Thomas Bartholin, comme ont fait Hermann Conring, avec lui, {a} et Hyginus Thalassius, {b} Jean ii Riolan {c} et Charles Le Noble, {d} après eux, avait la pertinente intuition que les aliments engendrent deux sortes de produits digérés, auxquels il donnait à tort le nom de chyles. Selon lui, tous deux étaient laiteux, mais de qualités et de cheminements distincts.

• Celui qui était fin et délié, supposé rapidement digéré par l’estomac, en était extrait pour passer (on ne sait trop comment) dans la citerne lombaire puis dans le canal thoracique et arriver au cœur, où une brève préparation le transformait en sang artériel.

• Celui qui était épais passait dans l’intestin pour être absorbé par les lactifères mésentériques et gagner le foie, où il subissait une seconde et lente coction qui le transformait en sang veineux.

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  1. V. infra note [27].

  2. Samuel Sorbière, v. note [7], Brevis Destructio, chapitre iv.

  3. V. note [9], lettre à ses collègues de la Faculté de médecine de Paris.

  4. V. note [17] de sa lettre à Jean ii Riolan, première partie.

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Cette hypothèse, qui est développée dans le chapitre xvi, n’était pas fondée sur de solides constats anatomiques et restait fort éloignée de la physiologie moderne (v. la fin de notre Brève histoire du chyle), où les cellules de la paroi intestinale (entérocytes) scindent les aliments digérés en deux sucs nutritifs :

• l’un, graisseux (liposoluble ou lipidique), correspond au chyle proprement dit (paradoxalement tenu pour fin et délié par Bartholin), qui est absorbé par les lactifères mésentériques et passe en totalité par le canal thoracique, et traverse non seulement le cœur et les poumons, mais l’ensemble du corps, où sa graisse subit diverses transformations avant de parvenir finalement au foie ;

• l’autre, aqueux (hydrosoluble ou protido-glucidique, paradoxalement tenu pour épais), est absorbé par les veines mésentériques (ou mésaraïques) et immédiatement dissous dans leur sang (ce qui le rend anatomiquement invisible), pour gagner le foie et être transformé en plasma sanguin.

Le sang est produit par deux organes :

• le foie fabrique sa partie liquide (plasma) ;

• et la moelle osseuse, sa partie solide, c’est-à-dire ses cellules (globules et plaquettes), dont les plus immédiatement vitales sont les hématies (globules rouges), qui permettent les échanges gazeux (hématose) assurés par l’ensemble que forment le cœur et les poumons (petite circulation).