisqu’il connut deux rééditions successives, à Leyde en 1616 puis à Amsterdam en 1633.

Si l’exemple de Clément Baudin, qui avait annoncé, dès 1560, l’intérêt que les « Anatomies » de Vésale pouvaient susciter dans les milieux artistiques, n’est pas isolé, il semble toutefois que c’est vers le milieu du XVIIe siècle que la valeur esthétique des planches de Vésale commença à être vraiment appréciée indépendamment de leur fonction scientifique. De cette époque datent aussi les premiers essais d’attribution des illustrations de la Fabrica et de l’Epitome aux grands artistes de la Renaissance, au Titien en particulier. Outre Abraham Bosse, déjà cité, des artistes tels Roger de Piles (dit François Tortebat) et Domenico Bonaveri représentent bien ce courant de publication de traités d’anatomie artistique, destinés à ceux qui peignaient et sculptaient le corps humain, et dont deux superbes spécimens sont à la BIU Santé. L’un est répertorié sous le nom de François Tortebat, Abrégé d’anatomie accommodé aux arts de peinture et de sculpture et mis dans un ordre nouveau, publié à Paris, sans date, illustré de douze planches gravées sur cuivre, plus grandes que celles des traités de Vésale publiés en 1543. L’autre qui a été récemment acquis, et numérisé, ne comporte pas de texte, sinon la dédicace du graveur Domenico Bonaveri à Francesco Ghilieri, sénateur de Bologne ; il est constitué de 17 planches (3 squelettes et 14 muscles) gravées sur cuivre, de toute beauté, attribuées au Titien dans le titre du recueil, Notomie di Titiano [https://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/medica/cote?10482].

La richesse du fonds vésalien de la BIU Santé permet donc de suivre la chronologie et l’histoire de ces traités anatomiques, dont l’influence dans la science et dans l’iconographie médicales se fit sentir pendant deux siècles au moins, à travers l’Europe ; on pourrait aisément en trouver la preuve en feuilletant les traités d’Ambroise Paré, de Nicolas Fonteyn, de Thomas Bartholin, de Philippe Verheyen, pour ne citer que les plus connus ; ou encore dans les planches anatomiques de la grande Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, dont la première, comme un bel hommage à l’initiateur de la science anatomique, représente un squelette vu de face « d’après Vésale ». Le XXe siècle a tenté de mettre ces ouvrages essentiels, devenus rares, à la disposition d’un public plus élargi. Avant l’ère de la numérisation, plusieurs fac-similé ont été réalisés sur papier pour faciliter la consultation sans abîmer les originaux. Parmi ces copies disponibles à la BIU Santé, il faut citer une curiosité de bibliophile, André Vésale et Gemini, publié à Genève en 1964, regroupant des frontispices et des illustrations de plusieurs éditions.

Mais je voudrais terminer ce bref panorama de l’œuvre de Vésale en présentant un petit ouvrage, numérisé par la BIUM, sans illustrations anatomiques certes [26], mais essentiel pour comprendre la position de Vésale face à une médecine galénique qui triomphait en France, et émouvant parce qu’il constitue un rare témoignage autobiographique de ce que pouvait ressentir en 1546 l’homme qui avait brûlé lui-même tous ses manuscrits en entrant au service de l’empereur. Il s’agit d’une très longue lettre que Vésale adressa à un ami, Joachim Roelants, médecin de la Ville de Malines, et qui fut publiée en 1546 à Bâle par les soins de son frère François sous le titre Epistola rationem modumque propinandi radicis Chynæ decocti pertractans [https://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/medica/cote?00154] (titre français abrégé « Lettre sur la racine de Chine ») [27]. En-dehors de la consultation médicale stricto sensu, André Vésale se plaignait amèrement des invectives que ses critiques du galénisme lui avaient valu de la part de médecins de l’université de Paris, entre autres Jacques Dubois et Jean Riolan, mais réaffirmait avec force la valeur de l’observation dans le travail de l’anatomiste, et sa fierté d’avoir ouvert de nouvelles voies aux étudiants en médecine et à la science médicale.

L’existence de lettres, de documents officiels, d’archives a permis aux historiens de se documenter sur les activités de Vésale, lorsqu’il eut quitté l’université de Padoue en 1543 pour se mettre au service de l’empereur Charles Quint, qu’il accompagna dans ses déplacements et dont il suivit les armées, avant de s’installer pendant quelques années à Bruxelles, comme médecin, célèbre, semble-t-il, dans l‘Europe entière, puis de suivre à Madrid le nouveau roi, Philippe II d’Espagne. Mais si on lui attribua plusieurs Consilia médicaux, plusieurs consultations épistolaires adressées à des amis ou à des princes, et qui furent répertoriées dans différents recueils et compilations de la fin du XVIe siècle, toute activité de recherche anatomique semble bien s’être éteinte au cours de ces vingt années de service de médecin aulique.

Il manque peut-être encore au fonds ancien de la BIU Santé le dernier ouvrage de Vésale, celui par lequel il aurait pu revenir à la science. Il s’agit d’un petit traité critique, l’Anatomicarum Gabrielle Falloppii observationum examen (Examen des observations anatomiques de G. Falloppe) qu’il rédigea en 1564[28], en réponse aux Observations que Falloppe lui avait respectueusement envoyées, et qu’il reçut très peu de temps avant de partir en pèlerinage pour Jérusalem, pour des raisons demeurées obscures, relevant de la rumeur. C’est à Jérusalem que Vésale aurait appris la mort de Falloppe, et aurait alors accepté la proposition faite par l’université de Padoue de retrouver sa chaire d’enseignement. Pendant le voyage de retour, le bateau fit naufrage. André Vésale mourut le 15 octobre 1564 sur l’île de Xanthe, où il fut enterré.

Notes

[1] Sophie John-Lambert et Maxime Préaud, éd., Abraham Bosse, savant graveur de Tours, catalogue de l’exposition (BnF, Musée des Beaux-Arts de Tours), Paris, 2004, p. 249-250.
[2] Charles D. O’Malley, Andreas Vesalius of Brussels, 1514-1564, Berkeley-Los Angeles, University of California Press, 1964.
[3] Voir A.M. Bonenfant-Feytmans, « Les ancêtres d’André Vésale », Cahiers bruxellois, X, 2, 1965, p. 100-115, faisant état des nouveaux documents découverts dans les archives, avec d’abondantes notes bibliographiques. Voir aussi E. Spelkens, « Généalogie de la famille d’André Vésale », Intermédiaire des généalogistes, XVI, 1961, p. 64-75 (étude du fonds Houwaerts, Bibl. Royale Albert Ier de Bruxelles).
[4] /medica/bibliotheque-numerique/index.php
[5] Voir Véronique Boudon-Millot et Guy Cobolet, éd., Lire les médecins grecs à la Renaissance, BIUM-Paris 5 et CNRS-Paris 4, De Boccard, 2004.
[6] La BIU Santé possède les deux éditions bâloises de 1536, publiées respectivement chez B. Lasius et chez B. Lasius et Th. Platter sous le titre I. Guinterius Andernacus, Institutionum anatomicarum secundum Galeni sententiam libri quatuor.
[7] Le colophon de l’édition de Louvain porte la date du 1er février 1537, et la qualité d’étudiant de l’auteur figure explicitement dans le titre, Paraphrasis… autore Andrea Wesalio Bruxellensi, Medicinæ candidato ; cette dernière mention a disparu dans l’édition de Winter en mars 1537.
[8] Alban Thorer, médecin et recteur de l’Université de Bâle, publiera en 1544 chez Heinrich Petri une édition des Opera omnia de Rhazès, incluant la Paraphrasis de Vésale de 1537 (sans la dédicace à Florenas).
[9] L’exemplaire de Glasgow a été présenté au public lors de l’exposition organisée en novembre 1964 pour le quatrième centenaire de la mort d’André Vésale. Reproduction de la notice descriptive dans E. Vander Elst et A.M. Dalcq, « Catalogue rétrospectif de l’exposition organisée à l’occasion de la commémoration du quatrième centenaire de la mort d’André Vésale, au palais des Académies, Bruxelles», Cahiers bruxellois, X, 2, 1965, p. 127-152 [citation p. 133-134].
[10] Le nom de Vésale est cité dans le titre complet de trois traités, De neruorum dissectione, De uenarum arteriarumque dissectione et De anatomicis administrationibus (accompagné du nom de John Caius pour ce dernier traité).
[11] Epistola docens uenam axillarem dextri cubiti in dolore lateralis secandam : et melancholicum succum ex uenæ portæ ramis ad sedem pertinentibus purgari, Bâle, R. Winter, 1539.
[12] Matteo Corti, Quæstio de pleuritide, Lyon, 1532, De uenæ sectione, Venise, 1534 [2de éd. 1539].  
[13] Voir Ruben Eriksson, Andreas Vesalius’ First Public Anatomy at Bologna, 1540, an eyewitness report by Baldasar Heseler, Uppsala and Stockholm, 1959.
[14] Voir entre autres l’exposition virtuelle sur le site de la BIU SAnté : « Cent frontispices de livres de médecine » et André Hahn, Paule Dumaître et Janine Samion-Contet, Histoire de la médecine et du livre médical, Paris, 1978, p. 130-139 ; Francisco Guerra, « The identity of the artists involved in Vesalius’ Fabrica», Med. History,13, 1969, p. 37-46.
[15] Voir Base Dionis (photothèque) et Bibliothèques Virtuelles Humanistes, CESR (UFR Université François-Rabelais de Tours et CNRS, UMR 6576), http://www.cesr.univ-tours.fr
[16] Notice reproduite dans E. Vander Elst et A.M. Dalcq, art. cité, p. 137.
[17] Voir l’étude précise de cette correspondance dans M. G. Wolf-Heidegger, « André Vésale à Bâle », Cahiers bruxellois, X, 2, 1965, p. 53-61.
[18] Charles D. O’Malley, o.c., p. 277-282, relève les différences essentielles entre les textes des deux éditions.
[19] De humani corporis fabrica libri septem, Venise, 1568 ; Andreæ Vesalii Anatomia addita nunc postremo etiam antiquorum anatome, tribus tabellis explicata per Fabium Paulinum, Venise, 1604 [avec un étonnant frontispice gravé sur cuivre]. La notice descriptive complète du catalogue de l’exposition de Glasgow de 1964 est reproduite dans E. Vander Elst et A.M. Dalcq, art. cité, p. 137.
[20] Vesalii Opera omnia anatomica et chirurgica. Cura Hermanni Boerhaave et Bernhardi Siegfried Albinus, Leyde, 1725 [la Magna Chirurgia est apocryphe].
[21] Je prépare actuellement l’édition critique et commentée de l’Epitome, en association avec Stéphane Velut, professeur d’anatomie (Université François-Rabelais de Tours). Voir mon article « L’Epitome, un ouvrage méconnu d’André Vésale », Histoire des Sciences médicales, XL, 2, 2006, p.177-189.
[22] Eric Waller, Eine unbekannte Ausgabe von Vesals Epitome, Lychnos, Uppsala, 1936 [tiré à part exposé à Bruxelles lors de la Commémoration du quatrième centenaire de la mort de Vésale] et Harvey Cushing, A bio-bibliography of Andreas Vesalius, New York, Schuman’s, 1943 [édition consultée : Londres, 1962, p. 115] s’accordent sur le fait que l’exemplaire de l’édition de 1555 qu’ils ont vu est identique à ceux de 1543 (y compris le papier) sauf le colophon (même papier que celui de la Fabrica de 1555 et modification de la date : MDLV mense Aprili). On peut supposer que des exemplaires invendus de 1543 aient été remis en vente à l’occasion de la parution de la nouvelle Fabrica.  
[23] L’imprimeur parisien André Wechel semble être le seul, à ma connaissance, à avoir imprimé et mis en vente le texte authentique de l’Epitome de Vésale en 1560, dans un petit format, in 8°, sans aucune illustration. Le livre était probablement destiné aux étudiants, et était achevé avant que Wechel n’eût acheté les planches de Gemini.
[24] Clément Baudin, Description et démonstration des membres intérieurs de l’homme et de la femme, en douze tables.. selon la vraye Anatomie de André Wesal, philosophe et docteur en médicine [sic]. Œuvre utile et necessaire non seulement aux medicins et chirurgiens, ains aussi aux portrayeurs et architectes, Lyon, 1560, comprenant 12 feuillets non paginés imprimés sur une seule face. L’ouvrage fut réédité en 1567.
[25] Une étude plus complète des imitations de l’Epitome latin et de ses différentes traductions en vernaculaire (allemand, flamand, français) sera donnée dans l’édition critique (cf. note 18).
[26] L’ouvrage contient trois bois gravés (portrait de Vésale et deux grandes lettrines ornées) identiques à ceux de la Fabrica de 1543.
[27] La lettre fut publiée par Oporinus à Bâle en 1546, rééditée la même année à Venise, et en 1547 à Lyon. Le titre de la lettre fait référence au traitement par cette racine (appelée « bois d’esquine, Squine » dans les traités de pharmacopée du XVIe  siècle écrits en français, sans doute le Smilax China L. ?) que Vésale avait utilisé pour soigner la goutte de Charles Quint.
[28] L’ouvrage fut édité à Venise par Francesco de Francisis en 1564.

Vesalius’s « Anatomies »

Introduction by Jacqueline Vons
Université François-Rabelais de Tours
Centre d’Études Supérieures de la Renaissance (CNRS-UMR 6576)
jacqueline.vons@univ-tours.fr

Translation by Karine DEBBASCH

Vesalius, called « the father of modern anatomy », was born nearly 500 years ago in Brussels. His person and his work were successively, and sometimes simultaneously, praised to the skies and looked at with contempt, and they have never ceased to be the subject of studies, criticisms and commentaries that have gone far beyond the medical field. Abraham Bosse used the anatomical drawings in Vesalius’s treatises to learn how to draw the human body in perspective[1]; Baudelaire was fascinated by the plates of the « ploughing skeleton » that were for sale on the banks of the Seine. Andreas Vesalius’s origins, his life and the circumstances of his death have been examined and scrutinized over and over again, but the mysteries surrounding them have not all been resolved for all that. Since the brilliant study by Charles D. O’Malley, Andreas Vesalius of Brussels, 1514-1564[2], published in 1964, new investigations in the archives of the Assistance publique of Brussels have revealed interesting documents on Vesalius’s paternal ancestors, the Wijtincks (known as Van Wezele because they were native of Wezel, a name from which the Latin Vesalius is derived), who had resided in Brabant since the early XVth century[3]. But in spite of the interest Vesalius elicited, and still does, in historians and artists alike, it seems that neither the scope nor the soundness of his scientific work have been sufficiently studied; at the most Vesalius’s attacks against Galen have been remembered and emphasized, but the precise context of the dispute was not necessarily taken into account. The Bibliothèque Interuniversitaire de Médecine has a particularly rich « Vesalian » collection, which can be consulted on site, and a part of which is now accessible to on-line researchers thanks to the digitization of precious and extremely rare volumes in the Medica collection. It is therefore possible to follow the evolution of Vesalius’s thinking from one book to the other, to appreciate the truly scientific dimension of his work, most particularly in the field of anatomy, and to measure the influence of his books on the evolution of the knowledge of the human body.

Born in Brussels in 1514 in a family of physicians and pharmacists, Andreas Vesalius started his university studies in the Collège du Château (Pedagogium castrense) of the University of Louvain. On the recommendation of Nicolas Florenas, a physician and friend of the  family, he registered in 1533 at the medical faculty in Paris, where renowned professors, also famous for their philological knowledge, were teaching; among them, Jacques Dubois (Jacobus Sylvius, 1478-1555) and Jean Guinter von Andernach (Johannes Guinterius Andernacus, 1487-1574), good Hellenists and fervent Galenists, devoted their efforts to the translation of ancient medical treatises, in particular those of Galen that had been recently rediscovered[4]. Guinter included two of his pupils, Michel de Villeneuve and Andreas Vesalius, whose qualities of precision and sharpness in anatomical pratice and linguistic knowledge he particularly appreciated, in the dissection work he carried out before writing Institutionum anatomicarum libri, which he published in Basel in 1536[5].

The war between François I and Charles V forced the Flemish student, whose father was in the service of the Emperor, to leave French territory. Back in Louvain, not even  having received his bachelor’s degree yet, Vesalius published, in February 1537, his first work, a Paraphrase of the ninth book of the Arabic physician Rhazis, Paraphrasis in nonum librum Rhazæ medici arabis, under the direction of Rutgerius Rescius, professor of Greek at the Collegium trilingue in Louvain; a re-edition was published one month later, in March 1537, by Winter in Basel[6]. This paraphrase, dedicated to the physician Florenas, did not merely present Arabic pharmacological prescriptions that were still in use at the time, but was followed by a « Letter to the Reader » in which the author expressed philological preoccupations and already showed his interest in the quest for the right words to better transmit scientific knowledge, as a cement for a medical culture common to all modern scientists. The Paraphrasis was re-edited in 1544 under the direction of Heinrich Petri in Basel by Alban Thorer (Albanus Torinus, 1489-1550)[7]; a new edition was published in 1551 in Lyon, by Jean de Tournes, in a small format (12mo). The BIU Santé owns a copy of each one of these four editions.

We have no information on the period between March 1537 and December 5, 1537, the date when Vesalius defended his dissertation in Padua in order to be ranked Doctor in Medicine. On December 6, the Senate of Venice, under whose authority the University of Padua was placed, appointed him chirurgiæ explicator, i.e. in charge of the practical anatomy classes, as a replacement for Paolo Colombo of Cremone. It is also in December 1537 that Vesalius performed his first « anatomical demonstration » or public dissection, and, in April 1538, he published in Venice a collection of six large anatomical and physiological plates dedicated to the Neapolitan physician Narcisse Vertunus Parthenopeus (1491-1551), who was first physician to the Emperor and to the King of Naples. These anatomical plates, Tabulæ anatomicæ sex, presented images of the liver (or lobed penta), the vena cava [called « vein of the liver »], the aorta [called « large artery »], followed by those of three skeletons, one frontal, one viewed from the side, and one from the back. The plates were drawn by Jan Stefan van Calcar, who also, according to the colophon, provided the money to cover the printing expenses. As it was comprised of loose leaves, the work was fragile and must have been damaged early; today, it is extremely rare, and only two intact copies are indexed: one at the Hunterian Library in Glasgow, the other at the Biblioteca San Marco in Venice[8]. The BIU Santé owns a facsimile, almost as rare as the original, made in London in 1874 for Sir William Stirling Maxwell and donated by his son, Sir John Stirling Maxwell (through Osler). This particular volume contains the same six anatomical plates as the original, two of them printed in red, to which were added the frontispiece to the Fabrica (1543), with a cartouche printed in red, and a leaf showing a portrait of Vesalius. The immense success of these plates is possibly the reason why they were immediately copied and printed in Frankfurt, Augsburg, Cologne and Paris, without Vesalius’s authorization, and regardless of the privileges he had obtained; he bitterly complained about it a few years later in a letter he sent to the Ajaccien printer Johann Herbst (Oporinus, 1507-1568), who published this letter in 1543 as a foreword to the text of the Fabrica.

Although Vesalius’s career at the university was quite short (from December 1537 to September 1543, date when he started working as Emperor Charles V’s physician), it stands out as a unique example of the extraordinary intellectual and literary vitality of the young professor of anatomy, and anatomist himself, who published almost all his scientific work over this six-year period, and was constantly going from anatomical practice to teaching and writing, from asking questions and making observations to reading books, until he was able to question old theories and affirmations that others taught without ever having verified them. Vesalius modified the conception of the medical book, which stopped being considered as a source of dogmatic authority to become an auxiliary, or possibly a substitute, to de uisu anatomical teaching; he presented a methodology for working and for thinking that signalled the beginning of the modern scientific ways of thinking and acting. Let us give a few examples of his incessant work: just a few months after the Tabulæ anatomicæ sex, Vesalius published, in May 1538, a revised version of the Anatomical Institutions, Institutionum Anatomicarum quatuor libri, by Guinter d’Andernach – unbeknownst to the Parisian professor. But Guinter adopted some of Vesalius’s corrections in the two re-editions he published himself in 1539 and in 1541 in Lyon, under the direction of Gryphe. Vesalius also participated in the great edition of Galen’s Opera omnia, not published before 1541-1542 by Giunta, but for which Vesalius had corrected three treatises during the previous years[9]. He also wrote the very important Letter on bloodletting, Epistola docens uenam axillarem […] secandam, published in Basel by Winter in 1539[10], one of the first written documents in which Vesalius took a clear stand on where to perform bloodletting in case of pleuritic syndrome, against Galen’s opinion, and in favor of that of the modern medical men (Pierre Brissot). The text was the fruit both of personal observations made on the human body and of discussions with contemporary physicians whose ideas Vesalius opposed. In 1538, he had visited Matteo Corti (Matthaeus Curtius, 1495-1542), professor of medicine at the University of Bologna, who had become famous for his treatises on bloodletting in case of pleuritic syndrome[11]; he had then gone back to Bologna in January 1539, invited by the students, to illustrate Matteo Corti’s lessons on Mondino and Galen with dissections, in the course of which he made de visu et de tactu observation of the body prevail over the theoretical assertions of Corti, who was respectful of the galenic dogmas[12]. It may very well be the practice of public (and possibly private) dissections that conferred on the Letter on bloodletting its confident tone and the accuracy of its anatomical descriptions – with, for instance, the first mention of the existence of the azygos vein.

It is during the same period of time that Vesalius worked on two fundamental books, which ushered knowledge of the human body into the modern world, namely the Fabrication of the human body in seven books, De humani corporis fabrica libri septem, and its Abridged version or Epitome, which are still considered as masterpieces of medical literature and of anatomical iconography. In June 1543, the Ajaccien printer Oporinus put up for sale a superb in-folio of over seven hundred pages, lavishly illustrated with wood engravings (frontispiece, portrait of the author, plates in various sizes, title plates, either in full pages or inserted in the text, figures in the margins, versals, etc). The title of the treatise, De humani corporis fabrica libri septem, appears on the title page decorated with a superb but unsigned (like the other plates in the treatise) frontispiece that has sometimes been attributed to Jan Stefan van Calcar, sometimes to one of Titian’s pupils, and even sometimes to Titian himself. The scene represents the author of the treatise dissecting the cadaver of a woman in an amphitheatre filled with spectators; this scene, world-famous today, has been the subject of numerous studies and interpretations, historical, artistic and philosophical, and it served as a model (« the anatomical lesson ») for one type of frontispiece typical of anatomical manuals for almost two centuries[13]. The book was dedicated to the Emperor Charles V; Oporinus also reproduced in it a letter Vesalius had written to him on August 24, 1542, in which he told him that he had sent the matrices for the wood engravings that were to illustrate the Fabrica and its Epitome. He also informed him of his intention to go to Basel for some time to supervise the printing of his text, whose special layout required an attentive presence, as various typographical signs were to be placed in the Latin text and in the illustrations in order to indicate marginal annotations or explanations on plates; Vesalius also complained of the numerous plagiarists of his work and of the lack of efficacy of the privileges he had obtained.

The book is magnificent and the iconography is striking in the precision of the observations and in the sense of proportions and of movement. It would be easy today to pinpoint anatomical or physiological mistakes due to the fact that Vesalius was subservient to a thought system dominated by Galenic theories; but the gist of the treatise and its originality lie elsewhere. The description of the human body is no longer made by regrouping similar parts, nor by investigating specific « cavities » in a way that encourages philosophical speculations, but it obeys an order defined by the anatomist whose purpose it is to build an architectural representation of human anatomy. The first two books respectively describe the skeleton and the muscles and they represent almost half the volume, because in Vesalius’s eyes they are the two essential elements of the body: the skeleton is the bone frame ensuring solidity and the muscles are the instruments allowing voluntary movement. Another new, very important element is that descriptive topographical anatomy was conferred with a truly scientific status based on potential repetition and reproducibility (thanks to podesta Contarini, Vesalius had at his disposal numerous cadavers, and his students provided him with bones), devoid of philosophical or speculative considerations and merely focusing on natural facts (see for instance the study of the brain in book VII). The Centre d’Études Supérieures de la Renaissance of the Université François-Rabelais in Tours digitized a copy of this 1543 edition of the Fabrica[14].

Several editions and revisions were made during the 16th century. The BIU Santé digitized two different editions of the Fabrica, those of 1552 and of 1555, both very different from the 1543 edition. The small book (16mo format) that Jean de Tournes edited in Lyon in 1552, entitled De humani corporis fabrica lib. VII, comprised in fact only books I and II, which describe the bones, cartilages, ligaments and muscles. The volume contains very few illustrations (four drawings of the cranium in a reduced format). The catalogue of the exhibition « Vesalius » organized in Glasgow in 1964 specifies that De Tournes had been able to publish this work because the 10-year licence granted by the King of France expired in 1552 [15].

The edition that Oporinus put up for sale in 1555 raises more questions: the colophon indicates that its printing was not finished before August 1555, and yet in 1552 the book was already presented in one of Oporinus’s catalogues as a revised and extended edition in five books only. If this edition was actually produced, it comes as a surprise that no copy was ever found. Oporinus’s correspondence with his friend Conrad Hubert, preacher at Saint-Thomas in Strasbourg, reveals that he did start working on this edition in 1551-1552, but was interrupted by several incidents (shortage of parchment, problems with borrowing or buying the matrices necessary to fabricate new typographical characters, etc.)[16]. In a larger format than the 1543 edition, the 1555 version of the Fabrica presented numerous modifications both in the text and in the illustrations. Most of these reworkings might have been Vesalius’s; some corrections were probably due to the evolution of knowledge (for example the corpus luteum or yellow body, discovered during the dissection of a uterus performed in 1537, was only mentioned in the 1555 edition, not in the 1543 description), others to life accidents (deceased friends, declared hostility of former masters whose names – that of Dubois for instance – disappeared from the 1555 edition); others still consisted in using a milder phrasing, further from harsh controversy, as one can see in the disputationes against Galen[17]. The frontispiece had been modified (Vesalius’s titles, the attitudes of the characters, some details, etc.) and the engraving was of a lesser quality (for example the portrait of the anatomist). Nevertheless, the 1555 edition was used as a model for all the later editions of the Fabrica.

Besides the three editions published in Vesalius’s lifetime (1543, 1552, 1555), researchers can also consult in the old and rare books collection of the BIU Santé a posthumous anatomical treatise attributed to Vesalius, which was edited twice. The first edition, dating from 1568, would have been transmitted to the printer, Francesco Senense (Franciscus de Francisis), by Vesalius himself, before he left for Jerusalem in 1564; the wood engravings were obviously modified, with simpler drawing and smaller dimensions. After their father’s death, Antoine and Jacques de Francisis re-edited the work, in 1604, under the title Andreæ Vesalii Anatomia[18].

In 1725, two physicians, Herman Boerhaeve (1668-1738) and Bernard Siegfried Weiss (Albinus, 1697-1770), both professors at the University of Leyde, published Opera omnia[19], a monumental volume supposed to gather together the whole of Vesalius’s work. The texts are preceded with a long preface in which the authors render homage to Vesalius’s work and personality; they also summarize – with a few embellishments – the major episodes in his life and the circumstances of his death. This beautiful edition is still very useful to those who are interested in the history and the ‘genesis’ of ancient texts, attributed to a given author and published under his name, without any real authentification; the 1725 Opera omnia reproduce, for example, a version of the Epitome which is not exactly the original Vesalius wrote (cf. infra), and also an apocryphal text, a Chirurgia Magna in seven books, attributed to Vesalius and published posthumously in Venice in 1568.

And finally, the internet site of the BIU SAnté presents an interesting selection of sixty-six images reproduced from the 1543 Fabrica, with short explanatory captions, and twenty-one plates (mostly decorative initials) from the 1555 edition.

While he was working on his great treatise Fabrica, Andreas Vesalius was also preparing a volume more specifically directed to students of medicine: the Epitome de humani corporis fabrica librorum. This condensed version (which could be considered as an equivalent of the « anatomy synopsis » used today in medical studies) attracted very little attention[20]; it nevertheless presents undeniable originality in its conception as well as in its practical realization, and is among the books that were the most frequently imitated and copied over a two-century period, sometimes under misleading titles.

This book is a quite large in-folio, comprised of a title page, a dedication to Prince Philip, Charles V’s son, eleven pages of text succinctly describing the anatomy of the human body, followed by a portrait of the author, nine anatomical plates engraved on wood (most of them different from those in the Fabrica) accompanied by explanations, and two plates to be cut out. The frontispiece on the title page is that of the Fabrica, topped with a cartouche giving the new title, and accompanied at the bottom of the page by a short, unsigned text addressed to the reader. This Letter to the reader, written either by Vesalius or by Oporinus, explains how to use the manual, which the student is invited to consult starting, according to his own choice, with the texts or with the illustrations; the declared equivalence of the two clearly places this anatomy synopsis in modernity. The first two chapters address the same material as the first two books of the Fabrica (osteology and myology), the next three chapters describe the digestive and respiratory tracts and the sensori-motor apparatus, and the last one is devoted to the genital organs. This presentation confirms Vesalius’s focus on the skeleton and the muscles to account for the constitution and organization (fabrica) of the human body, and sheds light on the reason why, out of nine anatomical plates, five present flayed figures revealing the muscles according to the order of the dissection. Another original feature of the book is its containing two leaves presenting drawings of several organs that can be cut out and pasted on the flayed figures, constituting three-dimensional « paper dolls ».  

The BIU Santé acquired and digitized a complete copy of this 1543 original edition of the Epitome, the only edition whose authenticity was proved. It is extremely rare today because the Epitome, comprised of unbound leaves and much handled, was subject to being damaged. Was it re-edited in 1555, at the same time as the Fabrica? It is hard to say. Only one copy of this hypothetical re-edition was ever found; it belongs to a collector from Stockholm and was described twice in the existing catalogues[21].

Although the BIU SAnté does not have in its old and rare books collection the translation into German of the Epitome made by Alban Thorer and published in Basel in 1543, nor copies of all the later editions, imitations and translations of the Epitome, it does have sufficient numbers of these rare volumes to allow one to study the precise chronology of the development of Vesalius’s treatise.

The first of these is the book published in London in 1545 by Thomas Gemini (?-1562 ?), engraver from Liège, under the title Compendiosa totius anatomes delineatio (Abbreviated Representation of All Anatomy). This volume took up the six chapters of the Epitome, to which a summary of the fortieth chapter of book I of the Fabrica was added; it was illustrated with over forty plates engraved on copper, inspired by those in Vesalius’s Fabrica and Epitome. But the drawing and its meaning were modified, or even transformed. For instance, the two naked figures, one male and one female, that illustrated the names of the external parts of the body in the Epitome were reproduced by Gemini, but deprived of their anatomical explanations and, with the adjunction of an apple and a snake, assimilated to the figures of Adam and Eve. Gemini’s book, rich in texts and images, was considered a reference by all those who published later « anatomies », explicitly attributed to Vesalius or not, and it is still quite often mistaken with the original Epitome in catalogues[22].

Let us mention a few examples of this practice. In 1565, the Parisian printer and editor André Wechel published Anatomes totius ære insculpta delineatio, (Copper Engraved Representation of All Anatomy), taking up the Latin text of Gemini’s edition, with corrections and a long commentary made by the French physician and poet Jacques Grévin (1538-1570), illustrated with copper-engraved plates the editor had bought from Gemini. The following year, in 1566, the editor Christophe Plantin of Antwerp published an anatomical treatise in Latin signed by Juan Valverde de Amusco (1499-1560) and entitled Vivæ imagines partium corporis humani æris formis expressæ (Natural Images of the Parts of the Human Body, Engraved on Copper). The text, compiling texts of Gemini and Grévin, was accompanied by superb plates drawn by Lambert Van Noort and engraved by Pierre and François Huys. An outstanding frontispiece presented the figures of Adam and Eve under a portico surmounted by King Philip II’s blazon. This work was very often re-printed in the 16th and 17th centuries. In 1569, Jacques Grévin published under the direction of Wechel an anatomy book written in French, entitled Les portraits anatomiques de toutes les parties du corps humain […) ensemble l’abbrégé d’André Vesal [sic] et l’explication d’iceux, accompagnée d’une déclaration anatomique par Jacques Grévin, de Clermont en Beauvoisis, médecin à Paris (Anatomical Portraits of all the Parts of the Human Body, […] Together with Vesalius’s Abridged Version and Explanations, with an Anatomical Declaration by Jacques Grévin, from Clermont en Beauvoisis, Physician in Paris). In spite of the title and the reference to Vesalius, the translation was made from the text of the Delineatio and from the corrections and explanations that Grévin had already made for the 1565 edition in Latin. This translation however, the first and only one into French, apart from the small « anatomical atlas » published by Clément Baudin in 1560[23], has a special linguistic value – and flavour; in the absence of a learned terminology in French, the author used various registers and exposed in a long chapter the difficulties he had met to render in the vernacular the Latin nomenclature established by Vesalius[24].

As of the end of the 16th century, explicit references to the Epitome and to Vesalius himself became less frequent in the titles of new anatomical treatises, even if homage to the great anatomist was usually rendered in the preliminary pages or if lexical variations allowed the reader implicitly to establish the filiation with Vesalius. For example, in 1583, the Swiss physician Felix Platter published in Basel an anatomical treatise that took up the plates of the Fabrica and the Epitome along with their explanations under the title De corporis humani structura et usu libri III (Organization and function of the human body). Authors or editors started mentioning explicitly the corrections they had made to Vesalius’s text or illustrations according to the advances in anatomical knowledge, probably with a view of inscribing their work in this perspective of progress. It is for instance what Pieter Pauw, professor of anatomy in Leyden, did when he published in 1596 a treatise entitled Andreæ Vesalij Bruxellensis Epitome anatomica. Opus redivivum cui accessere notæ ac commentaria…(Vesalius’s Abridged Anatomy Updated, Annotated and Commented). The book must have been popular as it was re-edited twice, first in Leyden in 1616, then in Amsterdam in 1633.

Although the example of Clément Baudin, who had claimed, as early as 1560, that Vesalius’s « Anatomies » could be of great interest in artistic milieux, is not isolated, it was in the mid-1600s that the aesthetic value of Vesalius’s plates really started to be appreciated independently of their scientific function. It was also in that period that the illustrations of the Fabrica and the Epitome began to be (sometimes mistakenly) attributed to the great artists of the Renaissance, Titian in particular. Besides Abraham Bosse, already mentioned, artists such as Roger de Piles (called François Tortebat) and Domenico Bonaveri are good representatives of this new trend of publishing artistic anatomical treatises, intended for painters and sculptors of the human body. The BIU Santé owns two magnificent specimens. One of these books is inventoried under the name of François Tortebat, Abrégé d’anatomie accommodé aux arts de peinture et de sculpture et mis dans un ordre nouveau, (Abridged Anatomy for Painters and Sculptors) published in Paris, without any date, illustrated with twelve plates engraved on copper that are larger than in the 1543 edition of Vesalius’s treatises. The second one, recently acquired and digitized, presents no text apart from the dedication of the engraver Domenico Bonaveri to Francesco Ghilieri, senator of Bologna; it is comprised of 17 plates (3 skeletons et 14 muscles) engraved on copper, absolutely splendid, which are attributed to Titian in the title, Notomie di Titiano.

Therefore, thanks to the richness of the Vesalian collection at the BIU Santé, it is possible to follow across Europe the chronology and the history of these anatomical treatises, which influenced medical science and medical iconography over at least two centuries – as can easily be seen by glancing through the treatises of Ambroise Paré, Nicolas Fonteyn, Thomas Bartholin or Philippe Verheyen, to mention only the most famous; or else by looking at the anatomical plates in Diderot and d’Alembert’s Encyclopédie, the first of which, as an homage to the initiator of anatomical science, represents a frontal skeleton « after Vesalius ». The 20th century has endeavoured to make these essential works, now rare, available to a larger public. Before the time of digitization, several facsimiles were made on paper to facilitate consultation without damaging the originals. Among the copies the BIU Santé possesses, let us mention a bibliophile curio, André Vésale et Gemini, published in Geneva in 1964, gathering together frontispieces and illustrations from several editions.

But I would like to end this brief synopsis of Vesalius’s work by mentioning a small book, digitized by the BIUM. It contains no illustrations, but is essential to an understanding of Vesalius’s position towards the Galenic medicine that was prevailing in France, and quite moving as it constitutes a rare autobiographical testimony of what the man who had burnt all his manuscripts as he was coming to the Emperor’s service may have been feeling in 1546. It is a very long letter that Vesalius addressed to a friend, Joachim Roelants, physician to the Town of Malines, published in 1546 in Basel by his brother François under the title Epistola rationem modumque propinandi radicis Chynæ decocti pertractans (abridged French title « Lettre sur la racine de Chine », Letter on the Chinese Root)[25]. Besides giving a medical consultation stricto sensu, Andras Vesalius bitterly complained about the invectives his criticism of Galenism had triggered from physicians at the University of Paris, Jacques Dubois and Jean Riolan among others; but he also strongly reasserted the importance of observation in the anatomist’s work, and his pride at having opened new doors for medical students and for medical science.

Letters, official documents and archives allowed historians to gather information on Vesalius’s activities after he left the University of Padua in 1543 to serve Emperor Charles V, whom he accompanied on his trips and whose armies he followed. He afterwards spent a few years in Brussells, where he worked as a physician and seems to have been famous all over Europe, and finally followed the new king, Philip II of Spain, to Madrid. But although he was credited with several medical Consilia, and several epistolary consultations addressed to friends or to princes, inventoried in various collections and compilations dating from the end of the 16th century, his anatomical research activity seems to have stopped completely during these twenty years of service as an aulic physician.

 The old and rare books collection of the BIU Santé lacks perhaps one item: Vesalius's last work, which might have made him come back to science. It is a short critical treatise, the Anatomicarum Gabrielle Falloppii observationum examen (Examination of the anatomical observations of G. Falloppio), which he wrote in 1564[26] as a response to the Observations that Falloppe had respectfully sent him and that he had received very shortly before his departure for a pilgrimage to Jerusalem, for reasons that remain unclear. Vesalius was apparently in Jerusalem when he learnt of Falloppe’s death, and he seems to have accepted the offer made by the University of Padua to take up his teaching position once more. On the voyage home, the boat was shipwrecked. Andreas Vesalius died on October 15, 1564 on the island of Zacynthus, where he was buried. 

The reader is invited to refer to the remarkable bibliography compiled by Dr Maurits Biesbrouck (updated on october 2005) on his website dedicated to Vesalius's life and work : www.andreasvesalius.be

Notes

[1] Sophie John-Lambert and Maxime Préaud, ed., Abraham Bosse, savant graveur de Tours (Abraham Bosse, scholar and engraver from Tours), catalogue of the exhibition (BnF, Musée des Beaux-Arts de Tours), Paris, 2004, p. 249-250.
[2] Charles D. O’Malley, Andreas Vesalius of Brussels, 1514-1564, Berkeley-Los Angeles, University of California Press, 1964.
[3] See A.M. Bonenfant-Feytmans, « Les ancêtres d’André Vésale » (Vesalius’s ancestors), Cahiers bruxellois, X, 2, 1965, p. 100-115, listing the new documents discovered in the archives, with numerous bibliographical notes. See also E. Spelkens, « Généalogie de la famille d’André Vésale » (Genealogy of Vesalius’s Family), Intermédiaire des généalogistes », XVI, 1961, p. 64-75 (study of the Houwaerts collection, Bibl. Royale Albert Ier de Bruxelles).
[4] See Véronique Boudon-Millot and Guy Cobolet, ed., Lire les médecins grecs à la Renaissance (Reading Greek Physicians in the Renaissance), BIUM-Paris 5 and CNRS-Paris 4, De Boccard, 2004.
[5] The BIU Santé owns the two 1536 Ajaccien editions, published respectively under the direction of B. Lasius and B. Lasius and Th. Platter under the title I. Guinterius Andernacus, Institutionum anatomicarum secundum Galeni sententiam libri quatuor.
[6] The colophon of the Louvain edition bears the date of February 1rst, 1537, and the capacity of the author as a student is explicitly mentioned in the title, Paraphrasis… autore Andrea Wesalio Bruxellensi, Medicinæ candidato; the latter mention does not appear anymore in Winter’s edition of March 1537.
[7] Alban Thorer, physician and rector of the University of Basel, published in 1544 under the direction of Heinrich Petri’s an edition of the Opera omnia by Rhazès, including Vesalius’s 1537 Paraphrasis (without the dedication to Florenas).
[8] Glasgow’s copy was presented to the public during the exhibition organized in November 1964 for the 400th anniversary of Vesalius’s death. Reproduction of the descriptive notice in E. Vander Elst and A.M. Dalcq, « Catalogue rétrospectif de l’exposition organisée à l’occasion de la commémoration du quatrième centenaire de la mort d’André Vésale, au palais des Académies, Bruxelles», Cahiers bruxellois, X, 2, 1965, p. 127-152 [citation p. 133-134].
[9] Vesalius’s name appears in the full title of three treatises, De neruorum dissectione, De uenarum arteriarumque dissectione and De anatomicis administrationibus (accompanied by the name of John Caius for the latter).
[10] Epistola docens uenam axillarem dextri cubiti in dolore lateralis secandam: et melancholicum succum ex uenæ portæ ramis ad sedem pertinentibus purgari, Basel, R. Winter, 1539.
[11] Matteo Corti, Quæstio de pleuritide, Lyon, 1532, De uenæ sectione, Venice, 1534 [2nd ed. 1539].  
[12] See Ruben Eriksson, Andreas Vesalius’ First Public Anatomy at Bologna, 1540, an eyewitness report by Baldasar Heseler, Uppsala and Stockholm, 1959.
[13] See among others the virtual exhibition on the website of the BIU Santé : « Cent frontispices de livres de médecine » and André Hahn, Paule Dumaître and Janine Samion-Contet, Histoire de la médecine et du livre médical, Paris, 1978, p. 130-139; Francisco Guerra, « The identity of the artists involved in Vesalius’ Fabrica », Med. History,13, 1969, p. 37-46.
[14] See Base Dionis (picture library) and Bibliothèques Virtuelles Humanistes, CESR (UFR Université François-Rabelais de Tours and CNRS, UMR 6576), http://www.cesr.univ-tours.fr
[15] Notice reproduced in E. Vander Elst et A.M. Dalcq, art. cit, p. 137.
[16] See the precise study of this correspondence in M. G. Wolf-Heidegger, « André Vésale à Bâle » (Vesalius in Basel), Cahiers bruxellois, X, 2, 1965, p. 53-61.
[17] Charles D. O’Malley, o.c., p. 277-282, lists the essential differences between the texts of the two editions.
[18] De humani corporis fabrica libri septem, Venice, 1568; Andreæ Vesalii Anatomia addita nunc postremo etiam antiquorum anatome, tribus tabellis explicata per Fabium Paulinum, Venice, 1604 [with a surprising frontispiece engraved on copper]. The complete descriptive notice of the catalogue of the 1964 Glasgow exhibition is reproduced in E. Vander Elst and A.M. Dalcq, art. cit, p. 137.
[19] Vesalii Opera omnia anatomica et chirurgica. Cura Hermanni Boerhaave et Bernhardi Siegfried Albinus, Leyde, 1725 [the Magna Chirurgia is apocryphal].
[20] I am currently preparing a critical commented edition of the Epitome, in association with Stéphane Velut, professor of anatomy (Université François-Rabelais de Tours). See my article « L’Epitome, un ouvrage méconnu d’André Vésale », Histoire des Sciences médicales, XL, 2, 2006, p. 177-189.
[21] Eric Waller, Eine unbekannte Ausgabe von Vesals Epitome, Lychnos, Uppsala, 1936 [offprint exposed in Brussels for the Commemoration of the 400th anniversary of Vesalius’s death] and Harvey Cushing, A bio-bibliography of Andreas Vesalius, New York, Schuman’s, 1943 [edition used : London, 1962, p. 115] agree on the fact that the copy of the 1555 edition they saw is identical to those of 1543 (including the paper) apart from the colophon (same paper as that of the 1555 Fabrica and modification of the date: MDLV mense Aprili). One may assume that unsold copies of the 1543 edition were put up for sale again when the new Fabrica was published.
[22] The Parisian printer André Wechel seems to be the only one to have printed and put up for sale the authentic text of Vesalius’s Epitome in 1560, in a small format, 8mo, without any illustration. The book was probably intended for students, and was finished before Wechel had bought Gemini’s plates.
[23] Clément Baudin, Description et démonstration des membres intérieurs de l’homme et de la femme, en douze tables.. selon la vraye Anatomie de André Wesal, philosophe et docteur en médicine [sic]. Œuvre utile et necessaire non seulement aux medicins et chirurgiens, ains aussi aux portrayeurs et architectes, Lyon, 1560, comprising 12 leaves , non paginated, printed on one side only. The work was re-edited in 1567.
[24] A more complete study of the imitations of the Latin Epitome and of its various translations into the vernacular (German, Flemish, French) will be given in the critical edition (cf. note 18).
[25] The letter was published by Oporinus in Basel in 1546, re-edited the same year in Venice, and in 1547 in Lyon. The title of the letter refers to the root (called « squine » in the pharmacopoeia treatises of the 16th  century written in French, probably Smilax China L. ?) that Vesalius had used to treat Charles V’s gout.
[26] The work was edited in Venice by Francesco de Francisis in 1564.