Texte : Jean ii Riolan
Responsiones duæ (1655),
Responsio ad Pecquetianos
4e de 6 parties
Note [41]
Jean ii Riolan voulait répondre à la gênante contradiction qu’Hyginus Thalassius avait relevée entre deux passages de sa première Responsio :
« Il est vrai que les lactifères existent chez l’homme, comme je l’ai jadis publiquement démontré, avec admiration de l’auditoire, avant même la publication d’Aselli » ;
« Bien qu’elles existent dans les animaux bien repus, en leur ouvrant le ventre quatre heures après, il ne s’ensuit pas qu’il s’en puisse trouver d’identiques chez les hommes ; et s’il s’y en rencontre, je crois que ce sont de petites branches du rameau mésaraïque de la veine porte. »
Riolan revenait sur la sensationnelle observation qu’il aurait faite à Paris en 1625, avec son élève Gilbert Puilon, {a} soit deux ans avant la parution du livre posthume de Gaspare Aselli, {b} dont je n’ai pas trouvé de preuve imprimée. Reçu bachelier de la Faculté de médecine de Paris en 1628, Puilon ne pouvait alors être que tout jeune philiatre. Reçu docteur en 1631, il n’a disputé ou présidé aucune thèse sur le chyle et n’a publié aucun livre. Il a été toute sa vie fidèle au parti « orthodoxe » de la Faculté. Riolan l’a cité deux fois dans les Raræ Observationes Anatomicæ [Rares Observations anatomiques], à la fin de ses Opera Anatomica vetera et nova (Paris, 1649), {c} pages 870‑871 pour ses dissections d’un enfant atteint de situs inversus viscerum et d’un fœtus à deux corps conjoints.
Riolan a admis les lactifères mésentériques d’Aselli dans la conclusion de son Anthropographie, livre vii, chapitre ii, page 416. {d} Dans la note [5‑3] de sa première Responsio, 2e partie, il a dit avoir souvent disséqué les cadavres de pendus bien nourris avant leur exécution et les avoir mis en évidence, mais sans parler de Puilon.
Il est très difficile d’admettre qu’un anatomiste à la plume aussi féconde ait vu les lactifères humains dès 1625 sans en avoir rien écrit avant 1649. Contrairement à nous, tout docteur parisien pouvait en avoir le cœur net en interrogeant Puilon (mort en 1673) : son collègue Pierre De Mercenne (alias Hyginus Thalassius) aurait-il tant insisté sur la découverte anatomique de Riolan s’il ne l’avait pas sue fictive ?
- V. note [32], Responsio ad Pecquetianos, première partie.
- V. note [1], Experimenta nova anatomica, chapitre i.
- V. supra note [17].
- V. note [5‑2], première Responsio, 2e partie.
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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